Ce qu'il faut savoir sur le procès du retentissant braquage parisien de Kim Kardashian qui s'ouvre lundi

Il est près de 03H00 du matin, dans la nuit du 2 au 3 octobre 2016, quand deux hommes encagoulés font irruption arme au poing dans la chambre de la star américaine, en peignoir et s'apprêtant à aller se coucher. Elle hurle. Eux, avec un fort accent français dira-t-elle, lui réclament son "ring". Le "ring", c'est sa bague de fiançailles offerte par le rappeur Kanye West, évaluée à quatre millions de dollars (3,5 millions d'euros), que Kim Kardashian, alors 35 ans, exhibe sur les réseaux sociaux comme le reste de sa vie. Un énorme diamant, une célébrité qui descend toujours au même hôtel discret mais peu sécurisé et dévoile en temps réel où elle se trouve: la tentation était trop forte pour les papys braqueurs, comme la presse les a surnommés. "C'était pas un gros vol à main armée" mais une affaire "facile", dira le principal mis en cause, Aomar Aït Khedache, identifié par son ADN. Il a reconnu avoir ligoté Kim Kardashian, mais conteste ce rôle central que lui prêtent les enquêteurs. Il dit avoir été approché par un "commanditaire" qu'il ne nomme pas, qui lui aurait proposé ce "coup" monté grâce à un "informateur" très proche de la star, pouvant leur donner le feu vert. En l'occurrence, cette nuit-là, où elle était seule, son garde du corps ayant accompagné sa soeur Kourtney en discothèque. "Femme du rappeur" Le braquage est express - une dizaine de minutes - mais traumatisera Kim Kardashian. Montant du butin: 10 millions de dollars de bijoux (neuf millions d'euros, depuis remboursés à la star), soit le plus gros vol d'un particulier depuis 20 ans en France. Seul un collier perdu dans la rue lors de la fuite des braqueurs a été retrouvé. L'or aurait été fondu et les enquêteurs, qui ont tout de même saisi des centaines de milliers d'euros chez les suspects arrêtés trois mois après le braquage, pensent qu'une grande partie du butin a été écoulée en Belgique. Star de téléréalité grâce au show "L'incroyable famille Kardashian", devenue puissante femme d'affaires et influenceuse avant l'heure, Kim Kardashian était déjà suivie par quelque 84 millions de personnes sur Instagram en 2016. Elles sont aujourd'hui 357 millions. Pas par ses braqueurs, visiblement: au réceptionniste de l'hôtel menacé, ils avaient demandé "la femme du rappeur". Ils ne se rendront compte de qui elle était qu'après, en voyant l'ampleur médiatique et internationale du braquage. "Emballement médiatique" Le décalage est criant entre les deux mondes qui vont se faire face dans la salle d'audience parisienne où Kim Kardashian a fait savoir qu'elle viendrait témoigner le 13 mai. La moyenne d'âge de ces "truands à l'ancienne" dixit les enquêteurs (seuls deux ont reconnu leur participation) tournait à l'époque autour de 60 ans. Déjà condamnés pour braquages ou trafic de stupéfiants, Aomar Aït Khedache, son comparse Didier Dubreucq et huit autres, comparaîtront libres dans un palais de justice qui va être investi par 400 journalistes dont un quart d'étrangers accrédités. Malgré "l'emballement médiatique", le procès "doit permettre la sérénité des débats", prévient l'une des avocats de la défense, Margot Pugliese. Les juges devront déterminer qui a fait quoi et surtout comment les malfrats ont pu être si bien informés. L'enquête désigne Gary Madar, le frère du chauffeur de Kim Kardashian, qui nie catégoriquement. Neuf ans après les faits, les débats risquent d'être compliqués, avec ces accusés âgés et malades pour certains. L'un est décédé en mars et le cas du doyen, Pierre Bouaianere, 80 ans, sera disjoint, n'étant pas en état d'être jugé. Aomar Aït Khedache, 68 ans, n'entend plus et ne peut s'exprimer que par écrit, explique l'une de ses avocates Chloé Arnoux. Kim Kardashian, qui avait cru son heure venue, n'a pas remis les pieds à Paris pendant longtemps et a arrêté d'exposer sa vie - en temps réel du moins - sur les réseaux. "J'étais vraiment matérialiste" mais "ces truc-là ne m'intéressent plus aujourd'hui, je suis une bien meilleure personne", avait-elle dit en interview. Verdict attendu le 23 mai.