Un village de la Martinique retrouve son Chemin des Acadiens

Cliquer pour envoyer un lien par e-mail à un ami(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Cliquer pour partager sur Bluesky(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Cliquer pour partager sur X(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Ça y est. C’est officiel. Après avoir disparu pendant près d’un siècle, le Chemin des Acadiens de Champflore a repris son nom d’origine, dimanche, lors d’une cérémonie en Martinique. Denis Savard denis.savard@acadienouvelle.com En 1763 après le Traité de Paris, un groupe d’Acadiens exilés dans l’État de New York signent une pétition demandant d’être rapatrié en territoire français, explique André-Carl Vachon, auteur d’Une petite Cadie en Martinique (Grande Marée, 2017). Un marchand canadien est alors chargé de recruter 150 Acadiens pour établir un établissement agricole en Martinique, dans le but de ravitailler l’île en bétail et de certains légumes, des denrées jusque-là importées des colonies américaines. L’établissement devait aussi servir de poste de relais pour passer de Saint-Pierre (à l’ouest de l’île) à La Trinité (à l’est) par les terres. 129 Acadiens ont répondu à l’appel des Antilles. «C’est un réel plaisir que j’ai l’honneur de vous accueillir dans cette commune du Morne-Rouge chargée d’une histoire encore méconnue. De votre histoire, de notre histoire commune…», expliquait la mairesse Jenny Dulys-Petit, lors du dévoilement officiel du nom réapproprié, devant des résidents du coin et des visiteurs canadiens. «Je veux tout particulièrement rendre hommage à nos amis acadiens et alsaciens qui ont été les pionniers du développement de la commune; commune qui avant eux ne se développait qu’à l’ombre du rayonnement de la ville de Saint Pierre.» L’auteur André-Carl Vachon explique qu’après avoir présenté son ouvrage sur la Martinique en 2017, il a reçu un message d’un historien local lui proposant une carte de 1928, où l’on indiquait toujours l’existence d’un «Chemin des Acadiens». Cette désignation était depuis disparue. «À la suite de mon retour, c’est Vincent Hugues-Belrose qui m’a envoyé la carte. Avec mon audace d’enseignant, je me suis dit ‘qui n’essaie rien n’a rien’.» C’est ainsi qu’il a écrit à la mairie de Morne-Rouge pour proposer que le chemin en question reprenne son nom d’origine. Huit ans plus tard, la mémoire des Acadiens est de nouveau affichée sur les panneaux routiers de Champflore, dans la commune de Morne-Rouge. Gérard Monstin, élu de la ville du Carbet et représentant le président du Parc naturel régional de la Martinique, l’auteur André-Carl Vachon et la mairesse de Morne-Rouge, Jenny Dulys-Petit, dévoilent le nouveau panneau du Chemin des Acadiens le dimanche 13 avril 2025 à Champflore en Martinique. – Gracieuseté Gérard Monstin, élu de la ville du Carbet et représentant le président du Parc naturel régional de la Martinique, l’auteur André-Carl Vachon et la mairesse de Morne-Rouge, Jenny Dulys-Petit, dévoilent le nouveau panneau du Chemin des Acadiens le dimanche 13 avril 2025 à Champflore en Martinique. – Gracieuseté «Ils sont vraiment très, très fiers de ça, avance Vachon, qui était accompagné d’un groupe de touristes généalogiques du Québec pour l’occasion. Ils sont contents de faire connaître cette partie de l’histoire de la Martinique qui est vraiment très peu connue. Il y a quelque chose de très important : il n’y avait auparavant que des terrains sauvages. J’ai envie de te le dire, c’était la forêt tropicale : il n’y avait rien. Ils ont défriché le tout en flanc de montagne.» La petite colonie a subi un dur coup le 16 août 1776, lors d’un passage d’un cyclone qui a fait de nombreuses victimes. Plus récemment, en 1902, l’éruption du volcan Pelée a tué 25 000 insulaires. Dans son sillon, il a aussi détruit de nombreux documents qui nous empêchent aujourd’hui d’établir un lien généalogique avec les habitants actuels. Mais on sait que certains habitants portaient toujours un nom acadien en 1902. «Il y a effectivement les noms de certaines familles acadiennes que j’avais ciblées. Des Martin, des Hébert et des Benoît figurent sur le mémorial», indique l’auteur. Une douzaine d’Acadiens ont aussi quitté l’île pour gagner le Québec, dont certains de ses ancêtres. Si les maladies tropicales ont fait des ravages dans d’autres tentatives de rétablissement plus au sud pendant le Grand Dérangement, ce sont plutôt les catastrophes naturelles qui sévissent contre les pionniers acadiens de Champflore.