Depuis plusieurs mois, Google fait face à un vaste procès antitrust. Le Département de la Justice américain accuse le géant de la tech de pratiques anticoncurrentielles visant à maintenir son monopole sur la recherche en ligne et la distribution de navigateurs. Plusieurs services sont visés, mais c’est Chrome (qui détient près de 65% des parts de marché) qui cristallise les tensions politico-économiques de l’affaire. La justice examine notamment la possibilité de forcer Google à céder son navigateur phare pour rétablir une libre concurrence, mesure qui rappellerait le démantèlement d’AT&T dans les années 1980. OpenAI peut-il vraiment racheter Chrome ? C’est dans ce contexte que Nick Turley, responsable de ChatGPT chez OpenAI, a été appelé à témoigner à la barre. Interrogé sur l’intérêt d’OpenAI pour Chrome, sa réponse est claire : “Oui, nous le ferions, comme beaucoup d’autres“, partie des candidats au rachat du navigateur en cas de cession forcée. Déjà partenaire de Microsoft (propriétaire de Bing), OpenAI voit logiquement dans Chrome, une opportunité stratégique pour accélérer la distribution de ses produits et offrir une expérience utilisateur enrichie. ChatGPT profite déjà d’une extension pour Chrome, mais son intégration reste superficielle. Turley a expliqué qu’un contrôle plus poussé du navigateur permettrait de créer “une expérience vraiment incroyable“, où l’IA s’intégrerait de façon native à la navigation web. De quoi révolutionner la recherche en ligne, et amorcer le futur des navigateurs IA, rien que ça. Si la justice américaine allait au bout de sa logique, le rachat de Chrome par OpenAI pourrait ouvrir une nouvelle ère, où l’IA first deviendrait le cœur de la navigation. Reste à savoir si cette révolution profiterait réellement aux utilisateurs, ou si elle ne ferait que déplacer le centre de gravité du pouvoir numérique. Enjeu de taille pour OpenAI Malgré un accord d’intégration de ChatGPT dans les produits de la Pomme, OpenAI peine à s’imposer sur Android. L’intégration de ChatGPT et d’autres outils d’IA générative directement dans le navigateur ouvrirait la voie à de nouveaux usages : navigation assistée, recherche intelligente, génération automatique de contenus, personnalisation poussée de l’expérience utilisateur. OpenAI pourrait ainsi transformer Chrome en une interface proactive, capable de comprendre les intentions des internautes et de leur proposer des réponses, des résumés ou des recommandations en temps réel. Difficile dans ce cas-là pour Google, de se passer du concurrent de Gemini. Google, de son côté, conteste la nécessité de céder Chrome et annonce vouloir faire appel de la décision du juge, qui estimait en 2024 que l’entreprise avait abusé de sa position dominante. Le groupe argue que des mesures aussi radicales nuiraient à l’expérience utilisateur et à l’innovation, tout en rappelant que la concurrence reste vive avec Safari (Apple), Edge (Microsoft) et Firefox (Mozilla).