Les travaillistes réélus en Australie

Premier ministre depuis une victoire sur le fil aux législatives de 2022, Anthony Albanese a promis de développer les énergies renouvelables, lutter contre la crise du logement et financer davantage le système de santé. (Sydney) Le premier ministre travailliste australien Anthony Albanese a réussi son pari et décroché samedi une nouvelle victoire aux élections législatives, selon la projection du diffuseur public ABC, au terme d’une campagne marquée par le pouvoir d’achat, l’environnement et les droits de douane américains. Steven TRASK Agence France-Presse « Merci au peuple australien de me donner la chance de continuer de servir la meilleure nation au monde », s’est réjoui le premier ministre face à ses partisans réunis à Sydney. Plus tôt, une projection du diffuseur public ABC avait affirmé que le parti de centre gauche allait « former le gouvernement dans le prochain Parlement ». Et comme un coup de tonnerre dans le paysage politique australien, le meneur de l’opposition conservatrice Peter Dutton, chef du Parti libéral, a lui-même perdu son siège au profit d’une travailliste, selon ABC. PHOTO MICK TSIKAS, AAP IMAGE FOURNIE PAR REUTERS Le meneur de l’opposition conservatrice Peter Dutton « Nous n’avons pas fait assez bien lors de cette campagne – cela est évident ce soir, et j’en assume l’entière responsabilité », a déclaré M. Dutton à ses soutiens en concédant publiquement la défaite de son camp. Le Parti travailliste est en tête dans 77 circonscriptions sur 150, selon la projection officielle de la Commission électorale australienne, au-dessus de la barre des 76 sièges nécessaires pour décrocher une majorité au sein de la chambre basse. Les Australiens étaient appelés à choisir les 150 membres de la nouvelle chambre basse et renouveler environ la moitié du Sénat. À Sydney, des électeurs ont pu engloutir des « saucisses de la démocratie » passées sur le grill après avoir voté — un rituel électoral dans le pays océanien — quand d’autres, au sortir d’une baignade matinale, sont venus déposer leur bulletin en maillot de bain, a constaté l’AFP. Premier ministre depuis une victoire sur le fil aux législatives de 2022, M. Albanese, 62 ans, a promis de développer les énergies renouvelables, lutter contre la crise du logement et financer davantage le système de santé. Parlementaire depuis 1996, d’origine modeste, il met souvent en avant un mode de vie décontracté pour parler à la classe moyenne, animant ses rassemblements en tant que DJ, cannette de bière à la main, ou en arrivant accompagné de son caniche Toto lors d’entretiens télévisés. PHOTO DAVID GRAY, AGENCE FRANCE-PRESSE Le premier ministre Anthony Albanese et sa conjointe Jodie Haydon arrivent avec leur chien Toto à un bureau de vote dans une école primaire de la banlieue de Marrickville, le 3 mai 2025 à Sydney. Il était donné en légère avance dans les sondages sur Peter Dutton, un ancien policier de la brigade des stupéfiants, âgé de 54 ans, qui disait vouloir réduire l’immigration, s’attaquer à la délinquance et se débarrasser d’une interdiction du nucléaire civil dans le pays. Effet Trump Le premier ministre britannique Keir Starmer, travailliste comme M. Albanese, a salué sur X la victoire de son homologue, louant les liens « plus étroits que jamais » entre les deux pays. « Nous continuerons à travailler ensemble sur nos ambitions communes […] afin d’améliorer la vie des travailleurs » d’Australie et du Royaume-Uni, a-t-il ajouté. La campagne électorale a été bousculée dès les premiers jours par l’offensive commerciale de Washington : l’Australie fait l’objet de droits de douane américains de 10 % sur une grande partie de ses marchandises. Certains sondages indiquaient que le soutien aux conservateurs s’était amoindri en raison de la politique de Donald Trump, qualifié de « grand penseur » par M. Dutton au début de l’année – il avait ensuite opéré un changement de ton. Anthony Albanese a, lui, condamné les surtaxes américaines, y voyant un acte d’« autodestruction économique » et un « geste indigne de la part d’un [pays] ami ». L’économie a préoccupé les électeurs, de nombreux ménages australiens étant affectés par l’augmentation du prix des denrées alimentaires, de l’électricité ou encore du carburant. « On va faire les courses et, pour 50 balles (environ 44 dollars canadiens), on finit avec un petit sac. C’est juste intenable », expliquait à l’AFP le musicien Hus Sali, 69 ans, en amont du scrutin. Les électeurs d’Australie, géant de la production de charbon, devaient aussi départager deux dirigeants aux visions contrastées sur le changement climatique et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le gouvernement travailliste de M. Albanese a promis de faire de l’Australie une superpuissance des énergies renouvelables même s’il a accordé des permis à de nouveaux projets miniers et des subventions à des industries polluantes. M. Dutton proposait pour sa part de construire sept réacteurs nucléaires pour 200 milliards de dollars américains et se détourner dans le même temps des énergies renouvelables.