« Les gens continueront de venir en centre-ville. La société évolue, notamment autour des enjeux écologiques, et les mentalités changent. Avec les deux lignes de métro et les bus, les gens viendront en transport en commun. La plupart de nos clients viennent à pied, à vélo ou en transport. Les habitants de l’extérieur de Rennes se garent dans les parcs-relais et rejoignent le centre en bus ou en métro. Par contre, pour aider les commerces, il faudrait faire comme dans certaines villes : rendre les transports gratuits, au moins le week-end. Concernant l’impact des travaux, je suis bien placée pour parler. Depuis notre installation, en 2017, on a toujours été entourés de travaux, notamment ceux de la place Saint-Germain. Et on est toujours là ! Toutes les difficultés du commerce ne peuvent pas être mises sur le compte de la destruction du parking et de la réduction de la voiture en ville. » « Nous sommes inquiets. Un magasin comme le nôtre rayonne régionalement. On a des clients qui viennent de Laval, Vitré ou encore Saint-Malo. Rennes est une petite grande ville. Dans les grandes métropoles, comme Lyon, Paris, Marseille, les centres-villes s’autosuffisent car la densité de population suffit. Au contraire, dans des petites villes comme Saint-Brieuc ou Vitré, le centre vit grâce aux gens de l’extérieur. Si vous complexifiez l’accessibilité, les commerces meurent. Rennes est au milieu du gué. Il y a un véritable risque à changer les équilibres économiques. Grenoble est une ville comparable à Rennes en termes de taille. Leur magasin faisait plus de chiffre d’affaires que nous. Il était aussi plus performant. En 2018, Grenoble a restreint considérablement l’accès au centre-ville. Les Galeries ont perdu 25 % de leur chiffre d’affaires. » Charles Compagnon, élu d’opposition (David Brunet) « Avant tout, je reprécise le contexte. La maire assure que la proposition de destruction du parking émane d’un jury citoyen de 2021. C’est faux. Elle était déjà proposée par Yves Cochet dans les années 80. Elle a, depuis, toujours fait partie des demandes des écologistes. Il a finalement été sacrifié dans l’accord de second tour avec EELV pour les municipales de 2020. Concernant cette étude indiquant que la destruction du parking aura peu d’impact sur le stationnement, il faut préciser que la plupart des automobilistes qui y stationnent le font pour moins d’une heure, compte tenu de son prix élevé. Ils y vont pour un achat ciblé ou une chose précise, pas pour flâner. Je ne pense pas qu’ils se porteront sur Kléber ou l’Hôtel-Dieu. Ces derniers nécessitent de descendre en sous-sol, sont plus éloignés, et ne correspondent pas à la demande d’arrêt-minute. » À lire sur le sujet Charles Compagnon, l’opposant local devenu témoin national des guerres du narcotrafic « Le parking est pratique, ça m’évite de prendre le métro » : Elsa, utilisatrice régulière du parking Elsa, utilisatrice régulière du parking Vilaine (Le Télégramme/Kevin Storme) « Ah bon, le parking va être détruit ? Je ne savais pas que c’était acté. Je viens de Melesse donc c’était pratique pour moi. Je me gare régulièrement ici pour rencontrer des amis en ville, faire du shopping… C’est pratique car ça m’évite de prendre le métro. Après, ce sera toujours possible de trouver des places par-ci par-là ou de se garer dans des parkings plus éloignés, mais ce sera plus compliqué. Néanmoins, je comprends l’idée qu’il y ait moins de voitures dans le centre et de favoriser le vélo et les transports en commun. Mais c’est vrai que, quand on habite en dehors de Rennes, la voiture ça reste le plus simple. » « Ça sera un trou de 5 m de profondeur » : Laurence Taillandier, présidente de l’association des commerçants du centre-ville Laurence Taillandier, opticienne à Rennes (David Brunet) « Quand la Ville dit que le parking ne compte que 280 places, on veut bien les croire. Mais ils oublient de préciser qu’il y a un renouvellement complet 6 à 8 fois par jour. On est donc plus sur 1 800 places. La position du parking est centrale. Les gens, notamment plus âgés, ne voudront ou ne pourront pas se garer dans des parkings plus éloignés, souterrains, d’autant qu’il est prouvé que les automobilistes qui stationnent au parking Vilaine ne restent pas longtemps. Par ailleurs, il y aura des années de nuisance, pour un résultat qui ne sera pas esthétique. Ça sera comme en face du musée : un trou de 5 mètres de profondeur, avec une passerelle et des gradins où se poseront les jeunes. Ça ne sera pas une jolie promenade comme à Bordeaux ou Toulouse. » « On espère que ce sera mieux qu’avant » : Catherine, riveraine du parking Vilaine