La décision, rendue par le tribunal judiciaire de Paris, porte un grand coup aux sites de téléchargement illégaux, spécialisées dans le streaming illégal et le partage de liens BitTorrent. L’ordonnance judiciaire qui vient de tomber, et concerne les quatre principaux fournisseurs d’accès à Internet (FAI) français — Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free Mobile — qui disposent de deux semaines pour mettre en œuvre le blocage. Au total, 17 sites principaux et des dizaines de noms de domaine alternatifs sont visés, ces derniers servant à contourner les précédents blocages. Parmi les plateformes ciblées, on retrouve Torrent9 et Cpasbien, ou encore Monstream, spécialisé dans le streaming illégal. Un jeu du chat et de la souris sans fin Pour échapper aux mesures de blocage, les sites pirates ont de la ressource : ils multiplient les points d’accès en utilisant une grande variété de noms de domaine. Ainsi, Torrent9 dispose de 28 adresses différentes, qui permettent de brouiller les pistes, en complexifiant la censure des autorités. Il n’est ainsi pas rare de voir des extensions de domaine comme que .ceo, .men, ou encore .ninja. La décision du tribunal prévoit la possibilité d’actualiser la liste des adresses à bloquer, afin de répondre à l’évolution constante des sites pirates qui changent régulièrement de noms de domaine pour contourner les restrictions. Ce mécanisme dynamique est crucial, car il prévoit de s’adapter au jeu des plateformes, qui rivalisent d’imagination pour rester accessibles, malgré le blocage. Un blocage très limité Selon l’ARCOM, l’autorité française de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, le blocage de sites a permis de réduire significativement l’audience des plateformes illégales : entre 2021 et 2023, la part des internautes français adeptes du piratage est passée de 22% à 16%, rapportent les chiffres officiels. Reste que de nombreux utilisateurs contournent ces blocages via des VPN ou des DNS alternatifs, ce qui limite grandement l’efficacité de la mesure. Les ayants droit, soutenus par les autorités, multiplient les actions en justice pour faire évoluer la jurisprudence et adapter les moyens de lutte aux nouvelles pratiques des pirates, mais c’est (aujourd’hui en tout cas) loin d’être suffisant. Le blocage de 60 adresses de sites pirates, dont Monstream, Torrent9 et Cpasbien, marque une nouvelle étape dans la lutte contre le piratage, avec la possibilité pour les FAI de mettre directement à jour leurs listes.