Des pompiers travaillent sur les lieux où un autobus urbain à deux étages a percuté un abribus à Ottawa, le 11 janvier 2019. (Justin Tang/Archives La Presse Canadienne) L’enquête, qui s’est déroulée sur trois semaines au cours desquelles de nombreux témoins ont été entendus, a examiné les circonstances entourant les décès de Judy Booth, Bruce Thomlinson et Anthonia Van Beek. Tous les trois sont décédés après qu’un autobus à impériale exploité par OC Transpo a sauté le trottoir et a percuté un abribus à la station de transport en commun Westboro le 11 janvier 2019. Près d’une vingtaine d’autres personnes ont été blessées dans l’accident, l’auvent de l’abribus ayant creusé le niveau supérieur de l’autobus et écrasé plusieurs sièges. Les jurys d’enquête du coroner n’attribuent pas de blâme ni de responsabilité légale dans une affaire, mais sont censés déterminer la cause du décès et peuvent formuler des recommandations pour prévenir de futurs décès. Dans cette affaire, le jury a considéré que les décès liés aux accidents d’autobus étaient des accidents. Plusieurs recommandations Parmi les recommandations du jury figurent l’installation de radars de vitesse sur toutes les voies réservées aux autobus, l’évaluation des compétences des nouveaux conducteurs sur tous les types d’autobus et la mise en place d’autobus dédiés à la formation. Le jury a également recommandé à la Ville d’installer des caméras orientées vers le conducteur dans les autobus. «La Ville devrait installer des caméras orientées vers le conducteur dans tous les autobus d’OC Transpo à des fins de sécurité, tout en assurant une protection adéquate de la vie privée des employés», peut-on lire dans la recommandation. La Ville pourrait s’inspirer de la réglementation ferroviaire fédérale pour obtenir des orientations sur la mise en œuvre de ces caméras. Le jury a également recommandé que le ministère des Transports de la province envisage d’adopter des normes obligatoires pour les caméras orientées vers le conducteur dans les autobus municipaux, et que Transports Canada envisage la même mesure pour les organismes de transport municipaux sous réglementation fédérale. Il a ajouté que le gouvernement fédéral devrait envisager d’élargir le mandat du Bureau de la sécurité des transports afin d’exiger une enquête sur les décès graves liés aux accidents d’autobus. Le jury a également demandé à la Ville d’élargir son programme de mentorat des chauffeurs d’autobus afin de leur fournir un encadrement et un soutien supplémentaires, et d’introduire des formations axées sur des scénarios et des compétences correctives. Après une collision grave, la Ville devrait «exiger un suivi continu du rendement des chauffeurs afin d’évaluer la nécessité d’une formation complémentaire, notamment par des observations et des évaluations sur route et par télématique, le cas échéant», a recommandé le jury. La conductrice d’autobus d’OC Transpo, Aissatou Diallo, a été acquittée de toutes les accusations criminelles dans cette affaire en 2021. Le jury a appris plus tôt dans l’enquête que Mme Diallo avait été autorisée à conduire à nouveau des autobus une semaine seulement avant l’accident de 2019, après avoir été impliquée dans une autre collision un mois plus tôt et avoir resuivi une formation. L’avocate de l’enquête, Alessandra Hollands, avait lu un rapport indiquant que la cause fondamentale de la collision précédente «était une erreur du chauffeur et un défaut d’adaptation de la vitesse aux conditions routières». Le jury a également pris connaissance d’un rapport de Transports Canada sur l’accident de 2019, qui révélait que l’autobus roulait entre 58 et 60 kilomètres à l’heure lorsqu’il a quitté la chaussée, avant de percuter un talus rocheux, puis l’auvent de la station de transport en commun. L’avocat de l’enquête, Peter Napier, avait déclaré que le rapport concluait qu’«aucun freinage n’avait eu lieu après la sortie de la chaussée» et qu’il avait fallu huit secondes à l’autobus pour s’immobiliser. Témoignages des familles Les familles des victimes ont également témoigné lors de l’enquête, dont Karen Benvie, la fille de Judy Booth. Elle a déclaré que la perte de sa mère avait laissé sa famille sans réponse et un chagrin insupportable. «Son absence se fait sentir chaque jour dans le silence où régnait son rire et dans les espaces où sa présence apportait autrefois chaleur et lumière», a-t-elle déclaré. L’avocat intérimaire de la Ville d’Ottawa a affirmé jeudi dans un communiqué que le travail du jury sur les recommandations était apprécié et que la Ville prendrait «le temps nécessaire pour les examiner et les évaluer attentivement».