Astronomie: les indices de la vie ailleurs agacent Michel Mayor

Abo Chasseur d’autres mondes – Les indices de la vie ailleurs «agacent» Michel Mayor Le Nobel vaudois, qui a découvert la première exoplanète de l’histoire il y a trente ans, évoque les effets d’annonce qui agitent son domaine. Emmanuel Borloz Observatoire de Genève, rencontre avec Michel Mayor, Nobel de physique 2019, pour parler de la vie ailleurs dans l'univers. LAURENT GUIRAUD/TAMEDIA Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk En bref : L’astrophysicien Michel Mayor célèbre les trente ans de sa découverte historique. La recherche d’exoplanètes mobilise désormais des milliers de scientifiques dans le monde. Les annonces précipitées de découverte de vie extraterrestre irritent le lauréat Nobel. Le scientifique rejette catégoriquement l’idée d’une colonisation humaine prochaine sur Mars. Sa découverte a littéralement changé la face du monde. Et la façon dont ceux qui y vivent perçoivent leur place dans l’univers. Il y a trente ans, en octobre 1995, Michel Mayor et son doctorant de l’époque, Didier Queloz, identifient la première planète hors du système solaire de l’histoire. 51 Pegasi b, planète qui orbite autour d’une autre étoile que le Soleil, dans la constellation Pégase. À 51 années-lumière de la Terre. La vertigineuse chasse des autres mondes est lancée, elle ne s’arrêtera plus. Trois décennies et une avalanche de prix décernés pour cette découverte, dont le plus prestigieux de tous – le Prix Nobel de physique en 2019 – Michel Mayor lance cette année anniversaire avec une conférence et une exposition à Genève. Même avant le Nobel, vous nous disiez déjà qu’il ne passait pas un jour sans qu’on vous parle de 51 Pegasi. Vous n’en avez pas marre? Oui, il y a trop (rires), ça c’est clair. Au bout d’un moment, avec toutes ces sollicitations, on fatigue un peu. Mais, dans le même temps, je ressens une telle curiosité que ça fait plaisir. Disons que je serre un peu la vis: j’acceptais plus de 30 invitations par année, aujourd’hui, c’est 20. Le contenu qui place des cookies supplémentaires est affiché ici. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Autoriser les cookies Plus d'infos C’est le prix à payer quand on a décroché un Nobel? La semaine dernière, j’étais à un événement avec cinq ou six Prix Nobel: ils sont tous dans le même cas. Mais, encore une fois, l’intérêt du public fait plaisir, même pour des sujets loin d’être évidents, du boson de Higgs aux trous noirs en passant par l’étude des exoplanètes. Revenons à votre domaine. Qu’est-ce qui a changé en trente ans dans la recherche d’autres mondes? D’un domaine de niche peu considéré et qui sentait le soufre, la traque d’exoplanètes est devenue un secteur de premier plan. D’une poignée de personnes, on est passé à des dizaines de milliers. Et ça ne fait qu’augmenter. Prenez le James Webb Telescope: 30% de ses observations sont liées aux exoplanètes. Lorsqu’il a été conçu, on découvrait à peine la première. Au dernier pointage, on est à plus de 5700. Le contenu qui place des cookies supplémentaires est affiché ici. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Autoriser les cookies Plus d'infos Récemment, des astronomes ont annoncé avoir détecté des signes de vies «prometteurs» sur une exoplanète. Que pensez-vous de ces annonces qui se multiplient? Ça m’agace un peu. En l’occurrence, elles viennent de gens qui ne prennent pas la peine de garantir et de vérifier leurs observations. Alors que c’est la base de la science. Quand nous avons découvert l’exoplanète, nous avons attendu une année pour tout vérifier avant de confirmer la découverte. Là, je sens qu’on est dans l’effet d’annonce. Vous n’y croyez donc pas? Je ne crois pas à la découverte «eurêka, ça y est, on a trouvé». Les choses sont plus compliquées, ça se fera par petites touches, par des avancées, en étudiant les atmosphères, par exemple. C’est du reste ce qui se fait ici, à l’Observatoire astronomique de Genève. On n’abandonne pas la recherche de nouvelles exoplanètes. Mais même le James Webb peine avec des planètes terrestres, leur atmosphère est trop petite. Le contenu qui place des cookies supplémentaires est affiché ici. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Autoriser les cookies Plus d'infos La grande annonce n’est donc pas pour demain? Probablement pas. À plus long terme, un projet de la NASA prévoit de faire de l’imagerie des planètes rocheuses, mais on en est encore loin. Revenons à aujourd’hui et aux conférences lémaniques à venir. Arrive-t-il qu’on vous pose des questions qui vous sidèrent? Dans la plupart du temps, non. Les questions sont souvent très intéressantes, parfois même particulièrement pointues, même dans le grand public. Mais il y a aussi des exceptions. Par exemple? Un jour, en Provence, une femme est venue me demander si nous étions sûrs pour la forme de la Terre. Elle devait probablement croire que notre planète est plate, mais je n’ai pas compris. Alors je me suis embarqué dans des histoires de géoïdes, lui expliquant que la Terre n’est pas parfaitement sphérique mais un peu plus large par endroits. Mon épouse, qui avait parfaitement saisi la question, me donnait des coups de pied sous la table. J’ose à peine vous demander ce que vous pensez du projet d’Elon Musk, qui veut «terraformer» Mars… Il pense que dans un siècle, il y a aura un million de personnes sur Mars. C’est complètement dément. Oui, la technologie permet d’aller sur Mars mais, actuellement, on n’a aucun moyen de les faire revenir. Et je rappelle que sur Mars, le sol est toxique. On ne va pas pouvoir y planter des pommes de terre, comme dans les films. Ce sont de belles histoires, mais ce n’est pas de la science. Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l’info? «Tribune de Genève» vous propose deux rendez-vous par jour, directement dans votre boîte e-mail. Pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Se connecter Emmanuel Borloz est à la tête du Digital Desk de Tamedia, responsable des contenus numériques pour «24 heures», «la Tribune de Genève» et «le Matin Dimanche» depuis novembre 2024. Plus d'infos @ManuDeepBlue Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.