Depuis plusieurs jours, l’influenceur Aqababe, suivi par plus d’un million d’abonnés, tente de relancer l’affaire Xavier Dupont de Ligonnès via les réseaux sociaux. L’initiative, aussi spectaculaire que controversée, suscite de nombreuses réactions du côté de la justice et des spécialistes de l’enquête. Une enquête parallèle qui agite les réseaux sociaux Tout a commencé le 18 avril dernier. Sur le réseau X, Aqababe a lancé un appel à ses abonnés pour retrouver Xavier Dupont de Ligonnès, disparu depuis 2011 après les meurtres de sa femme et de ses quatre enfants. Pour centraliser les signalements, il a créé une adresse mail dédiée et ouvert un canal Instagram baptisé " Retrouvons XDDL", suivi aujourd'hui par plus de 200 000 internautes. Chaque jour, des photos, vidéos et témoignages y sont partagés, parfois accompagnés de comparaisons réalisées avec l'aide d'outils d'intelligence artificielle. Toutefois, aucune piste sérieuse n'a été confirmée. Le blogueur affirme avoir reçu plus de 100 000 mails en quelques jours et assure "tous les lire un par un", dans l’espoir de dénicher une information capitale. Selon ses déclarations, il transmet les éléments jugés crédibles aux autorités judiciaires. L'inquiétude des autorités face à une multiplication des fausses pistes Face à cette agitation numérique, le parquet de Nantes, en charge de l'affaire depuis 2011, a exprimé son agacement. Selon une information révélée par RTL, ces initiatives "génèrent beaucoup de fausses pistes, très chronophage en termes de vérifications pour les services d’enquête". En parallèle, certains spécialistes s'interrogent sur l'efficacité de cette démarche. Jacques Dallest, magistrat honoraire et ancien procureur, estime qu’il y a "1 à 2 %" de chances que les informations transmises soient réellement utiles. Pour lui, "plus on fait appel à des personnes, plus on en aura qui penseront, de bonne foi, l’avoir vu". Selon ce dernier, l’enquête officielle a peu de chances de progresser avec ce type d'initiatives, même s’il concède que cela pourrait être utile, "si ce n’est pas malveillant". Des experts partagés mais sceptiques sur la méthode De son côté, Romain Puértolas, ancien capitaine de police et auteur d’un livre consacré à l’affaire, porte un regard sévère sur l’enquête d’Aqababe. Selon lui, "ce sont des personnes qui n’ont pas de méthodologie". Il souligne également que "les photos envoyées dans ce canal ne ressemblent pas du tout à lui, les gens ne sont pas physionomistes". Pour l’ancien policier, "on ne s’improvise pas enquêteur" et il considère l’initiative comme "un amateurisme complet et délirant". Malgré ces critiques, Aqababe poursuit ses recherches. Il a annoncé son intention de se rendre prochainement à Malte, après avoir évoqué une piste sur l’île de Gozo, puis, plus récemment, en Asie, où il affirme avoir localisé Xavier Dupont de Ligonnès sans fournir de preuves vérifiables. Il affirme que, s’il parvenait à croiser le fugitif, il "dégainerait son téléphone pour filmer "afin de conserver une trace avant d’alerter les autorités.