Pouvez-vous nous raconter votre course ?Ce n’était pas un parcours roulant du tout. Les premiers kilomètres étaient plats, mais après, il y avait beaucoup de relances. Je me suis dit que si je voulais avoir une chance de gagner, il ne fallait pas que ça soit une course au train. Étant donné que Clémence (Calvin) prépare le marathon, il fallait plutôt que ce soit comme un cross. J’ai lancé la course vers le 3e kilomètre, et elle m’a redoublée, très vite au 7e. Elle m’a mis une vingtaine de mètres, mais j’ai comblé l’écart dans une côte. Puis elle a lancé une nouvelle attaque dans une descente, et je n’ai pas réussi à la suivre. A 700 mètres de l’arrivée, je n’y croyais pas du tout, et puis un spectateur m’a crié que j’avais quatre secondes de retard. Ça m’a semblé faisable, car à l’entraînement, je finissais fort les séances. Les spectateurs m’encourageaient tellement, ils y croyaient vraiment plus que moi. J’ai fini par y croire, et je me suis lancée dans un sprint long. Dans le dernier virage, je l’ai doublée à la corde. La médaille a encore plus de saveur car il y a eu une vraie bataille.Contenu embed TwitterC’est votre premier titre en senior, qu’est-ce qu’il représente pour vous ?Je savais que le titre allait se jouer entre Clément et moi, et c’est ce que j’étais venue chercher. Mais quand on le fait, c’est autre chose. Après la ligne d’arrivée, les émotions sont encore plus fortes que lorsqu’on termine deuxième. C’est peut-être parce que j’ai fait beaucoup de podiums sans gagner que les émotions ont été décuplées, mais cette médaille d’or a une autre saveur.À lire sur le sujetLa Brestoise Marie Bouchard s’offre le titre de championne de France du 10 kmVous remportez ce titre un mois après votre médaille d’argent aux France de cross… Je savais que j’étais en forme, donc je voulais continuer à courir et à en profiter. Quand Clémence m’a doublée au 7e km, ça m’a rappelé les championnats de France de cross. Je m’étais fait à l’idée que deuxième, c’était peut-être ma place, qu’il n’y avait que comme ça que je savais courir. Vraiment, dans ma tête, le scénario était déjà fait, je me suis dit « mentalement tu es nulle, on te passe devant et tu abandonnes ». Dans les 500 derniers mètres, le public m’a relancée et m’a permis d’y croire, car Clémence avait tellement d’avance. Quand je revois des vidéos, je vois que je suis très loin, et on n’avait pas du tout le même rythme.Etudiante en médecine et championne de cross, Marie Bouchard est sur tous les frontsAvez-vous un programme de courses pour le reste de la saison ?Non, pas du tout. J’aimerais bien avoir un temps de référence sur 10 km pour prétendre à des sélections. Car malheureusement, les championnats de France ne servent pas de support de sélection à quoi que ce soit. Il faut que je trouve une course roulante, avec de la densité, mais j’ai l’impression que j’ai laissé un peu passer toutes les opportunités, donc je ne sais pas.Le dénivelé, ça semble vous réussir. Dans trois semaines, il y a le Brest Urban Trail, vous ne comptez pas y participer ?Non, car je serai encore en stage à Capbreton, et il y a une course organisée dans le centre de rééducation où je travaille le même week-end.