Sur cette photo fournie par les services d'urgence ukrainiens, des pompiers éteignent un incendie à la suite d'une attaque de drone russe qui a touché des immeubles d'habitation à Kharkiv, en Ukraine, le mercredi 30 avril 2025. (The Associated Press) La ministre de l’Économie et vice-première ministre ukrainienne, Ioulia Svyrydenko, s’est rendue à Washington mercredi pour contribuer à la finalisation de l’accord, selon deux hauts responsables ukrainiens qui ont requis l’anonymat, n’étant pas autorisés à discuter publiquement du sujet. Pour l’Ukraine, cet accord est considéré comme essentiel pour garantir son accès à l’aide militaire américaine future. «Il s’agit véritablement d’un accord stratégique pour la création d’un fonds de partenariat d’investissement, a indiqué le premier ministre ukrainien, Denys Chmyhal, à la télévision ukrainienne. Il s’agit véritablement d’un accord international équitable et de qualité sur les investissements conjoints dans le développement et la reconstruction de l’Ukraine entre les gouvernements des États-Unis et de l’Ukraine.» Le président américain, Donald Trump, a indiqué en février qu’il souhaitait obtenir l’accès aux terres rares ukrainiennes comme condition à la poursuite du soutien américain dans la guerre contre la Russie, le présentant comme un remboursement des milliards de dollars d’aide apportés par les États-Unis à l’Ukraine. Mais les négociations ont été bloquées après une réunion tendue entre les dirigeants américain et ukrainien dans le Bureau ovale. La conclusion d’un accord, depuis lors, s’est avérée difficile et a tendu les relations entre Washington et Kyiv. On ignorait dans l’immédiat si l’administration Trump était également prête à finaliser l’accord mercredi. Les États-Unis cherchent à accéder à plus de 20 matières premières jugées stratégiquement essentielles pour leurs intérêts, notamment des matières non minérales, comme le pétrole et le gaz naturel. Parmi elles figurent les gisements ukrainiens de titane, utilisé pour la fabrication d’ailes d’avion et d’autres produits aérospatiaux, et d’uranium, utilisé pour l’énergie nucléaire, le matériel médical et l’armement. L’Ukraine possède également du lithium, du graphite et du manganèse, utilisés dans les batteries des véhicules électriques. Après que Kyiv eut estimé que la version initiale de l’accord américain favorisait de manière disproportionnée les intérêts américains, elle a introduit de nouvelles dispositions visant à répondre à ces préoccupations. Selon le ministre Chmyhal, la dernière version établirait un partenariat égalitaire entre les deux pays pour une durée de dix ans. Les contributions financières à un fonds commun seraient versées en espèces et seule la nouvelle aide militaire américaine serait comptabilisée dans la part américaine. L’aide fournie avant la signature de l’accord ne serait pas comptabilisée. Contrairement à une version antérieure, l’accord n’entrerait pas en conflit avec le cheminement de l’Ukraine vers l’adhésion à l’Union européenne – une disposition clé pour Kyiv. Le Cabinet ukrainien devait approuver le texte de l’accord avant sa signature à Washington. L’accord devrait ensuite être ratifié par le Parlement ukrainien avant d’entrer en vigueur. Poutine veut des réponses Ces négociations interviennent dans un contexte de progrès difficiles dans les efforts déployés par Washington pour mettre fin à la guerre. La Russie rejette l'accord de paix du président Trump (Newsworthy French/VideoElephant) Le président russe, Vladimir Poutine, soutient les appels à un cessez-le-feu avant les négociations de paix, «mais avant cela, il est nécessaire de répondre à quelques questions et de clarifier quelques nuances», a précisé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. M. Poutine est également prêt à des négociations directes avec l’Ukraine sans conditions préalables pour parvenir à un accord de paix, a-t-il ajouté. «Nous comprenons que Washington souhaite réaliser des progrès rapides, mais nous espérons qu’il comprendra que le règlement de la crise ukrainienne est bien trop complexe pour être mené à bien rapidement», a soutenu M. Peskov lors de sa conférence téléphonique quotidienne avec les journalistes. Le président Trump a déjà exprimé sa frustration face à la lenteur des négociations visant à mettre fin à la guerre, qu’il a déclaré pouvoir conclure dans les 24 premières heures de son nouveau mandat en janvier. Les dirigeants d’Europe occidentale ont accusé M. Poutine de faire traîner les choses tandis que ses forces cherchent à s’emparer de nouvelles terres ukrainiennes. La Russie a conquis près d’un cinquième du territoire ukrainien depuis le lancement par les forces russes d’une invasion à grande échelle le 24 février 2022. M. Trump a réprimandé le président ukrainien Volodymyr Zelensky pour des mesures qui, selon lui, «prolongent» le «champ de bataille». Le dirigeant américain a reproché à M. Poutine d’avoir compliqué les négociations en lançant des frappes meurtrières à Kyiv, la capitale ukrainienne, à un «très mauvais moment». Les Américains menacent de se retirer Donald Trump a longtemps qualifié la guerre de gaspillage de l’argent des contribuables américains et de pertes humaines dans le conflit. Cela pourrait signifier la fin de l’aide militaire cruciale à l’Ukraine et un durcissement des sanctions économiques contre la Russie. Mardi, le département d’État américain a de nouveau tenté d’inciter les deux parties à accélérer les choses. «Nous sommes désormais à un moment où les deux parties doivent présenter des propositions concrètes pour mettre fin à ce conflit», a déclaré la porte-parole du département d’État, Tammy Bruce, citant le secrétaire d’État américain Marco Rubio. «La suite des événements appartient désormais au président, a-t-elle déclaré aux journalistes, relatant une conversation avec M. Rubio. En l’absence de progrès, nous nous retirerons de ce processus en tant que médiateurs.» La Russie a rejeté de facto la proposition américaine d’un cessez-le-feu immédiat et total de 30 jours, le conditionnant à l’arrêt des efforts de mobilisation de l’Ukraine et des livraisons d’armes occidentales à Kyiv. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a affirmé mercredi que l’Ukraine avait accepté une trêve inconditionnelle uniquement parce qu’elle était repoussée sur le champ de bataille, où les forces russes, plus importantes, ont l’avantage. Plus de victimes que l’an dernier Par ailleurs, des civils ukrainiens ont été tués ou blessés dans des attaques chaque jour cette année, selon un rapport de l’ONU présenté mardi à New York. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a indiqué dans son rapport qu’au cours des trois premiers mois de l’année, il avait recensé 2641 victimes civiles en Ukraine. C’est près de 900 de plus qu’à la même période l’an dernier. De plus, entre le 1er et le 24 avril, le nombre de victimes civiles en Ukraine a augmenté de 46 % par rapport aux mêmes semaines de 2024. Le quotidien de la guerre ne montre aucun signe d’apaisement. Une attaque nocturne de drones russes sur Kharkiv, deuxième ville d’Ukraine, a blessé au moins 45 civils, ont indiqué des responsables ukrainiens. L’armée de l’air ukrainienne a déclaré que la Russie avait tiré 108 drones Shahed et leurres sur l’Ukraine entre mardi et mercredi, principalement sur les villes de Dnipro et de Kharkiv. Mercredi également, les services de sécurité ukrainiens ont affirmé que leurs drones avaient frappé l’usine d’instrumentation de Mourom, dans la région russe de Vladimir, pendant la nuit, provoquant cinq explosions et un incendie dans l’installation militaire. Cette affirmation n’a pu être vérifiée de manière indépendante.