Cliquer pour envoyer un lien par e-mail à un ami(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Le comité de pilotage du projet EcoRock Dalhousie a commencé à se rencontrer de façon régulière depuis deux mois maintenant. Et aux dires de l’entreprise, ces rencontres ont mené à des échanges très pertinents. Promis par les promoteurs, ce comité est composé de citoyens et d’intervenants de différents secteurs (communauté, gens d’affaires, environnement, etc.). Son objectif: partager chaque étape du développement du projet afin d’assurer la plus grande transparence possible auprès de la communauté, tout en recevant au passage les commentaires et inquiétudes de celle-ci. Ces échanges ont pour but d’améliorer le projet tout en favorisant son acceptabilité sociale. EcoRock Dalhousie, rappelons-le, projette d’exploiter une carrière de pouzzolane – une roche volcanique prisée par l’industrie du béton – dans la municipalité de Baie-des-Hérons. Le projet est toutefois loin de faire l’unanimité, aussi bien de ce côté-ci de la baie que de son côté québécois. Jusqu’à présent, le comité s’est réuni à deux occasions, soit en mars et en avril. Une troisième rencontre est prévue d’ici la fin mai. Sur le site web de la compagnie, on peut consulter les minutes de ces deux premières rencontres du comité de pilotage, un résumé passablement bien détaillé des discussions. «Je suis très satisfait du comité de pilotage jusqu’à présent, ça se passe bien. Les gens participent, expriment leurs inquiétudes, leurs opinions et tout ça dans le respect. On a toujours dit qu’on voulait la transparence, et c’est ce qu’on s’efforce de mettre de l’avant.» Ce souci de transparence, le directeur général de l’entreprise, Francis Forlini, en a fait l’une de ses priorités. Il juge en effet primordial de partager les informations à la communauté (par le biais du comité) puisque cela limite à ses yeux la propagation de désinformations. Il note d’ailleurs que depuis le début du comité de pilotage, les esprits se sont calmés sur les réseaux sociaux. «Je ne dis pas qu’il n’y en a plus, mais comme les deux côtés participent au comité de pilotage, tout le monde a accès à l’information», indique-t-il. On ne sait pas encore avec certitude si la pouzzolane décelée dans la carrière de Point-La-Nim en est de qualité suffisante pour l’industrie du ciment. – Acadie Nouvelle Jean-François Boisvert Francis Forlini, directeur général d’EcoRock Dalhousie. – Acadie Nouvelle Jean-François Boisvert Le projet d’EcoRock Dalhousie ne fait pas l’unanimité et ce, des deux côté de la Baie des Chaleurs comme le démontre ce manifestant lors de la célébration du Jour de la Terre à Pointe-à-la-Croix le mois dernier. – Acadie Nouvelle Jean-François Boisvert Convoyeur privilégié Un des sujets majeurs abordés par le comité concerne le transport des matériaux du site d’excavation jusqu’au port de Dalhousie. Trois options étaient sur la table: le transport par camion, par rail ou par convoyeur électrique. Une étude comparative a été menée par un cabinet de conseil en ingénierie et logistique, et ce dernier en est arrivé à la conclusion que la meilleure option était un convoyeur. Précisément, on parle d’un convoyeur fermé d’un mètre de large et d’une longueur de 2,6 km. Celui-ci fonctionnerait principalement au sol, mis à part une section qui passerait possiblement au-dessus de la route 134. Plus silencieux, moins polluant, moins dangereux et plus économique, celui-ci coche toutes les cases. Beaucoup plus bruyant, le chemin de fer croisait des intersections critiques, comme l’entrée de la marina. Idem pour le transport par camion qui, de surcroît, provoquerait une augmentation notable du trafic routier et du risque d’accident. Dans les faits, le camionnage s’est avéré le pire des trois scénarios étudiés. «À tous les niveaux de la grille d’évaluation, le convoyeur arrivait en tête des critères. C’est l’option la plus sécuritaire, la moins bruyante, et c’est aussi la moins dispendieuse à long terme. On s’enligne donc avec cette option», indique M. Forlini. Dragage Si la question du transport terrestre a fait une avancée majeure, celle du transport maritime pose par contre encore d’importants défis. Selon M. Forlini, l’accumulation de sédiments au quai de Dalhousie et la profondeur du chenal rendent un dragage inévitable pour la taille des navires prévus pour le transport du minerai. «Il y a un endroit par exemple où il n’y a pas trois mètres d’eau, donc c’est vraiment impossible d’accoster des bateaux», souligne-t-il. Or, ce processus soulève des inquiétudes quant à une remise en suspension de métaux lourds se trouvant potentiellement toujours enfouis en profondeur. Pour répondre à ces craintes, des échantillonnages plus creux que ceux réalisés jusqu’ici doivent débuter d’ici les prochains jours. «On veut valider s’il reste encore des contaminants enfouis malgré le dernier dragage effectué en 2013. On veut voir s’il a pas mal tout enlevé», précise le directeur. Les Premières Nations de la Baie des Chaleurs se sont par ailleurs montrées très réticentes face à la possibilité à un dragage au quai et dans le chenal, craignant qu’un tel brassage soit nocif pour la pêche aux homards et aux saumons. Toujours pas coulé…dans le béton Lors de l’une des réunions du comité de pilotage, le directeur général d’EcoRock a confirmé que des tests touchant la pouzzolane sont toujours en cours. C’est que la qualité pouzzolanique du gisement trouvé dans le secteur Dalhousie pourrait ne pas répondre aux normes industrielles pour la production de ciment. Il faut savoir que plus la pouzzolane est réactive, plus elle se vend cher. Le matériau pourrait donc nécessiter un traitement supplémentaire (broyage plus fin, traitement chimique ou thermique). Plus coûteux à produire, le projet pourrait alors devenir moins attrayant. «On n’a jamais dit que le projet allait être facile, que c’était pour être slam dunk. On a encore beaucoup de jalons à passer avant de dire qu’on a un projet. Si la pouzzolane sur place s’avère moins intéressante qu’on ne le pensait, le projet se limitera peut-être à une carrière d’exportation d’agrégats. Si tel était le cas, ce serait alors un projet beaucoup plus fragile», avoue M. Forlini, notant que l’un des buts du projet était de faire baisser l’empreinte carbone des cimenteries.