Sous Trump, les droits reculent à grande vitesse

Guerres, dérèglement climatique, montée de l’autoritarisme : dans son rapport annuel de 500 pages publié lundi, Amnistie internationale dénonce un recul mondial des droits de la personne, aggravé par le retour de Trump à la présidence américaine. Voici six constats pour mieux comprendre. 1. Un climat de plus en plus hostile « On ne peut pas dire qu’on est surpris », observe France-Isabelle Langlois, directrice générale d’Amnistie internationale Canada francophone. Mais selon elle, le deuxième mandat de Donald Trump a « donné un coup d’accélérateur » au démantèlement des protections fondamentales. L’organisation constate une remise en question sans précédent des institutions internationales, du multilatéralisme et de l’État de droit. 2. Le retrait de l’aide humanitaire américaine La réduction brutale de l’aide internationale américaine a des conséquences dramatiques, souligne Amnistie. En coupant son soutien à des programmes essentiels, Washington a contribué à la fermeture d’hôpitaux pour réfugiés en Thaïlande, à l’arrêt de projets contre la malnutrition au Yémen et à la précarisation des déplacés syriens et rohingya. « Ce n’est pas juste couper des budgets : c’est priver des gens de nourriture, d’eau et de soins essentiels », déplore Mme Langlois. Ces coupes affectent directement les populations les plus vulnérables, tout en affaiblissant les mécanismes de solidarité internationale. 3. Un génocide en cours à Gaza Amnistie accuse Israël de commettre des actes de génocide contre la population palestinienne de Gaza, dans une occupation devenue de plus en plus violente et meurtrière. L’organisation dénonce également le soutien militaire et politique apporté par des puissances occidentales, notamment les États-Unis, qu’elle juge responsable de l’impunité dont profite Israël. 4. Les droits des femmes en recul L’année 2024 a vu une recrudescence des violences sexistes et des lois discriminatoires contre les minorités sexuelles, dans toutes les régions du monde. « Ce ressac anti-droits, on le voit monter en Europe de l’Ouest, aux États-Unis, mais aussi ici, au Canada », souligne France-Isabelle Langlois. « Les droits des femmes sont en danger. Il n’y a jamais rien eu d’acquis. Il n’y a jamais rien d’acquis avec les droits, mais on sent qu’il y a de plus en plus de violence. » Les femmes trans sont particulièrement ciblées, victimes d’une hausse de discours haineux et de violences physiques. 5. La liberté d’expression attaquée La censure, la criminalisation des ONG et les restrictions aux libertés de réunion se multiplient. Amnistie recense au moins 21 pays ayant adopté ou proposé des mesures dans ce sens en 2024. Même dans des démocraties réputées stables comme le Canada, des signes préoccupants émergent : les manifestations hostiles aux droits des LGBTQ+, en 2023, et l’intensification des discours de haine témoignent d’un climat d’intimidation grandissant. 6. Une riposte s’organise Malgré l’ampleur des reculs, le rapport souligne l’émergence de contre-mouvements citoyens, d’avancées judiciaires et de nouvelles solidarités internationales. « Tout n’est jamais noir et l’avenir n’est jamais complètement bouché, insiste Mme Langlois. Il y a toujours de l’espoir parce qu’il y a d’autres mouvements qui s’organisent, qui contestent, et qui remettent en question. Mais c’est quand même un moment difficile qu’on vit. »