Les images sont glaçantes. Jeudi, six personnes sont décédées dans le crash d’un hélicoptère qui s’est abîmé au large de Manhattan, à New York, aux Etats-Unis. Le pilote et une famille de cinq touristes espagnols, dont trois enfants, n’ont pas survécu. L’appareil s’est écrasé dans le fleuve Hudson, non loin de la ville, relançant le débat sur le trafic aérien dans la Grosse Pomme. Faut-il y réfléchir aussi à Paris ? Coupons court à tout suspense : la tragédie survenue à New York a très peu de chance de se produire dans la capitale française. D’abord parce que le nombre de vol au-dessus des deux villes est sans commune mesure. Jusqu’en 2016, la ville américaine autorisait pas moins de 60.000 vols touristiques par an. Un chiffre réduit à 30.000 à la suite d’un accord signé entre le maire et les opérateurs. Ce même accord confine les hélicoptères au-dessus des fleuves entourant Manhattan, avec une pause obligatoire le dimanche. Selon un décompte du New York Times, pas moins de 32 personnes sont mortes dans de tels accidents dans la métropole au cours des cinquante dernières années. Et à Paris ? Il n’y a aucun survol… ou presque. Certes, il existe depuis 2024 un projet de taxis volants dans la capitale. Certains investisseurs ne désarment pas, mais il a été retoqué par le Conseil d’Etat. En attendant, « il faut une autorisation spéciale accordée par la préfecture de police de Paris pour organiser un vol au-dessus de la ville. Et franchement, cela n’arrive quasiment jamais », explique Bruno Muthelet, responsable chez HBG Hélicoptère, groupe basé à l’Héliport de Paris qui se situe… à Issy-les-Moulineaux. Exceptions pour les missions d’intérêt public La législation interdit en effet tout survol de Paris par un aéronef hors mission d’intérêt public. A l’exception d’aéronefs militaires, de la Sécurité civile, de supervision (comme le réseau électrique par RTE ou de certaines lignes ferroviaires par la SNCF) et quelques autorisations accordées pour la captation télévisée de certains événements, aucun hélicoptère n’est autorisé dans l’espace aérien parisien. Une interdiction justifiée par les nuisances sonores que cela peut engendrer, les risques de crash comme à New York (avec les victimes collatérales que cela pourrait entraîner), et la sécurité publique (risques d’attaques militaires ou terroristes, espionnage…). Tout contrevenant à cette interdiction, et sans autorisation de la préfecture de police, s’expose à des peines allant jusqu’à un an d’emprisonnement, 45.000 euros d’amende et la confiscation de son objet volant. En prime, en cas de danger identifié par les autorités, il pourrait recevoir la visite d’avions de chasse de l’armée de l’air et de l’Espace. Paris assez petite pour l’admirer depuis ses alentours Il est toutefois possible d’admirer la capitale vu du ciel et sous les pales d’un hélicoptère… en tournant autour. « Il existe un itinéraire autorisé qui permet de faire le tour de la ville. En partant de l’héliport de Toussus (Yvelines) par exemple, on longe la ville par le sud, jusqu’à porte de Bagnolet, puis direction le Stade de France. Ensuite, on embraie sur le port de Gennevilliers, le Camp des Loges et le Château de Saint-Germain-en-Laye, et on repart vers l’héliport », détaille Bruno Muthelet. Contrairement à des villes comme New York (783,8 km²) ou Londres 1.572 km², Paris est une « petite » grande ville (105,4 km²). « Cela permet d’avoir une vue imprenable et de tout voir : les Invalides, la tour Eiffel, Montparnasse, le cimetière du Père Lachaise, la bibliothèque nationale et même les Champs-Elysées dans l’axe de la Défense », assure Bruno Muthelet. Le tarif ? 650 euros environ pour une heure de vol. « Il y a une vraie différence de culture entre les Etats-Unis et la France. Ici, c’est assez rare de manière générale. Aux Etats-Unis, ils l’utilisent comme ils utilisent le taxi. Pour le tourisme, pour survoler une chute d’eau, pour se rendre d’un point A à un point B, qu’ils soient proches ou non… », précise le spécialiste.