Royaume-Uni : à Scunthorpe, bastion de l’acier, du répit pour les hauts fourneaux menacés

Scunthorpe est une de ces villes qui vit dans le passé, sans un bâtiment neuf dont il est possible de se vanter. Même la galerie d’art contemporain s’est installée dans une ancienne église, au pied des trois tours d’habitation vieillissantes qui marquent la limite du centre – une poignée de rues piétonnes flanquées de boutiques fermées et de chaînes de fast-food. Cette ville du nord-est de l’Angleterre est tout entière tournée vers l’aciérie voisine et vit au rythme de ses hauts fourneaux, mais aussi de ses crises. Ici, le club de foot s’appelle The Iron («le fer») et les employés de British Steel avaient coutume de dire que «le paradis reflète le fruit de leur travail», ces nuits de gros temps où le métal incandescent éclairait les nuages par en dessous. Tony Gosling se souvient des reflets orangés sur les murs de sa chambre d’enfant, des odeurs d’œuf pourri et des bruits qu’on entendait à des miles à la ronde. «Dans la rue où j’ai grandi, tout le monde travaillait dans l’acier, à part le prêtre. Si on rencontrait quelqu’un dont les parents faisaient autre chose, c’était bizarre…» raconte le syndicaliste, en short par tous les temps, pour bien montrer ses deux tatouages sur les mollets : celui du club Scunthorpe United et le blason anglais rouge aux trois lions.