Réunie à l’auditorium du Pôle Chabran de Draguignan pour un conseil express, l’assemblée intercommunale de Dracénie Provence agglomération (DPVa) s’est prononcée, lundi, en défaveur d’une nouvelle maison d’arrêt sur son territoire. L’État envisage en effet une implantation sur la commune du Muy via une DUP (Déclaration d’utilité publique). Selon ses services, la DUP est "une procédure administrative qui permet de réaliser une opération d’aménagement sur des terrains privés en les expropriant, précisément pour cause d’utilité publique. La DUP est obtenue à l’issue d’une enquête d’utilité publique." À 17km de la Maison d’arrêt de Draguignan D’une capacité d’accueil de 650 places sur une emprise de quelque 20 hectares, le centre pénitentiaire prévu au Muy est situé à 17km de la maison d’arrêt de Draguignan, construite en 2018. Richard Strambio, maire de Draguignan, a donc proposé au conseil d’agglomération de donner un avis défavorable au dossier de déclaration d’utilité publique valant mise en compatibilité du Plan local d’urbanisme (PLU) de la commune du Muy. Cette motion a été unanimement approuvée, après justification de nombreux maires (lire ci-dessous). Par ailleurs, DPVa a annoncé son intention de demander à l’APIJ (Agence publique pour l’immobilier de la Justice), dans le cas où l’utilité publique serait déclarée, que soit "pris en charge par l’État l’ensemble des coûts induits par le projet, notamment réseaux, voiries d’accès, carrefour sur la RD1555, etc." L’Agglo souhaite que soit étudiée la solution d’une station d’épuration dédiée au centre pénitentiaire au vu des conclusions de l’étude réalisée par Veolia. Des demandes spécifiques de sécurisation aux abords ont été également formulées. De même, l’Agglo souhaite que le montant de la compensation agricole soit revu à la hausse. Il est actuellement de 80.000 euros. Côté visuel, elle espère qu’un mur végétal complet soit aménagé sur le site. Elle alerte au niveau des énergies renouvelables qui doivent être plus présentes, "afin de rester dans les objectifs définis par la Région et localement". DPVa préconise une construction en ossature bois pour les bâtiments hors enceinte, la réutilisation des eaux grises "pour diminuer l’impact du projet sur la ressource en eau", et l’intégration de clauses sociales dans les marchés publics. Avant de voter la motion, la parole a été donnée aux participants. Claude Alemagna, maire de Lorgues "Nous comprenons tous le besoin, sur le territoire national, de la construction de centres pénitentiaires. Mais sur notre territoire, on en a déjà une. (...) Le président l’a rappelé: nous avons voté en 2018 une motion dans laquelle il était précisé que nous étions contre la prison. Il s’est passé sept ans sans qu’on ne parle de prison et aujourd’hui l’État nous demande de délibérer sur une DUP. Accepter, ce serait donner une image dévalorisante de notre territoire et c’est hypothéquer l’avenir de nos enfants et petits-enfants. Ce n’est pas aux mêmes de faire les efforts les plus importants. Sachez-le: en plus nous devons financer toutes les infrastructures, les voiries, tous les réseaux, secs et humides. Combien d’EPCI (Établissement public de coopération intercommunale, Ndlr) ont deux centres pénitentiaires? Ce n’est pas acceptable non plus pour nos contribuables qui devront financer." Nathalie Gonzales, maire des Arcs-sur-Argens "Malgré la motion contre en 2018, on n’a pas fait fléchir l’tat. Malgré cet avis défavorable, cette DUP peut être poursuivie par les services de l’État. Il faut soutenir le président de l’agglomération qui est en première ligne." Bernard Chilini, maire de Figanières "Quand on parle d’une prison de 650 détenus, quand on voit la surpopulation dans les prisons, (147%, dont 16 établissements à plus de 200%), on est en droit de se demander si la prison du Muy ne va pas accueillir 900 détenus. Si on ajoute le ratio de 1,7 personnel par détenu, on arrive à plus de 1.800 personnes à la prison. a, personne ne viendra vous le dire. Quand on voit ce qu’il se passe dans les prisons, ce qu’il arrive aux véhicules et logements des personnels, ça va créer une bulle très dangereuse. D’autant qu’il y a à proximité de la prison un lycée polyvalent. (...). Il faudrait que l’État écoute un peu les élus de la République. (...) Dans les communes alentour, il va y avoir des enfants, des familles. Il va falloir des crèches, des écoles, des collèges, des lycées, des clubs sportifs. Il y a tout cet environnement dont l’État ne nous a jamais parlé. Est-ce qu’il sera là pour subventionner les écoles? Je l’espère car les communes ne pourront pas se débrouiller toutes seules. Et l’Agglo ne pourra pas financer ce qu’on nous demande de financer." Nadine Decarlis, maire de Bargemon "Nous nous sentons dénigrés par l’État (...). Alors que nous défendons un territoire vert et que nous essayons de le protéger, on se demande pourquoi on est là car on ne peut pas avoir d’avis." Gérald Pierrugues maire de Claviers "Tout cela va avoir un impact catastrophique pour notre territoire."