La plaignante témoigne au procès pour agression sexuelle de cinq hockeyeurs

Le procureur Meaghan Cunningham, à droite, et la victime, représentée en vidéoconférence, sont vus dans un croquis de la salle d'audience à London (Ontario), le vendredi 2 mai 2025. (Alexandra Newbould/La Presse Canadienne) La femme, dont l’identité est protégée par une ordonnance de non-publication, a raconté ce qui l’a poussée à accompagner Michael McLeod à l’hôtel où lui et ses coéquipiers séjournaient. McLeod, Carter Hart, Alex Formenton, Dillon Dubé et Callan Foote faisaient tous partie de l’équipe canadienne de hockey junior du monde 2018 et se trouvaient à London, en Ontario, avec de nombreux autres membres de l’équipe en juin 2018 pour une série d’événements marquant leur victoire au championnat de cette année-là. Tous ont tous plaidé non coupables d’agression sexuelle. McLeod a également plaidé non coupable à une accusation supplémentaire de participation à une infraction d’agression sexuelle. La femme, aujourd’hui âgée de 27 ans, a raconté au tribunal avoir consommé au moins huit shots, une bière et une vodka soda au Jack’s Bar de London, en Ontario, le soir du 18 juin 2018, ainsi que deux prêt-à-boire à la maison auparavant. Témoignant en vidéo depuis une autre pièce, la femme a reconnu avoir bu de l’alcool en partie parce qu’elle voulait se sentir plus à l’aise avec ses collègues qu’elle connaissait peu. À un moment donné, un homme l’a abordée en lui présentant un certain Mikey, et lui demandant de «prendre soin de lui», a-t-elle expliqué. Elle a appris plus tard que Mikey était McLeod. Elle se souvient avoir bu et dansé avec McLeod et ses amis, et avoir découvert qu’ils jouaient au hockey ensemble, sans toutefois savoir à quel niveau. Hormis ses deux premiers shots, le groupe lui a offert la plupart de ses boissons, a-t-elle précisé. Le groupe l’a encerclée sur la piste de danse bondée et «chaotique», la touchant et la pressant contre elle, a-t-elle dit, ajoutant qu’elle pensait parfois ne pas savoir avec qui elle dansait. Alex Formenton, Michael McLeod, Cal Foote, Dillon Dube et Carter Hart ont tous été accusés d'agression sexuelle au début de 2024, à la suite d'un incident qui se serait produit à London, en Ontario, en juin 2018. (Archives La Presse Canadienne) Elle s’est sentie mal à l’aise et claustrophobe, mais a accepté «avec embarras» parce qu’elle était ivre, a-t-elle déclaré. «Je me sentais un peu coincée», a-t-elle expliqué. On a montré à la femme une vidéo de surveillance de la piste de danse où l’un des hommes semblait lui tirer la queue de cheval, et une autre vidéo où quelqu’un du groupe la soulevait. Elle ne s’est souvenue d’aucun de ces deux moments. Lorsqu’on lui a montré une vidéo où elle et McLeod semblaient s’embrasser au bar, la femme a dit qu’elle se sentait «bien» à ce moment-là. «J’étais attirée par lui», et il semblait intéressé par elle, a-t-elle dit. Une autre vidéo les montrait en train de s’embrasser sur la piste de danse. «À ce moment-là, j’avais vraiment l’impression d’être déséquilibrée, comme si ça me demandait beaucoup d’efforts de me déplacer et de rester debout. J’avais aussi la vue floue à ce moment-là», a raconté la plaignante. Son jugement commençait à être altéré par l’alcool, et elle n’était «pas vraiment consciente de ce qui se passait», a-t-elle ajouté. Tout au long de la soirée, McLeod a fait des commentaires indiquant qu’il voulait la ramener chez elle ce soir-là, et il est devenu évident que c’était la direction que prenaient les choses, a-t-elle dit. Il lui est arrivé de ressentir une forte pression pour qu’elle reste aux côtés de McLeod. À un moment, elle est allée aux toilettes en pensant pouvoir «s’éclipser sans avoir à lui dire non ou à le confronter», a-t-elle témoigné. Cependant, «il a insisté pour rester près d’elle», l’accompagnant directement aux toilettes, a-t-elle ajouté. La femme a expliqué qu’elle avait généralement du mal à dire non, ce qui «ressort vraiment» lorsqu’elle est en état d’ébriété. Elle a dit qu’au moment des faits, elle n’avait aucun problème à partir avec McLeod pour rejoindre son hôtel, mais qu’elle ne l’aurait probablement pas fait à jeun. Les procureurs ont allégué que la femme et McLeod avaient eu des relations sexuelles dans sa chambre d’hôtel. Cette interaction n’est pas visée par le procès. Par la suite, ils allèguent que McLeod aurait invité plusieurs autres personnes dans la chambre d’hôtel. Ils allèguent que la femme a obéi aux ordres des hommes ce soir-là, estimant ne pas avoir le choix. ATTENTION: Les paragraphes suivants contiennent des éléments explicites susceptibles de choquer certains lecteurs. Dans ses remarques liminaires au jury, la procureure Heather Donkers a allégué que chacun des cinq accusés avait eu des relations sexuelles avec la femme sans son consentement, et que McLeod avait encouragé ses coéquipiers a le faire aussi, sachant que la femme n’avait pas consenti. McLeod, Hart et Dubé sont accusés d’avoir obtenu des rapports sexuels oraux de la femme sans son consentement, et Dubé est également accusé d’avoir giflé ses fesses alors qu’elle était engagée dans un acte sexuel avec un autre. Formenton aurait eu des relations sexuelles vaginales avec la plaignante sans son consentement dans la salle de bain. Foote aurait fait le grand écart sur le visage de la jeune femme et y aurait effleuré ses parties génitales sans son consentement. Plus tôt vendredi, le tribunal a également entendu deux autres anciens membres de l’équipe, qui se souvenaient avoir vu une femme au lit sous les couvertures lors d’une brève visite à la chambre d’hôtel de McLeod aux premières heures du 19 juin. Taylor Raddysh et Boris Katchouk, qui jouent maintenant respectivement pour la Ligue nationale de hockey et la Ligue américaine de hockey, ont tous deux témoigné par vidéoconférence. La juge de la Cour supérieure Maria Carroccia a expliqué vendredi aux jurés que les personnes peuvent témoigner de diverses manières, notamment par vidéoconférence et depuis une autre pièce, et qu’ils ne devraient tirer aucune conclusion de ce choix.