"Je ne suis candidat nulle part", sourit Louis Sarkozy. Pourtant, on lui prête des folles envies de Neuilly, mairie symbole, première conquête électorale de son père, en avril 1983. On le voit aussi à Paris: "Dati m’aurait promis 15 arrondissements", balaie-t-il dans un rire. Et puis, on le pressent à Menton. Cette fois, le plus jeune fils de Nicolas Sarkozy argumente. "Je m’intéresse à la politique de la région", glisse-t-il en étirant son mètre 90 et des brouettes. "Il y a un constat assez simple: quand la droite républicaine est forte, il n’y a pas de Rassemblement national", assène-t-il. Et vice versa... Alors, enchaîne le fils de Cécilia Attias, ex-première dame de France, "quand une ville qui reste un QG de la droite républicaine est menacée de tomber dans les mains du RN et qu’il risque de le rester pendant 20 ans, c’est un sujet". Un sujet qui fait causer de Nice à la frontière italienne: le rejeton Sarko va-t-il se présenter aux élections municipales de 2026 à Menton? Pour le moment, suspense entretenu. Ni oui, ni non. Il barguigne, puis confie qu’avec son épouse, il a désormais un pied-à-terre à Menton: "On y est en partie installés". Le reste du temps, c’est Paris, pour les obligations professionnelles: il est chroniqueur sur LCI où il débat avec l’ex-députée Insoumise Raquel Garrido, mais aussi éditorialiste pour Valeurs actuelles. C’est aussi la Belgique pour En Toute Liberté, un podcast politique réalisé en partenariat avec le média 21 News. Il a grandi aux États-Unis Touche à (presque) tout, pressé, Louis Sarkozy est titulaire d’un master de diplomatie et relations internationales, obtenu à l’American University de Washington. Il a aussi fréquenté l’Académie militaire de Valley Forge et l’Université de New York, avec une double spécialisation en histoire et en philosophie. De ses années américaines - il a grandi aux USA -, il a acquis une solide connaissance du pays, un penchant pour les armes à feu et une admiration pour Donald Trump et sa formidable victoire "populaire". Un emballement pour "Donald" qu’il sait intelligemment relativiser aujourd’hui: "Trump a fait sauter mille trucs qu’il n’aurait jamais dû faire sauter", soupire-t-il. Et puis, "il a flingué l’économie avec ses conneries lunaires sur les tarifs douaniers", reconnaît-il. Sans oublier l’Ukraine, "on voit bien que ça ne marche pas et à quel point il s’en est rendu compte aussi, d’ailleurs". Mais, "la débureaucratisation, c’est le premier à essayer au moins de la faire à grande échelle. Affiner l’État est nécessaire! Les bureaucraties obèses gangrènent et ralentissent les États", analyse-t-il. Docte, il est intarissable sur le sujet. Un tantinet suranné sur ses positions sociétales, révolutionnaire sur bien d’autres points. Un penseur libre, gorgé de contradictions. Très à droite, pas pour tout Louis a aujourd’hui 28 ans. Le même âge que Nicolas lorsqu’il raflait la mairie de Neuilly. En décembre dernier, il faisait une apparition à une soirée des Jeunes Républicains. Il jure ne pas avoir la carte LR, admirer Retailleau. "Je suis de droite, même très très à droite pour certaines choses, beaucoup moins pour d’autres", se définit-il. Il est surtout ultralibéral. Assumé. Il confie être en phase avec le maire de Cannes, David Lisnard. Attention, reprend-il, il ne s’agit pas de prendre parti dans les impitoyables affaires politiques azuréennes. Il a vite compris que c’était explosif. Mais ça le démange de dire un mot, quand même, sur Éric Ciotti. Le député n’a pas eu tort de s’allier au RN, ce n’est pas le sujet. Il a eu tort de ne pas en parler à ses troupes. Ce que font les grands chefs. Argumenter pour faire accepter. "Il a fait ça seul dans son coin", remarque-t-il. Impardonnable pour un meneur. Son père en était un. Admiration sans bornes. Malgré les affaires, malgré les condamnations. Malgré tout. "Je n’ai jamais été aussi fier de porter mon nom de famille", confie le fils. Un nom comme un passeport, dire le contraire serait un mensonge. Il galèje: "Je n’ai pas un nom à me faire, juste un prénom, c’est la moitié du travail seulement, c’est beaucoup plus simple". L’obsession Napoléon Bonaparte Un prénom qu’il entend bien faire résonner avec son livre, Napoléon Bonaparte, l’empire des livres (1). Une obsession pour lui, comme pour tant d’autres: "La bibliographie sur l’empereur est la plus immense de tous les sujets au monde. Il y a plus de livres sur lui que sur Jésus, que sur Mahomet, que sur César, que sur n’importe qui. On compte à peu près un livre et demi par jour, tous les jours depuis sa mort en 1821", s’enflamme-t-il. Pourquoi? "Je pense que la raison est assez simple. C’est parce que l’histoire de cet homme est la plus exceptionnelle de l’histoire humaine. Il commence de rien. Dans une zone, la Corse, pardon, qui n’est pas le centre du monde, qui l’était encore moins à l’époque, et qui devient française un an avant sa naissance. Et en 20 ans, on passe de ça à l’empereur du monde. En 20 ans! Talent, génie, chance monumentale, il y a tout". Louis Sarkozy a choisi de parler de Bonaparte, le lecteur insatiable. "Il aimait Tacite, il aimait Tite-Live, il adorait Corneille et Voltaire". Et les romans d’amour. "J’ai une conviction qui est peut-être un peu difficilement défendable, mais c’est la mienne, c’est que la caricature de lui que beaucoup de personnes font, assoiffé de sang, l’ogre, le monstre en fait, ça ne tient pas beaucoup avec ce qu’on sait de son amour pour les romans d’amour", s’emballe Louis Sarkozy. "Les vrais monstres, ça ne fond pas en larmes en lisant Paul et Virginie", enchaîne-t-il. "Ils ne passent pas dix ans de leur vie à étudier les subtilités romantiques de la Nouvelle Héloïse", poursuit le grand gaillard aux bras musclés. Et tatoués. Le 15 mai, Louis Sarkozy dédicacera son livre pour la première fois. Et tiens, ce sera – bizarrement – à Menton. 1. Editions Passés composés, 23,50 euros.