Le Slovène et le Belge, qui ont chacun remporté deux fois le Monument belge mais sans jamais vraiment pouvoir s'affronter dessus, se retrouvent pour un nouveau duel, dimanche. Il est presque l'heure de refermer le chapitre si chatoyant des classiques printanières. Il avait démarré avec la bagarre entre Tadej Pogacar et Mathieu van der Poel sur les rampes de Milan-San Remo, il va se clôturer, dimanche 27 avril, avec celui qui a pris le relais du Néerlandais, Remco Evenepoel, pour contester les plans du dictateur du bitume Tadej Pogacar. Sur Liège-Bastogne-Liège, le Belge et le Slovène vont pouvoir, enfin, s'affronter sur le Monument qui semble le plus adapté aux qualités de chacun (à partir de 13h35 sur France 3 et france.tv). Car la Doyenne est une histoire de rendez-vous manqués entre le champion du monde et le champion olympique. En 2021, lors de la première victoire de Pogacar, Evenepoel pansait encore les plaies de sa lourde chute au Tour de Lombardie. En 2022, pour le premier succès du Belge, le Slovène était absent car aux obsèques de sa belle-mère. L'année suivante, la seule où ils ont été ensemble au départ, la chute de Pogacar l'avait contraint à l'abandon avec une fracture au poignet, laissant filer Evenepoel vers son deuxième succès. L'an passé, c'est à nouveau le Belge qui était absent, convalescent après sa chute au Tour du Pays basque, laissant Pogacar s'imposer facilement. Sauf accident, l'édition 2025 devrait donc offrir le premier mano a mano sur les 4 400 mètres de dénivelé positif. Reste une question en suspens : Remco Evenepoel pourra-t-il autant bousculer Tadej Pogacar que ne l'a fait Mathieu van der Poel sur d'autres terrains ? Sur les trois premiers Monuments, le Néerlandais en a raflé deux au Slovène (Milan-San Remo et Paris-Roubaix), qui a dû se "contenter" du Tour des Flandres. Absent de la semaine ardennaise, il a laissé le rôle de l'antagoniste au Belge, avec pour l'instant moins de réussite. Pour sa deuxième course depuis son retour de sa chute, il avait été battu, comme Pogacar, sur l'Amstel Gold Race mais il s'était rassuré sur son état de forme. "J'avais surtout beaucoup de questions avant l'Amstel Gold Race, surtout en ce qui concerne la longueur de la course, reconnaissait le leader de la Soudal-Quick-Step vendredi. On a trouvé beaucoup de réponses, mais aussi beaucoup de confiance en prévision de ce dimanche. Je me suis surpris, et j'ai surpris mon équipe également. Tout le monde était content de la forme que j'avais et de ma mentalité après ma chute." Le champion olympique de Paris est en revanche resté, comme tous les autres, collé à la pente humide du Mur de Huy lors de l'attaque déconcertante, assis sur sa selle, du Slovène, mercredi lors de la Flèche wallonne. A l'arrivée, son père Patrick ne pouvait que constater à quel point "Pogi est vraiment impressionnant" au point de faire "peur". "Une réponse de champion de la part du meilleur coureur du monde", pour le manager du Slovène Mauro Gianetti. Une saison de classiques proche d'être historique pour Pogacar Remco Evenepoel, lui, regrettait surtout d'avoir pris froid après avoir enlevé trop tôt sa veste de pluie, "une petite erreur" qu'il a "payée cash dans la montée finale", terminée à la neuvième place. "Je n'avais pas l'explosivité pour gagner", a-t-il admis ensuite. Sur un parcours plus bosselé et exigeant, le troisième du dernier Tour de France aura un terrain bien plus à sa mesure pour contrarier le dessein de Tadej Pogacar, qui vise à rejoindre, encore, Eddy Merckx dans un cercle très fermé. #Stat Tadej Pogacar could become the second rider in History after Eddy Merckx 50 years ago to finish on the podium of the following races in one season: 🏆 Milano-SanRemo 🏆 Ronde van Vlaanderen 🏆 Paris-Roubaix 🏆 Amstel Gold Race 🏆 Flèche Wallonne ❓ Liège-Bastogne-Liège pic.twitter.com/5hJVPQL1is — Fuoriclasse (@DataCycling) April 24, 2025 Sur les 12 courses d'un jour qu'ils ont tous les deux finies depuis leurs débuts communs en 2019, Remco Evenepoel n'a fini que deux fois devant Tadej Pogacar, pour une seule victoire. Ce fut lors des Championnats du monde 2022 en Australie, disputés dans un contexte particulier, à l'autre bout du monde et en équipes nationales. C'est dire l'ampleur de la tâche face au double vainqueur sortant du Tour de France, monté sur le podium de toutes ses classiques cette saison, pour six victoires en 13 petits jours de course. "On est tous les deux en bonne forme, j’espère qu’il y aura une belle bataille pour tout le monde. Gagner la Doyenne face à lui serait encore autre chose." Remco Evenepoel à la RBTF le 25 avril D'autant que dimanche marquera son ultime course avant une longue pause morcelée en repos et stages avant un possible Critérium du Dauphiné (8-15 juin), un mois avant le Tour de France (5-27 juillet). "Trois jours devraient être suffisants pour récupérer des efforts de la Flèche. Je suis prêt pour une dernière course avant un 'reset'", a assuré le leader d'UAE-Emirates. Viendront ensuite cinq semaines sans le Slovène, pour picorer des victoires pour Remco Evenepoel et les autres. Mais c'est dimanche que le Belge voudra la plus grosse part du gâteau.