EELV : Marine Tondelier réélue capitaine du navire écologiste, mais pour aller où ?
«On va avoir des hourra ! hourra ! Mais la victoire qui sera célébrée tout le week-end est en trompe-l’œil », soupire un cadre d’EELV. La famille écologiste se retrouve ces samedi et dimanche à Pantin pour la convention d’investiture du parti. Un congrès servant de mise en scène à la réélection sans surprise de Marine Tondelier à la tête des Écologistes. Une victoire écrasante - 73 % des voix – qui l’installe confortablement à la barre du parti écolo. Les Verts gardent donc leur capitaine très médiatique, mais pour aller où ? En interne, les critiques sur le verrouillage du mouvement et les flous stratégiques se multiplient. Un équipage divisé A peine réélue à la tête du parti, l’élue d’Hénin-Beaumont fait déjà face à un début de mutinerie. En cause : une modification des règles internes qui a permis de garder la main sur l’appareil en écartant les principales figures écologistes, comme le maire de Grenoble, Eric Piolle, ou encore Sandrine Rousseau. « Il y a une forme de concentration des pouvoirs, de personnification et d’absence de contre-pouvoir », a encore accusé la députée de Paris évincée du bureau politique, ce vendredi, sur Sud Radio. « Les voix divergentes ont été étouffées, ça laissera forcément des traces… », regrette aussi Alain Coulombel, qui ne fera plus partie de la nouvelle équipe dirigeante. Dans l’entourage de Marine Tondelier, on balaie ces accusations : « On lui reproche d’être trop dans les médias, d’être en capacité d’inspirer, de porter nos débats. A quel moment c’est un défaut ? », réplique l’eurodéputé David Cormand. « Son score historique est une réponse à ces mauvais procès », ajoute l’ancien patron d’EELV. Et qu’importe si la participation n’était pas au rendez-vous. Seuls 6.700 militants ont voté sur les près de 14.000 adhérents. « Il y a beaucoup d’incompréhension, je ne comprends pas quelle est la ligne politique de mon parti », soupire l’ex-eurodéputée Karima Delli, arrivée en seconde position. Un cap flou La houle se forme, et la prise de parole de Marine Tondelier, prévue ce samedi, est très attendue. Car la patronne des écologistes doit fixer un cap pour les prochaines échéances électorales, à commencer par les municipales de 2026. « Nos résultats déplorables aux dernières présidentielle (4,63 %) et européennes (5,5 %) ont été effacés par la veste verte de Tondelier et la création du NFP. Mais s’il n’y avait pas eu cette dissolution, elle en aurait été comptable », souffle Alain Coulombel. Les élections municipales seront donc un test important pour Marine Tondelier, mais avec quelle stratégie ? A l’heure où les insoumis et les socialistes devraient s’affronter dans de nombreuses villes, la patronne d’EELV tente de ménager la chèvre et le chou. Elle prône des « alliances les plus larges possibles », au cas par cas, sans accord au niveau national. Un horizon présidentiel ? Marine Tondelier est également restée pour le moment très floue sur sa stratégie pour la prochaine présidentielle. Officiellement, la patronne des Verts continue de prôner l’union de la gauche pour 2027, faisant mine de ne pas voir que la candidature de Jean-Luc Mélenchon ne fait plus aucun doute. Les écolos pourraient-ils n’être qu’une flotte de soutien ? Auront-ils leur propre navire amiral ? Et quid d’une primaire à gauche, poussée par certains écologistes ? « Elle ne dit rien, elle ne prend aucun risque », regrette Alain Coulombel. « Mélenchon ne peut être ni l’excuse ni le bouc émissaire d’une gauche qui peine à se réinventer. Quelle est la stratégie présidentielle de Marine Tondelier ? », ajoute Karima Delli. En interne, comme au PS et chez LFI, on s’inquiète des ambitions de Marine Tondelier pour 2027, portée depuis l’été par une nouvelle popularité à gauche. « Quelque part la veste verte, si ça marche, ep c’est qu’elle la porte bien. Il y a une adéquation entre ce qu’elle représente et ce qu’elle est, salue David Cormand. Sa hype n’est pas superficielle, elle ne vient pas de nulle part ». Mais où veut-elle aller ?