Le gouvernement italien veut exiger une approbation écrite des parents avant les cours d'éducation sexuelle. Les écoles devront aussi détailler en début d'année scolaire le matériel didactique utilisé, le déroulement et l'objectif de ces cours. Ils n'étaient jusqu'ici pas obligatoires à l'école. Via un décret-loi, le gouvernement d'extrême droite de Giorgia Meloni veut "garantir [...] le consentement préalable et éclairé des familles concernant les activités scolaires liées à la sexualité", peut-on lire dans un communiqué diffusé mercredi à l'issue d'un conseil des ministres. Les écoles devront partager au début de l'année scolaire le matériel didactique utilisé, l'objectif des cours ainsi que la manière dont ils vont se dérouler. Un consentement écrit préalable des parents sera requis "pour la participation aux activités extrascolaires et à celles qui s'inscrivent dans le cadre de l'élargissement de l'offre éducative portant sur des sujets liés à la sexualité", selon le communiqué. En cas de refus, le corps enseignant devra offrir aux élèves une alternative, dont le lien avec ces thématiques n'est pas encore clair. Selon cette nouvelle loi, les écoles primaires – qui accueillent des enfants jusqu'à 11 ans – devront aussi limiter les cours d'éducation sexuelle strictement à une approche biologique et reproductive de la sexualité. La coalition de droite au pouvoir souhaite notamment que les questions d'homosexualité, de transidentité et d'identité sexuelle ne soient pas abordées. Tentative de dissuasion Les initiatives en vue de rendre les cours d'éducation sexuelle obligatoires à l'école ont eu peu d'écho par le passé en Italie. La Première ministre Giorgia Meloni se décrit comme une "mère chrétienne" et a remporté les élections législatives de 2022 en défendant les valeurs familiales traditionnelles. Le Vatican, quant à lui, exerce toujours une influence considérable sur le pays, rendant le sujet de l'éducation sexuelle largement tabou. Le débat autour de l'introduction de ces cours à l'école s'est ouvert avec le meurtre fin 2023 d'une étudiante de 22 ans, violemment poignardée par son ex-petit ami. Ce féminicide avait choqué le pays et les réactions ont contraint le gouvernement italien à accepter de rendre obligatoire l'éducation sexuelle, en l'accompagnant d'une éducation affective. >> Relire : Un étudiant auteur d'un féminicide qui a choqué l'Italie condamné à perpétuité Avec la loi approuvée mercredi, l'exécutif répond à ces demandes, tout en "laissant la liberté de choix", à l'instar de la question de l'avortement, légal en Italie depuis 1978: plutôt que de l'interdire, l'extrême droite italienne encourage les médecins à refuser de le pratiquer, de telle sorte qu'une majorité de gynécologues refusent d'interrompre les grossesses au nom de l'objection de conscience. Les associations catholiques sont aussi encouragées à se rendre dans les hôpitaux pour dissuader les femmes d'avorter. Les ados peu éduqués La branche italienne de l'ONG internationale Save the Children a constaté en février que seuls 47% des adolescentes et adolescents italiens avaient bénéficié d'une forme d'éducation sexuelle à l'école. Ce taux était même de 37% dans les régions les plus pauvres du sud du pays, ainsi qu'en Sicile et en Sardaigne. En outre, un rapport de l'Union européenne datant de 2020 conclut que lorsqu'elle a cours en Italie, l'éducation sexuelle "tend à se concentrer uniquement sur les aspects biologiques plutôt que sur les aspects psychologiques, sociétaux ou émotionnels plus larges". En mars, le centre de recherche européen Cesie, qui a son siège à Palerme en Sicile, a qualifié les mesures prises afin d'introduire l'éducation sexuelle dans les écoles italiennes d'"incohérentes, bloquées par des barrières structurelles et une résistance politique". Il a accusé les mouvements d'extrême droite de présenter cette éducation comme "une menace sur les valeurs familiales et l'identité nationale". "En bloquant l'éducation sur les relations, le consentement et la sexualité, ils renforcent les stéréotypes de genre et maintiennent un système patriarcal marqué par la violence sexiste", a jugé cette instance. Sujet radio: Antonino Galofaro Article web: iar avec ats