" J’aime mon pays autant que ce département " : les ambitions de Maël de Calan, le patron du Finistère
« J’ai des projets de livres », confie Maël de Calan de son bureau quimpérois. Le patron du Département hésite encore entre « ce qui mine l’action publique en France » ou « ce que j’ai appris en Finistère ». En politique, la plume est toujours au service d’une ambition. En 2016, son ouvrage en forme de réquisitoire sur « la vérité sur le programme du Front national », avait ouvert la voie à une campagne nationale pour la présidence de LR. À deux ans de la présidentielle, le patron du Finistère a soif de conquête. « Je serai candidat pour un second mandat au Département mais j’entends bien avoir un rôle et un impact au plan national. » La trajectoire est tracée pour celui qui a imprimé sa marque en un temps record dans le Département. Un territoire - « un laboratoire », dit-il - dans lequel il a expérimenté sa méthode, fondée sur l’efficacité des politiques publiques. Une culture du résultat érigée en dogme au service de laquelle il faut frapper vite et fort. Une méthode totalement assumée mais aussi décriée par ceux qui y voient de la com’au service d’une ambition personnelle. Sa fonction au Département n’a pas fait taire ses ambitions nationales. Faut-il en déduire qu’il se sent à l’étroit (exilé ?) sur la pointe bretonne ? « Non, je dois au Finistère mon existence politique. C’est une fonction extraordinairement lourde, si on veut faire correctement son travail. J’aime mon pays autant que ce département ». La précision faite, le divers droite considère qu’il y a de la place pour un autre destin. Son homologue morbihannais, David Lappartient, a bien un agenda de ministre, entre ses missions au Département et la gestion de ses mandats internationaux. Pourquoi pas lui ? « On peut faire les deux », juge, aujourd’hui, Maël de Calan après plus de trois ans d’intenses réformes et de déplacements. « Je m’éclate dans la fonction, dit-il, surtout le vendredi, quand je suis sur le terrain. Tous les maires me tutoient et m’appellent par mon prénom. » Un ton amical qui peut se faire plus offensif. En séance plénière, le président puncheur a parfois cogné fort, poussant dans les cordes une opposition jugée « coupable d’inertie lors des mandats précédents ». Et renvoyant dos à dos, avec des mots choisis, les deux extrêmes (RN et LFI). Visé, le député brestois Pierre-Yves Cadalen, de La France insoumise, a d’ailleurs déposé plainte pour diffamation contre Maël de Calan, un président accusé également de mener une « politique stigmatisante contre les allocataires du RSA ». À lire sur le sujet Maël de Calan au-delà de la com’ La culture du résultat « C’est un choc des cultures », assume ce gros bosseur au caractère bien trempé qui revendique des « méthodes du privé, un mot satanique à gauche ». Les résultats, rien que les résultats. Comme sur le handicap - sa priorité -, un secteur où il vante régulièrement les avancées obtenues, ou encore la baisse drastique des bénéficiaires du RSA. C’est la condition, dit-il, pour redonner du crédit à la parole politique. C’est une gouvernance hypersolitaire et autoritaire. Sans lui, la machine ne tourne pas « Mon boulot est de ne jamais rien lâcher dans un contexte de crise ». Cette politique du chiffre, y compris dans le champ social, détonne. Avec un mot d’ordre du patron : « Challenger les services et les pousser dans leurs retranchements ». Ce qui ne manque pas d’agacer. « C’est un habile communicant, raille Kévin Faure, le chef de file de l’opposition. Il veut surfer sur les résultats et vendre sa méthode. Le social réclame du temps long pour affirmer de vraies victoires. Et puis, ajoute l’élu brestois, c’est une gouvernance hypersolitaire et autoritaire. Sans lui, la machine ne tourne pas ». Et pourquoi pas ministre ? Lui s’en défend, estimant que les rails de la réforme ont été posés. Au nom de la défense des intérêts du Finistère, Maël de Calan ne s’interdit aucun sujet. C’est le cas sur l’aide au gazole pour les pêcheurs, la sécurité, les Vieilles Charrues… Un positionnement qu’il juge « légitime » mais « une stratégie bien étudiée pour attirer la lumière », analyse, de son côté, Kévin Faure. À lire sur le sujet Finistère : quatre priorités concrètes de Maël de Calan [Vidéo] À l’approche des municipales, Maël de Calan, qui rassemble régulièrement ses sympathisants au sein de l’Alliance, se fait plus politique. C’est le cas à Brest où il est à la manœuvre pour imposer la candidature à droite de Stéphane Roudaut, l’actuel maire de Gouesnou. À Quimper, où Guillaume Menguy, un proche collaborateur, est pressenti pour porter les couleurs de la droite, il se fait, pour le moment, plus discret. Je suis dans un triangle entre Édouard Philippe, Valérie Pécresse et Xavier Bertrand.