« Les Traîtres » : « Mon exclusion de LFI était un abus de pouvoir », estime Raquel Garrido
Attention, cet entretien révèle des éléments clés des épisodes 5 et 6 diffusés jeudi. Coup de théâtre dans « Les Traîtres ». Après que Logfive a été démasqué et éliminé du jeu de M6, les « traîtres » Sophie Tapie et Adil Rami ont eu l’opportunité d’inviter un « loyal » à les rejoindre. Ils ont porté leur choix sur Raquel Garrido, dont l’éloquence d’avocate fait mouche lors des tours de tables. Mais, comme on l’a vu dans le sixième épisode, cette dernière a refusé la proposition et a stupéfié tous les candidats en révélant cela publiquement. Elle a ensuite expliqué au confessionnal qu’il était hors de question pour elle d’accepter l’offre des « traîtres » car elle était encore marquée par les accusations de trahison ayant émané de son camp politique après qu’elle a critiqué publiquement Jean-Luc Mélenchon, fin 2023. Elle avait alors été mise en retrait du groupe La France insoumise (LFI) à l’Assemblée nationale. Et elle a perdu son siège de députée après la dissolution au début de l’été, son parti ne l’ayant pas réinvestie pour les législatives. Elle a accepté de raconter à 20 Minutes de quelle manière sa participation au jeu de M6 représente un pied de nez symbolique. Quand vous avez pris connaissance de la lettre des « traîtres » vous proposant de les rejoindre, qu’avez-vous ressenti ? Cela a été d’emblée une évidence : je ne pouvais pas accepter ! Je sais que c’est contre-intuitif parce que, dans ce jeu, tout le monde rêve d’être « traître » en pensant, à juste titre, que c’est la meilleure façon de gagner. Mais moi, j’étais vraiment totalement dédiée à l’idée que les « loyaux » devaient l’emporter. Je voulais gagner avec les « loyaux ». Vous n’avez donc eu aucune hésitation ? Non, aucune. J’ai lu la lettre et, à vrai dire, j’ai été surprise qu’on me fasse cette proposition. Je pensais qu’il était assez évident que ma stratégie était de faire gagner les « loyaux ». Les coups de pression de Francis Huster ont-ils été faciles à gérer ? Ma décision était déjà prise bien avant que Francis se mette à développer ses argumentaires. La difficulté, c’était que je ne pouvais pas lui dire que j’avais refusé de rejoindre les « traîtres », il fallait que j’attende la table ronde du soir. Lui, il se désespérait à l’idée que quelqu’un avait trahi. A un moment donné, j’ai essayé de lui dire, sans trop lui dire, pour qu’il comprenne qu’il y avait quand même un peu d’espoir. Vous avez expliqué que vous avez refusé ce rôle de « traître » car vous avez souffert d’avoir, dans votre carrière politique, été accusée de trahison. Aussi avez-vous dit qu’il était hors de question que vous jouiez ce rôle-là. Le traumatisme était encore présent ? C’est vrai que c’est un traumatisme pour moi. Parce que ça concerne effectivement l’épisode récent de mon exclusion ou, plutôt, de ma répudiation, je dirais, par Jean-Luc Mélenchon, sous des prétextes qui sont pour moi vraiment inacceptables. J’ai toujours été loyale à mes idées en politique. Je continue de l’être. J’ai trouvé que mon exclusion, c’était un abus de pouvoir. Et tout ça a enrobé d’un vernis de l’accusation de trahison. Pour moi, c’est l’agresseur qui se victimise. Et donc oui, en effet, c’était pour moi quelque chose de rédhibitoire. Est-ce que, justement, vous avez hésité à participer à une émission qui s’appelle « Les Traîtres » ? Par rapport à ce que cela pouvait réveiller en vous et par rapport au regard que le public pouvait porter sur vous ? Oui, bien sûr, parce que, premièrement, quand on accepte de participer à ce jeu, on n’a aucune certitude sur le rôle qui nous sera attribué. On ne peut avoir aucune garantie d’être « traître » ou d’être « loyal ». Cela représentait donc un certain danger. Mais après en avoir parlé avec mes enfants, mon mari, mes proches, j’ai été convaincue d’y aller. Et aussi, le moment était venu pour moi de surmonter un peu tout ça. C’est une forme de pied de nez. J’ai pris le stigmate et je l’ai renversé. D’accord. Ça me permet aussi de sortir de ce conflit-là, et de ce moment difficile-là, par l’humour. Parfois, il faut savoir transformer le tragique en comique. Aujourd’hui, vous êtes apaisée par rapport à ça ou ça reste une blessure longue à cicatriser ? Ça reste, mais je ne suis pas rancunière. Je pense même, et ça peut surprendre, que le Nouveau Front Populaire, les 9 millions de personnes qui ont voté toutes ensemble aux législatives de 2024, doivent rester unies, y compris avec les Insoumis. Donc, vous voyez, je pratique le pardon des offenses (elle rit). Avez-vous l’impression que l’émission permet de vous redécouvrir sous un nouveau jour et de balayer certains préjugés ? D’abord, ça a permis aux autres participants, qui avaient eux-mêmes des préjugés à l’égard des hommes et des femmes politiques, de peut-être réviser leur jugement. Et pour les téléspectatrices, les téléspectateurs, c’est pareil, je crois. A travers moi, ils s’aperçoivent qu’il y a aussi des hommes et des femmes tout à fait sincères en politique. Et je pense que c’est utile à tout le monde de pouvoir se défaire de certains préjugés.