Que se passe-t-il derrière les portes closes du conclave lorsque les cardinaux délibèrent pour élire un nouveau pape? (Entract Films) Conclave, Edward Berger Que se passe-t-il derrière les portes closes du conclave lorsque les cardinaux délibèrent pour élire un nouveau pape? Des choses pas très catholiques si on se fie au «suspense papal» d’Edward Berger. Son film éponyme mené de main de maître, et comptant sur une performance oscarisable de Ralph Fiennes, propose du cinéma intelligent qui fait appel autant à la raison qu’aux émotions. L’adaptation du roman éponyme de Robert Harris s’avère un huis clos fascinant, un véritable terrain de jeu «politique» où s’affrontent les tenants d’un conservatisme mesquin et vengeur menés par le cardinal Tedesco (Sergio Castellitto, vu dans Mafia Inc. de Podz) et le clan plus libéral du cardinal Bellini (Stanley Tucci, brillant comme d’habitude). ÉM Conclave est présenté au cinéma et sur demande. Bande-annonce du film «Conclave» (Entract Films) L’attachement, Carine Tardieu Qu’est-ce que la famille? Vaste question, me direz-vous. Soit. Mais L’attachement tente d’offrir une réponse en un magnifique et tendre portrait de personnages aussi attachants qu’imparfaits. Ce qui explique son immense succès public et critique en France. Le film de Carine Tardieu débute lorsqu’on cogne à la porte de l’appartement de Sandra (Valeria Bruni Tedeschi). Ses voisins de palier lui confient Elliot (César Botti) parce qu’ils doivent se rendre à l’hôpital pour l’accouchement de Cécile. Lorsque Alex (Pio Marmaï) revient, seul et larmoyant, le spectateur comprend instantanément que le film bascule... ÉM L’attachement est présenté au cinéma. Bande-annonce du film «L'attachement» (Métropole Films) Pécheurs, Ryan Coogler Ryan Coogler s’était déjà imposé comme l’un des réalisateurs les plus talentueux de sa génération. Avec Pécheurs, un suspense d’épouvante ancré dans l’Amérique ségrégationniste des années 1930, il franchit un nouveau cap. Ce film hybride marie habilement l’horreur, la fresque historique et les codes du western, en particulier dans son dernier acte. Ce mélange des genres, loin d’être chaotique, est mené avec une maîtrise remarquable. Le réalisateur de Panthère noire insuffle à son œuvre une portée sociale indéniable, abordant des thèmes profonds avec finesse. TT Pécheurs est présenté au cinéma. Bande-annonce du film «Pécheurs». (Warners Bros.) Une histoire de guerre, Alex Garland et Ray Mendoza Alex Garland a marqué 2024 avec son percutant Guerre civile, une œuvre d’anticipation, en quelque sorte. Il nous refait le coup cette année avec l’époustouflant Une histoire de guerre (Warfare), recréation d’un récit vrai en plein cœur de l’invasion américaine en Irak. Le réalisateur britannique et son comparse Ray Mendoza ont scénarisé leur long métrage en se basant sur les souvenirs d’une unité de Navy Seal déployée dans la phase finale de la bataille de Ramadi, en 2006. ÉM Une histoire de guerre est présenté au cinéma. La bande-annonce du film «Une histoire de guerre» (Maison 4:3) Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan, Ken Scott «Dieu ne pouvant être présent partout, il a créé les mères.» Cette citation tirée de Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan résume à merveille la vision de la figure maternelle que le réalisateur québécois Ken Scott (Starbuck, Au revoir le bonheur) dépeint dans son dernier long métrage. Le film raconte l’histoire vraie de Roland Perez (Jonathan Cohen), un enfant né avec un pied bot, et de sa mère Esther (Leïla Bekhti), qui mettra tout en œuvre pour que son fils puisse un jour marcher et s’épanouir pleinement. TT Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan est présenté au cinéma. «Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan», bande-annonce (Les films Opale) Le sac noir, Steven Soderbergh Avec Le sac noir (Black Bag), Steven Soderbergh nous offre une denrée rare au cinéma: une réalisation parfaitement maîtrisée, des personnages multidimensionnels, joués par des acteurs solides dans un suspense d’espionnage habile qui s’adresse à l’intelligence du spectateur, sans pour autant bouder son plaisir! Le long métrage mise sur les sublimes Cate Blanchett (oscarisée pour Blue Jasmine) et Michael Fassbender (meilleur acteur à Venise pour Shame) ainsi qu’un scénario admirablement ficelé du vétéran David Koepp (Le parc jurassique, Mission: Impossible, La chambre forte de Fincher…). ÉM Le sac noir est présenté au cinéma et sur demande. «Le sac noir», bande-annonce (Universal) Le singe, Osgood Perkins Une nouvelle de Stephen King adaptée par Osgood Perkins et un film produit par James Wan: un tiercé gagnant! Le singe (The Monkey) s’avère un suspense glauque à l’humour noir et sanglant où le spectateur s’amuse, stresse et réfléchit (pas nécessairement dans cet ordre...). Ce qu’il y a de remarquable avec cette adaptation, c’est que Perkins s’en permet beaucoup. Dans cette histoire, un singe mécanique qui, chaque fois qu’il effectue un roulement de tambour, déclenche une mort horrible... ÉM Le singe est présenté sur demande. «Le singe», bande-annonce (Entract Films) Vil & Misérable, Jean-François Leblanc Pour son premier long métrage, Jean-François Leblanc ne s’est pas donné un mandat simple en adaptant la bande dessinée Vil & Misérable de Samuel Cantin. Mais cette proposition audacieuse avec Fabien Cloutier et Pier-Luc Funk nous donne une comédie divertissante dans un univers ô combien absurde. TT Vil & Misérable est présenté sur demande. «Vil & Misérable», bande-annonce (Entract Films) Je suis toujours là, Walter Salles Je suis toujours là (Ainda Estou Aqui) pourrait-il rééditer en mars l’exploit de Parasite qui a gagné en 2019 les Oscars du meilleur film et du meilleur film international? Ça me semble hautement improbable. Mais ces nominations en disent long sur le très prenant plaidoyer contre la dictature de Walter Salles, un film important et empreint d’humanité. Le drame biographique raconte le destin d’Eunice lorsque son mari, un ex-député travailliste brésilien, est enlevé par les militaires de la dictature... ÉM Je suis toujours là est présenté sur Apple TV+ «Je suis toujours là», bande-annonce (Métropole Films) Anora, Sean Baker Il y a les Palmes d’or indéniables. Et les plus discutables. Alors, Anora, récipiendaire 2024? Pas dans la première catégorie, mais il s’agit d’une excellente et belle comédie noire sur la déconstruction du rêve américain. Ce qui est indéniable, toutefois, c’est la renversante performance de Mikey Madison dans le rôle-titre. Anora «Ani» Mikheeva (Mikey Madison) danse dans un club chic de Manhattan. Un soir, son patron lui demande, parce qu’elle parle russe, de s’occuper d’Ivan «Vanya» Zakharov (Mark Eydelstheyn), adulescent dissolu, fils de 21 ans d’un oligarque. Il la paie pour faire la fête avec lui, mais nous sommes loin de Pretty Woman… Malgré ses maladresses, Anora s’avère un des meilleurs films de 2024. Il a raflé cinq Oscars, dont ceux des catégories reines ainsi que celui de la meilleure actrice pour Mikey Madison! ÉM Anora est présenté sur Apple TV+. «Anora», bande-annonce (Entract Films) Le brutaliste, Brady Corbet Le brutaliste est à l’image de l’œuvre de son personnage principal: ambitieuse, démesurée et profondément humaine. Un véritable vertige en plein cœur d’un récit sur le rêve américain. Le réalisateur Brady Corbet n’a pas opté pour la facilité pour raconter la vie (fictive) de l’architecte hongrois László Toth, interprété à merveille par Adrien Brody. Le récit, divisé en trois actes bien précis, nous plonge dans l’Amérique de l’après-Seconde Guerre mondiale. À l’image du bateau qui l’a conduit vers New York, le parcours de László ne sera pas un long fleuve tranquille. TT Le brutaliste est présenté sur Prime Video. «Le brutaliste», bande-annonce (Entract Films) La chambre d’à côté, Pedro Almodóvar À visionner La chambre d’à côté, on peut se demander si le jury à Venise a voulu récompenser la carrière d’Almodóvar (et celles de Tilda Swinton et Julianne Moore) en lui décernant l’Ours d’or. Le réalisateur de Parle avec elle a déjà présenté du cinéma plus inspiré. N’empêche. Son premier film en anglais vaut son pesant d’or, notamment en raison du jeu de ses deux phénoménales actrices. Martha (Moore) et Ingrid (Swinton) sont des amies proches qui se sont perdues de vue après avoir travaillé ensemble dans un magazine. Depuis, la première mène une carrière florissante comme autrice alors que la deuxième est devenue correspondante de guerre. Le cancer terminal d’Ingrid va les rapprocher et reconsolider leurs liens. En plongeant dans leurs souvenirs, les deux femmes vont échanger sur le temps qui passe, les remords, l’amitié, l’amour… ÉM La chambre d’à côté est présenté sur Apple TV +. «La chambre d'à côté», bande-annonce (Métropole Films) Babygirl, Halina Reijn Babygirl arrive sur nos écrans auréolé du (très mérité) prix de la meilleure actrice remporté par Nicole Kidman à Venise ainsi que sa réputation sulfureuse lié à son sujet: la relation entre une PDG admirée et un stagiaire. Ce jeu de pouvoir entre adultes consentants, bien que fascinant, ne livre pas toutes ses promesses. Et, surtout, échoue à renouveler le genre. L’intérêt principal du long métrage d’Halina Reijn réside dans sa protagoniste. La prospère Romy Mathis (Kidman) trône en haut de sa compagnie, gère ses deux enfants et aime son mari (Antonio Banderas)… sauf au lit. La quinquagénaire évolue dans un monde d’hommes et fait la fierté de son bras droit, Esme (Sophie Wilde). ÉM Babygirl est présenté sur demande.