Une juge américaine autorise l'expulsion d'un meneur du mouvement étudiant propalestinien aux Etats-Unis

L'administration Trump a lancé une vaste offensive contre des universités américaines pour museler le mouvement propalestinien, l'accusant d'antisémitisme, en coupant des fonds fédéraux et en révoquant les visas de centaines d'étudiants. Un exemple des menaces contre la liberté d'expression sous Donald Trump ? Une juge administrative a validé vendredi 11 avril le principe de l'expulsion par les autorités américaines de Mahmoud Khalil, figure des manifestations propalestiniennes au sein de la prestigieuse université new-yorkaise Columbia. Titulaire d'une carte de résident permanent ("green card"), cet ancien étudiant de Columbia, fils de Palestiniens et né en Syrie, a été interpellé le 8 mars et placé en détention à Jena (Louisiane) dans un centre de rétention des services américains d'immigration (ICE). Ses avocats avaient annoncé leur intention de faire appel en cas de jugement défavorable. Sommé par la magistrate administrative Jamee Comans de produire des éléments à charge pour justifier son expulsion, le gouvernement américain a communiqué jeudi une lettre signée du secrétaire d'Etat Marco Rubio et publiée par des médias américains. Marco Rubio dit s'appuyer sur des informations des services d'immigration et du ministère de la Sécurité intérieure selon lesquelles cet ancien étudiant récemment diplômé a participé à "des manifestations antisémites et des activités perturbatrices". Mais le gouvernement ne donne aucun fait précis pour étayer ces accusations, ni dans cette lettre ni ailleurs. Aucun fait précis ne lui est reproché Le chef de la diplomatie américaine explique avoir "établi que les activités et la présence" de Mahmoud Khalil sur le territoire américain pourraient "avoir des conséquences potentiellement négatives pour la politique étrangère" des Etats-Unis, surtout en matière de "lutte contre l'antisémitisme dans le monde et aux Etats-Unis". Mais le ministre reconnaît que les activités de Mahmoud Khalil étaient "légales par ailleurs". Mahmoud Khalil a regretté qu'"aucun des principes" de respect du droit et des procédures n'aient été appliqués par la magistrate. "C'est exactement pour ça que l'administration Trump m'a envoyé devant ce tribunal, à plus de 1 500 km de chez moi", a ajouté celui qui possède la nationalité algérienne et qui a engagé parallèlement une autre procédure devant un tribunal fédéral du New Jersey pour contester la légalité de sa détention. Pour Marc van der Hout, un des avocats du militant propalestinien, le gouvernement américain se livre "à une instrumentalisation du droit des étrangers pour empêcher la dissidence". L'administration Trump a lancé une vaste offensive contre des universités américaines en les accusant de laisser prospérer l'antisémitisme et de ne pas protéger les étudiants juifs. Le gouvernement a supprimé ou menacé de supprimer des milliards de dollars de fonds fédéraux à Columbia, Harvard, Princeton et plusieurs autres établissements. L'offensive s'est poursuivie cette semaine, de nombreuses universités ayant confirmé que les visas de certains de leurs étudiants avaient été révoqués : plusieurs centaines d'étudiants sont concernés, selon des médias américains.