Au hameau de Kerherio, à Berné, les exploitants d’une scierie, Joseph et Louis Le Cohu, et leurs voisins, Pierre et Hélène, ne s’entendent plus. Le couple se plaint des nuisances sonores occasionnées par la scierie. « Le bruit provient d’un groupe électrogène datant de 1997, situé sous un hangar quasiment à l’air libre. C’est comme le moteur d’un camion à pleine balle, avec le capot ouvert », décrit le père de famille de trois enfants, qui vit à une centaine de mètres de l’entreprise tenue par les deux frères. « Le problème, c’est les plages horaires. C’est très aléatoire. Hier, ça n’a pas arrêté de 16 h 30 à 20 h 30… Et c’est six jours sur sept », ajoute l’infirmier de profession. Les frères nous ont dit que nous étions des gens de la ville qui ne comprennent rien à la campagne. Sept ans de procédure Quand la famille s’est installée, en 2013, elle cherchait la tranquillité. « On a acheté en connaissance de cause. Au début, ça allait. Ils faisaient beaucoup de chantiers à l’extérieur », expliquent-ils. La situation se dégrade en 2019. Dans un classeur, Pierre a consigné tous les documents : les premières tentatives de conciliation, la première inspection de la Dréal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) en 2022, suivie d’un un arrêté préfectoral qui met en demeure les frères Le Cohu de réaliser une étude acoustique et de remettre aux normes un bac de traitement du bois. Selon le père de famille, il s’agit d’un bac « non déclaré et sans bac de rétention, avec le risque d’une fuite de 7 000 litres de xylophène ». Un second arrêté est pris le 9 mars 2023. La maison d’Hélène et Pierre se trouve de l’autre côté du champ. (Le Télégramme/Janis Le Dalour) « On était là avant » Dernier épisode en date : en septembre 2024, la famille reçoit un courrier du préfet, Pascal Bolot, indiquant qu’il a « obligé la société Le Cohu Frères à s’acquitter auprès de la Direction régionale des finances publiques (DRFiP) du paiement d’une somme de 2 800 euros correspondant au montant des travaux et des études à réaliser ». Finalement, une réunion est organisée le 14 janvier 2025, à la mairie de Berné. « Les frères nous ont dit que nous étions des gens de la ville qui ne comprennent rien à la campagne », raconte le couple. Joseph et Louis Le Cohu font effectivement appel à la loi dite du « coq Maurice », qui vise à défendre la notion de « patrimoine sensoriel » des campagnes. « On a le droit de faire du bruit jusqu’à 22 h. Si ça ne leur plaît pas, qu’ils dégagent, on était là avant. C’est une dictature ! », affirment les deux frères, qui ont repris la scierie familiale, créée en 1933, dans les années 1960. Le bac de traitement de bois ? « Il a été installé avant la nouvelle réglementation et il ne contient que 1 000 litres de Saparlo, un insecticide », se justifient-ils. Du « jamais vu » « On se heurte à un mur administratif, souligne Pierre et Hélène. La Dréal nous a dit que c’était un cas qu’ils n’avaient jamais vu ». En attendant, le couple a pris la décision de réaliser à leurs frais une étude acoustique. « C’est dommage d’en arriver là. Cette scierie est une institution, ils ont de l’or dans les mains mais aujourd’hui, ce n’est plus tolérable… » Newsletter Aujourd'hui en Bretagne Du lundi au vendredi à 19h, les faits marquants du jour en Bretagne Adresse e-mail Nos autres newsletters