Plus de dix ans auront été nécessaires pour faire aboutir ce dossier. Onze ans après les premiers échanges avec l’agglomération briochine, en 2015, l’unité de méthanisation prévue rue de Boisillon dans la zone des Châtelets , à Ploufragan, va entrer en service en avril 2026. Les premiers coups de pelle du chantier ont, eux, démarré le 15 janvier. Un dossier de longue haleine pour Engie Bioz, comme le reconnaît Anthony Gérard, le chef de projet. « Il nous a fallu passer par une autorisation environnementale », rappelle ce dernier. Cette procédure demandée par la préfecture des Côtes-d’Armor en novembre 2020 a rallongé les délais. Anthony Gérard y voit finalement un mal pour un bien. « Ça nous a permis de pousser plus loin le dialogue avec les élus, les habitants, de répondre aux différentes questions. » Et d’éviter les fortes oppositions qu’Engie Bioz peut connaître sur d’autres dossiers en Bretagne et Pays de la Loire. « On n’a pas eu de recours ce qui, en soi, est une petite victoire. » L’entreprise a ensuite été confrontée à la crise de l’énergie et à la hausse des coûts de construction. « Les conditions économiques se sont largement dégradées et l’autorisation de financement a été compliquée à obtenir », détaille le chef de projet. D’autant plus que des surcoûts sont venus alourdir la facture. À l’image des quelque 700 pieux à environ 9 m de profondeur pour assurer la portance de l’unité de méthanisation. Engie Bioz a également poussé les curseurs concernant la gestion des odeurs. Et ce, même si les premières habitations sont situées à plus de 550 m quand la réglementation fixe une limite minimum à 200 m. Au total, alors que le projet était un temps estimé à 9 M€, « on est désormais sur une enveloppe de 13 M €». Quelque 700 pieux à environ 9 m de profondeur sont en train d’être installés pour assurer la portance de l’unité de méthanisation. Le terrain de 2,9 hectares est situé à plus de 550 m des premières habitations. (Le Télégramme/Julien Molla) Près de 25 GWh de biométhane par an Dans un an, la 23e unité de méthanisation d’Engie Bioz en France produira annuellement autour de 25 GWh de biométhane. Dont la quasi-totalité sera injectée dans le réseau de gaz, soit l’équivalent de la consommation annuelle d’environ 2 000 foyers. « 3 ou 4 % du biogaz est d’habitude utilisé en autoconsommation sur nos installations. L’objectif, ici, c’est de consommer moins de 0,2 % », fait savoir Tristan Le Roux, ingénieur construction pour Engie Bioz. « Pour cela, on va aller chercher la chaleur sur nos équipements et récupérer la calorie sur certains flux. En plus de couvrir la dalle de digestat solide avec des panneaux photovoltaïques ». Un gros travail a également été mené sur la récupération des eaux pluviales. L’unité de méthanisation tournera avec un maximum de 36 000 tonnes de déchets organiques, de cultures intermédiaires et de fauches d’entretien. Et produira environ 25 GWh de biométhane par an. (Le Télégramme/Julien Molla) Travailler avec les agriculteurs et les industriels Côté approvisionnement, l’unité de méthanisation tournera avec un maximum de 36 000 tonnes de déchets organiques, de cultures intermédiaires et de fauches d’entretien. Ces « intrants » seront fournis par des agriculteurs du territoire, dans un rayon moyen de 20 km, et par des industriels, situés principalement dans un rayon de 50 km. Le digestat issu du processus de méthanisation sera épandu chez une vingtaine d’agriculteurs engagés dans le plan d’épandage. « Le retour de digestat vient limiter les engrais azotés importés en renforçant l’autonomie sur la fertilisation des cultures », défend Anthony Gérard.