Énergies : pourquoi la feuille de route du gouvernement divise en Bretagne
Le projet de PPE 2025-2035, troisième programmation pluriannuelle de l’énergie, marque une rupture avec la précédente PPE. VRAI. Cette feuille de route énergétique pour les dix ans à venir maintient le cap de la neutralité carbone en 2050. La part des énergies fossiles dans la consommation finale française est ramenée de 60 % en 2023, à 42 % en 2030, puis 30 % en 2035. Dans le même temps, l’électricité bas carbone progresse de 27 à 39 %. La PPE3 prévoit ainsi un triplement de l’éolien et un quadruplement du photovoltaïque. Mais contrairement à la PPE 2019-2024, qui prévoyait de fermer des réacteurs, la nouvelle trajectoire prévoit la relance du nucléaire, au côté des renouvelables. Dans un récent avis, l’Académie des sciences dénonce « les incohérences » de la PPE révisée. « Une augmentation massive des énergies solaire et éolienne (x 3,6 en dix ans), par nature intermittentes, « entraînerait des surcapacités considérables, coûteuses et inutiles », tance-t-elle. FAUX. En 2024, la France a produit 536,5 TWh d’électricité, son plus haut niveau depuis cinq ans, indique RTE, réseau gestionnaire de transport. C’est plus qu’elle n’en a besoin. Au cours des dernières années, la consommation électrique du pays a, en effet, marqué le pas, passant de 480 TWh, en 2017, à 449 TWh, en 2024. Un record de 89 TWh d’excédent d’électricité a été exporté, l’an dernier. On va avoir besoin de plus d’électricité dans les années à venir. VRAI ET FAUX. La PPE parie sur des besoins accrus par l’électrification des usages et vise entre 666 et 708 TWh produits en 2035. Mais la réalité ne va pas dans ce sens. Les ventes de véhicules électriques plafonnent : 300 000 immatriculations recensées en 2024, loin des 430 000 projetées. L’électrique réussit à s’imposer dans les flottes d’entreprise mais les ventes aux particuliers s’effondrent : - 46 %, en mars. Côté rénovations énergétiques, ça n’est pas mieux : 85 000 chantiers ont été financés en 2024, au lieu des 200 000 escomptés. À lire sur le sujet L’éolienne flottante culminera à 150 m de haut : un chantier hors norme prêt à démarrer à Brest La Bretagne consomme plus d’électricité qu’elle n’en produit. VRAI. La Bretagne produit près du tiers de l’électricité qu’elle consomme, contre moins de 15 % en 2015, selon l’Insee. Pour renforcer son autonomie énergétique et dynamiser son économie, la région, riche de 4 900 km de côtes, mise sur ses ressources marines : le vent (éolien), les différences de niveau entre haute et basse mer (marémoteur), les courants (hydrolien), l’écart de salinité entre eau douce et eau de mer (osmotique) et les vagues (houlomoteur). Le parc éolien de Saint-Brieuc fournit un quart de la consommation électrique bretonne. FAUX. Ses 62 éoliennes, d’une puissance totale de 496 MW, produisent 1,82 TWh par an, fournissant 25 % de sa « consommation électrique domestique » tel qu’indiqué par le président de Région, Loïg Chesnais-Girard, dans le magazine B n°8 de ce printemps. Cela correspond à la consommation annuelle en électricité, chauffage compris, de 835 000 habitants. Moyennant une puissance cumulée de 750 MW, les deux parcs éoliens flottants envisagés en Bretagne Sud devraient répondre aux besoins domestiques d’1,3 million d’habitants supplémentaires (39 % de Bretons). Mais on parle, là, des besoins des particuliers, pas de ceux de l’industrie et des entreprises. Si on considère la consommation totale d’électricité en Bretagne, le parc briochin ne couvre que 8,5 % des besoins de la région. À lire sur le sujet En 2032, deux parcs éoliens en mer de Bretagne-Sud pourraient produire de l’électricité Les énergies renouvelables pèsent des milliers d’emplois en Bretagne. VRAI. Selon l’énergéticien espagnol Iberdrola, « plus de 1 700 emplois ont été mobilisés en France sur la durée du projet de parc éolien briochin, dont 500 en Bretagne ». La région, qui a signé un Pacte électrique breton dès 2010 et adopté, en 2016, sa propre feuille de route énergétique, concentre, à elle seule, la moitié des forces françaises de recherche et développement des sciences et technologies de la mer, soit 2 900 chercheurs. Construction, maintenance, formation… Pas moins de 160 entreprises bretonnes travaillent dans le domaine des énergies marines renouvelables, notamment autour de Brest et Lorient. L’éolien en mer est, a contrario, vu comme une menace pour les pêcheurs empêchés d’accéder à leurs zones de pêche habituelles, et qui suspectent des effets négatifs des turbines sur la ressource piscicole. Le coût financier du renouvelable est connu.