Marché du vêtement d'occasion en croissance : plateformes en ligne et boutiques, à chaque acteur sa particularité pour une consommation plus responsable

Le marché vestimentaire de la seconde main est un moyen de consommer de façon plus responsable dans une industrie à fort impact négatif social et environnemental. Près de 80% des Français ont recours au marché vestimentaire de la seconde main, selon l'étude Deloitte "Les Français et la mode" portant sur les habitudes de consommation vestimentaire. Dans un contexte de surabondance de biens matériels, l'underconsumption core, tendance à la réduction volontaire de la consommation au profit d'un mode de vie plus minimaliste, prône un retour à une consommation raisonnée et plus consciente où la seconde main – en croissance annuelle de 20% depuis 2019 – présente une solution pour une mode plus responsable. Si hier, pour s'approvisionner, on pensait immédiatement aux Charity Shops comme Emmaüs, La Croix Rouge et le Secours Populaire, aux dépôts-ventes et autres friperies comme Guérisol, dont certaines se déclinent désormais au poids, aujourd'hui, les acteurs du secteur ont changé de visage. En voici un aperçu non exhaustif. Les plateformes en ligne Aujourd'hui, les plateformes en ligne – dédiées principalement à la revente de vêtements et d'articles de seconde main entre particuliers (Vestiaire Collective, Vide Dressing, Vinted, Paradigme, La Reboucle...) – sont des acteurs majeurs de ce marché. Néanmoins, on peut leur reprocher de générer énormément de transports pour l'expédition des colis, ce qui entre en contradiction avec une consommation responsable. Par ailleurs, l'expérience client peut ne pas toujours être optimale, ni pour l'acheteur, ni pour le vendeur. Voir cette publication sur Instagram Une publication partagée par Vinted (@vinted) Cent Neuf : comme de la première main, en boutiques Tout le monde n'a pas un talent de chineur pour passer de longues heures à chercher des produits tendance en ligne. Installé au Bon Marché et aux Galeries Lafayette Paris Haussmann, le label Cent Neuf – "le sang neuf, sans le neuf", dit le slogan – propose que la seconde main devienne une première main, propre et brandée. Le process débute par l'élaboration d'une vraie collection, par un directeur artistique, croisée avec les réalités du marché. Puis, c'est le sourcing manuel, par l'équipe en France et en Europe, dans des entrepôts. Ces derniers récupèrent les 5% les plus qualitatifs des pièces en provenance d'Europe, des États-Unis, d'Asie ou de France – bennes de dépôt, invendus d'associations ou deadstocks (stocks dormants) d'usines de vêtements fermées. Une fois les vêtements récupérés, c'est le nettoyage microbiologique dans un pressing en Picardie avant le branding, c'est-à-dire la pose du logo, de l'étiquette avant le shooting. Cent neuf, la seconde main mode d'emploi (Cent neuf, la seconde main mode d'emploi) 1min Bis Boutique Solidaire : le soutien aux personnes en insertion Fondée en 2012 par Rémi Antoniucci, Bis Boutique Solidaire allie mode responsable et insertion professionnelle à Paris. Spécialisée dans la vente de vêtements et accessoires de seconde main, du vintage aux marques haut de gamme – chaque jour, l'atelier réceptionne, trie, contrôle, stocke, remet en état, lave des milliers de pièces. L'entreprise allie consommation responsable, soutien aux personnes en insertion (plus de 650 personnes accompagnées vers l'emploi depuis 2012) et collaboration avec des associations solidaires. Le sourcing est issu exclusivement d'associations caritatives et de structures de l'économie sociale et solidaire françaises, à qui Bis Solidaire rachète les textiles dont elles n'ont pas ou plus l'utilité. Ces achats de proximité riment avec réduction de l'empreinte carbone et financement d'actions solidaires et d'emplois inclusifs. Elle vient d'ouvrir une cinquième boutique parisienne où chaque jour sont proposées 300 nouvelles pièces pour la femme, l'homme et l'enfant. Voir cette publication sur Instagram Une publication partagée par Bis Boutique Solidaire (@bisboutiquesolidaire) Reusses : un réseau de vendeuses Lancé en 2021, ce réseau de femmes expertes, sélectionnées par les trois sœurs fondatrices, est, lui aussi, spécialisé dans la valorisation des vêtements. Les Reusses récupèrent les vêtements des particuliers à leur domicile et se chargent de les vendre dans un délai de deux à trois mois, selon le nombre d'articles collectés. Par ailleurs, si les vêtements sont invendus, ils peuvent être donnés aux associations partenaires avec accord de la cliente. L'entreprise compte plus de 1 000 re-vendeuses partout en France. Ces dernières et les clientes se partagent les bénéfices (une partie étant réservée à la commission de la plateforme). Voir cette publication sur Instagram Une publication partagée par Reusses 👐🏼 (@_reusses_) Jaiio : du clef en main C'est un dépôt-vente (une boutique parisienne) proposant un service clé en main de la collecte des pièces jusqu'à leur mise en ligne. Plus besoin de vous déplacer, les articles sont collectés à domicile, sans frais. Les équipes réalisent, ensuite, les photos, contrôlent et rédigent les descriptifs de chaque pièce, simplifiant ainsi le processus de revente. Jaiio gère également les allers-retours avec les acheteurs. Les articles sont mis en ligne sur Jaiio.fr et simultanément sur 10 plateformes de seconde main en France et à l'étranger. Voir cette publication sur Instagram Une publication partagée par Jaiio (@jaiio_officiel) Monogram : le luxe décomplexé Le marché du luxe s'est, lui aussi, décomplexé et, aujourd'hui, les consommateurs considèrent de plus en plus que les produits de seconde main sont des produits de luxe comme les autres. Mais s'il est plébiscité par les Français, ce luxe reste souvent associé à la peur de la contrefaçon, quel que soit le lieu d'achat. Cependant, ce type d'achat génère moins de culpabilité que le neuf, puisqu'il s'inscrit dans une démarche éco-responsable et durable. La marketplace "phygitale" (un point de vente physique intégrant les données et méthodes du monde digital dans l'optique d'améliorer l'expérience client) expertise, garantit et certifie ses articles grâce à ses experts qui les passent au crible pour s'assurer de leur état et de leur conformité, puis ils sont accompagnés d'un certificat. Monogram apporte la connaissance du marché en perpétuelle évolution pour guider ses clients dans leurs choix en proposant aussi bien des pièces rares et éditions limitées qui, au-delà de l'achat coup de cœur, feront de son acheteur un collectionneur, que des produits accessibles qui seront des investissements. Voir cette publication sur Instagram Une publication partagée par MONOGRAM Paris (@monogramofficiel) Le prêt-à-porter engagé Dans le but de s'engager pour une mode plus éthique et circulaire, de plus en plus de marques – Aigle, Faguo, ReMuji, Iro, Petit Bateau, Maje, Eram, Hugo Boss, Ba&sh... – proposent elles aussi, des services seconde main soit physiques, soit digitaux. Le plus souvent, le principe repose sur le retour des vêtements par les consommateurs, que les marques revendent, ensuite, sur leur site internet ou dans un espace dédié en boutique. En échange, les consommateurs reçoivent une rémunération via un moyen spécifique. Cette tendance séduit aussi les magasins multimarques, indépendants ou enseignes, comme Citadium, Sport 2000... leur permettant de renforcer la fidélisation auprès de leurs clients.