Aux États-Unis, ces lieux illustrent bien comment Donald Trump a bouleversé le pays en trois mois

Après 90 jours passés à la Maison Blanche, le président américain a largement entamé une mue du pays qui apparaît presque sans limites. ÉTATS-UNIS - Trois mois. Donald Trump passe ce dimanche 20 avril un cap symbolique à la Maison Blanche. Bien plus actif que lors de son premier mandat en 2017, le président américain a signé plus de 120 décrets – dont 104 durant les 65 premiers jours – ce qui n’avait jamais été réalisé jusque-là. Depuis son investiture le 20 janvier dernier, le président républicain a joué au chamboule-tout avec les institutions et les traditions américaines que ce soit en matière d’éducation, d’emploi, d’économie ou de diplomatie… Pour revenir sur ces trois premiers mois particulièrement agités, Le HuffPost a choisi six lieux qui illustrent ces changements souvent brutaux. Les universités sont particulièrement dans le viseur de Donald Trump. Son administration a commencé à couper dans leurs subventions, accusant certaines d’antisémitisme et d’autres de promouvoir des politiques de diversité et de lutte contre les discriminations, comme en Pennsylvanie avec le cas d’une nageuse transgenre. En début de semaine, la Maison Blanche a gelé 2,2 milliards de dollars de subventions à Harvard après le refus de l’université de se plier à ses exigences. « Harvard est une blague qui enseigne la haine et l’imbécillité, et qui ne devrait plus recevoir de fonds fédéraux », a renchéri Donald Trump sur Truth Social quelques jours plus tard. Il avait déjà dénoncé le prétendu « harcèlement des étudiants juifs » sur le campus, qui a été le théâtre d’une mobilisation étudiante contre la guerre menée par Israël à Gaza. Outre l’université basée à Boston, l’administration Trump a coupé 1 milliard de dollars de subventions à Cornell, 790 millions à Northwestern, 400 millions à Columbia… Derrière ces attaques se trouve une cible plus globale pour Donald Trump : la gauche américaine, formée dans ces établissements réputés progressistes. Un feuilleton financier aux rebondissements quasi quotidiens depuis plusieurs semaines. La guerre commerciale lancée par Donald Trump contre le reste du monde – et notamment la Chine qui voit aujourd’hui ses produits particulièrement surtaxés sur le sol américain – bouleverse les marchés mondiaux. À Wall Street, le Dow Jones et le Nasdaq ont été particulièrement secoués depuis le début du mois d’avril. Au point que certains élus démocrates crient au délit d’initié et à la manipulation des cours de bourse, ceux-ci fluctuant presque instantanément à la hausse ou à la baisse au gré des prises de position du président républicain. Entre négociations, accords ou fatalisme, les pays ciblés s’adaptent comme ils peuvent face à la girouette américaine. Campings fermés, poubelles qui débordent, toilettes mal entretenues, risques pour la sécurité des visiteurs : voici ce qui pourrait attendre les touristes pour la saison estivale dans les parcs nationaux. Après des réductions de leurs effectifs imposées par l’administration Trump, les parcs s’attendent à un été difficile à cause du manque de personnel. Ils ont perdu près de 1 500 employés permanents depuis le début de l’année et « se prépare[nt] à une nouvelle réduction d’effectifs prévue dans un avenir très proche », selon le président de l’Association des gardes de parc nationaux basée en Arizona. Nombre d’entre eux ont été licenciés, d’autres ont préféré quitter leur emploi. Or l’année dernière, 331 millions de visiteurs avaient été accueillis dans les parcs nationaux américains – un record – qui sont normalement gérés par plus de 20 000 employés et 300 000 bénévoles. Ces coupes dans les personnels des parcs ne représentent qu’une petite partie de la purge imposée aux services fédéraux. Des milliers de fonctionnaires ont été limogés depuis le 20 janvier au Pentagone, au Trésor ou encore à l’Agriculture, principalement chez des employés en période d’essai. Au ministère de la Santé, une restructuration massive a conduit à la suppression de près d’un quart des effectifs. Si ces licenciements font souvent l’objet de recours – fructueux ou non – devant les tribunaux, la saignée est brutale dans les services gouvernementaux. À peine deux jours après son investiture en janvier, Donald Trump a multiplié les mesures et annonces pour lutter contre l’immigration illégale. Près de 1 500 militaires supplémentaires ont été déployés à la frontière mexicaine, et l’état d’urgence y a été déclaré. En début de semaine, une note de la Maison Blanche a autorisé le ministère de la Défense à militariser plusieurs portions de terres fédérales à la frontière en Arizona, en Californie et au Nouveau-Mexique. Concrètement, cela signifie que tout migrant qui franchirait la frontière américaine pénétrerait sur une base militaire, ce qui permettrait aux troupes de le retenir jusqu’à l’arrivée des agents de la police des frontières. Quand bien même cette mesure constituerait une violation d’une loi fédérale datant de 1878. Ce durcissement à la frontière mexicaine est symptomatique de la volonté du président d’ériger la lutte contre l’immigration clandestine en priorité absolue. Expulsions à tour de bras, loi requérant la détention par les forces fédérales des migrants en situation irrégulière ayant été condamnés ou mis en cause pour certaines infractions, passage en force malgré les décisions de tribunaux : Donald Trump justifie sa politique par une prétendue « invasion » de « criminels venus de l’étranger ». Lieu de pouvoir par excellence, le bureau le plus célèbre de la Maison Blanche, où sont reçus les chefs d’État et personnes influentes de ce monde, a déjà été le théâtre de discussions mémorables en trois mois. On retient bien évidemment la vive altercation entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky fin février, durant laquelle le président américain a tenté d’humilier son homologue ukrainien, qui n’a pas cédé à propos de la guerre dans son pays. Le Bureau ovale sous Trump, c’est aussi l’endroit où il se permet de snober une journaliste star de CNN, de mettre en scène la diplomatie avec Vladimir Poutine par le symbole du téléphone, ou encore de signer comme dans un show télé des dizaines de décrets. La Haskell Free Library and Opera House a la particularité d’être située à cheval sur la frontière américano-canadienne, dans les localités de Derby Line dans le Vermont et Stanstead au Québec. Ce lieu symbolisant l’amitié entre les deux pays, d’ordinaire paisible, est devenu la dernière victime des querelles transfrontalières qui mettent à rude épreuve les relations entre les États-Unis et le Canada. Le mois dernier, la secrétaire américaine à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, était ainsi venue visiter l’endroit, sautant par-dessus le ruban noir matérialisant la frontière à l’intérieur. Une fois au Canada, elle avait alors lancé « 51e État ! », en référence à la fixation de Donald Trump sur l’annexion du Canada. Dans le même temps, les autorités américaines ont annoncé que l’entrée principale de la bibliothèque, située dans le Vermont, serait prochainement fermée aux Canadiens. Pour justifier cela, Washington a invoqué les trafiquants de drogue et les passeurs qui « exploitent » l’accessibilité de l’édifice. Résultat, en vertu de nouvelles règles qui entreront en vigueur à l’automne, les Canadiens devront passer par un poste frontalier officiel avant de pouvoir bouquiner. Depuis son retour à la Maison Blanche, le Canada est l’une des obsessions de Donald Trump. Quand il ne menace pas d’annexion le voisin des États-Unis, il impose des droits de douane élevés sur les importations du pays de l’érable. À voir également sur Le HuffPost : La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. 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