Maxime Bernier remet en question l’idée de se présenter en Beauce

(Québec) Le chef du Parti populaire du Canada (PPC) ne sait plus s’il se représentera en Beauce, où il a subi lundi soir une cuisante défaite. Maxime Bernier jure toutefois qu’il veut continuer à la tête du parti de droite qui vient de connaître le pire résultat électoral de son existence. « C’est un pensez-y-bien. J’ai hésité dans cette campagne-là de me présenter au Manitoba ou en Beauce. Les gens en Beauce m’ont convaincu de revenir ici. Mais la prochaine fois je me poserai les mêmes questions », a indiqué Maxime Bernier lors d’un entretien téléphonique mardi. L’homme de 62 ans avait représenté la Beauce de 2006 à 2019 à la Chambre des communes. Il portait les couleurs du Parti conservateur du Canada (PCC) avant de claquer la porte et de fonder un parti plus critique de l’immigration, de l’interventionnisme et des « folies wokes », dans ses mots. Le chef du Parti populaire n’a obtenu que 5,8 % des voix dans sa circonscription, pour une quatrième place. Son parti, qui en était à sa troisième élection, a connu au niveau national sa pire récolte, avec 0,7 % des voix. Au lendemain de la pandémie, lors des élections de 2021, le PPC avait engrangé 4,9 % des voix. En chiffres bruts, le parti a divisé sa récolte de votes par six, passant de 840 993 il y a quatre ans à moins de 140 000. « Pour nous, le résultat est décevant. Je regarde le Parti vert, le NPD, le Bloc québécois… Ce n’était pas une élection comme les autres, c’était un référendum sur Trump », a analysé M. Bernier. Celui-ci a l’intention de continuer à la tête du parti. « Mais comme après chaque élection, les membres vont décider », dit-il, rappelant qu’il avait obtenu un vote de confiance de 96 % des membres votants il y a quatre ans. Le PPC a 1,2 million de dollars dans ses coffres. « Ce parti est en très bonne santé financière. On a de très bonnes idées. On est en bonne santé financière. On doit combler des lacunes dans certains comtés, on va avoir le temps de faire ça », note-t-il. Nuages gris à l’horizon Le politologue Frédéric Boily note que « lorsque la pandémie a disparu, ça a enlevé pas mal d’arguments au PPC ». Ce professeur de sciences politiques à l’Université d’Alberta et expert reconnu des droites canadiennes juge que l’avenir s’annonce difficile pour le parti de M. Bernier. Ce qui était le fonds de commerce du Parti populaire a été repris par les conservateurs de Pierre Poilievre. Il a fait campagne sur des idées très à droite donc je pense qu’il ne reste plus d’espace pour le Parti populaire. le politologue Frédéric Boily Il note par ailleurs que même en juin 2023, quand Maxime Bernier s’était présenté dans une élection partielle dans Portage-Lisgar, il n’avait obtenu que 17,16 %. « C’est pas si mal, mais c’était une défaite, dans une province où des régions rurales avaient eu un certain attrait pour le Parti populaire. Je pense que ça devenait très difficile de faire entendre son message avec des conservateurs de Poilievre qui avancent un message très à droite. » Et ça, c’était bien avant l’élection de Donald Trump et le sursaut patriotique au pays.