Le musée de l’Infanterie à l’étude au mess Chabran

Une preuve de concept. Comprendre, en jargon militaire, "un dossier clé en main". Tel est le but que se sont fixés plusieurs officiers, à l’initiative du général Pascal Georgin, directeur des écoles militaires de Draguignan, concernant la création d’un musée de l’infanterie dans la cité du Dragon. "Nous travaillons sur le dossier depuis deux ans", explique le général. "Nous ficelons le dossier le plus finement possible, avec le plus de certitudes possibles. Ensuite ce sera au chef d’état-major de trancher." D’autres options à l’étude dans le nord-est de la France Car d’autres dossiers sont en cours d’élaboration pour y accueillir le musée, en concurrence de Draguignan. Bitche, en Moselle, où siège le 16e bataillon de chasseurs à pied (surnommé bataillon d’acier) ou encore Strasbourg (Bas-Rhin), ville dans laquelle l’armée de Terre dispose de nombreux bâtiments pouvant accueillir la structure. "Pour rappel, le musée de l’Infanterie a eu de longues années à Montpellier. Il a été fermé en 2009 lorsque l’école d’infanterie a été déplacée à Draguignan", relate le chef des écoles militaires de Draguignan. "Dès lors, l’armée de Terre a lancé des pistes pour relancer le musée sans que cela puisse aboutir pour diverses raisons." "En attendant, une salle d’honneur a été créée en 2013 au sein du quartier Bonaparte des Écoles militaires de Draguignan", poursuit le général. "Mille pièces y sont exposées, soit une infime partie des 30.000 pièces de la collection associée au musée de l’Infanterie", totalise la sous-lieutenante Delphine, conservatrice en charge de l’élaboration du projet. Il semblerait que ces dernières années, la machine soit relancée, et les Écoles militaires de Draguignan entendent bien tirer leur épingle du jeu. Rien n’est fait somme toute, mais le projet défendu par les militaires dracénois est plus qu’alléchant. "Notre ambition est de créer un musée avec une base scientifique, culturelle et éducative", résume le colonel Philippe, chef du pôle muséal des écoles militaires de Draguignan. L’officier chapeaute actuellement le musée de l’Artillerie. "Nous avons avec nous, pour ce projet, l’accompagnement du professeur Walter Bruyère-Ostells, explique-t-il. Il est spécialiste d’histoire militaire enseignant au sein de Sciences Po Aix-en-Provence." Les porteurs de projets peuvent compter également sur l’appui de l’Association du musée de l’infanterie (Ami), dont le but est de soutenir des projets pour préserver la mémoire et renforcer les liens entre fantassins. "Nous travaillons de concert avec les militaires de métier pour que ce projet voit le jour et que nous puissions amplifier le lien entre l’armée et la nation", explique le colonel à la retraite Philippe Gusse, membre de l’Ami. "Nous estimons que l’histoire militaire du Var, la population importante du territoire et le tourisme pourront bénéficier au musée de l’Infanterie et renforceront un peu plus le lien armée-nation", conclut le général Georgin.Réinvestir le mess Chabran à l’abandon Abandonné depuis plusieurs années, le mess des officiers Chabran est le lieu choisi par les militaires pour y installer le musée de l’Infanterie. "C’est un bâtiment de 4.200m² désaffecté depuis un moment et qui fait l’objet d’exploration urbex", rapporte le général Georgin. "Il est dans un état très dégradé mais capable, avec une rénovation, d’accueillir du public, le musée et ses collections", enchaîne la sous-lieutenante Delphine. Sur trois niveaux, le bâtiment dispose de tous les éléments en termes d’accessibilité et de commodité. "Les espaces de stockages et chambres froides sont adaptées pour le stockage de la collection", décrit-elle, lampe en main. "Il sera possible de créer un véritable cheminement avec une exposition permanente et une temporaire", poursuit-elle. Un musée à l’horizon 2030 financé aussi par le mécénat "Ce musée nous permettra de mettre en avant l’histoire des infanteries et surtout nos unités d’Afrique et Sahariennes, des forces coloniales qui ont joué un grand rôle dans la libération de la France lors de la Seconde Guerre mondiale", ambitionne le général Georgin. "Ce projet nous permettra de raconter cette histoire de nos forces armées passée, très longtemps sous silence", ajoute le colonel Philippe. "Au dernier étage, nous verrons pour y installer un café ou un lieu de restauration", ajoute la sous-lieutenante Delphine. "Ce projet, s’il est retenu par le chef d’état-major de l’armée de Terre (Cemat), est estimé entre 12 et 15 millions d’euros, probablement plus, avec une part importante de mécénat", rapporte prudemment le général. "Nous estimons, une possible ouverture, le cas échéant à l’horizon 2029-2030. Nous menons une étude complète, pour déterminer tout ce que cela impliquera comme investissements", conclut-il.