Premier amour d’Alain Delon, jeune égérie d’Alfred Hitchcock dans "La Main au collet", Brigitte Auber a fêté ses 100 ans à Cannes

Sur l’affiche de La Main au collet (To Catch a Thief en version originale), Cary Grant et Grace Kelly sont tout près d’échanger un langoureux baiser de cinéma. Mais dans le thriller romantique d’Alfred Hitchcock, c’est une petite Frenchie qui s’est immiscée entre les deux stars du 7e art. Car la voleuse du film, telle une chatte sur un toit brûlant, celle qui dérobe des bijoux et tente de s’emparer du cœur du beau Cary (alias John Robie, gentleman cambrioleur) c’est bien Brigitte Auber! Le maître avait remarqué sa silhouette de danseuse et son vif tempérament dans Sous le ciel de Paris (1951), alors qu’elle n’avait encore que 26 ans. Pour son projet azuréen, tourné entre Cannes et Monaco, Hitch pense évidemment à elle: "J’arrive dans le bureau de la Gaumont, et je vois une grosse chose affalée dans un fauteuil. Lui se marrait comme un bossu, rapporte l’intéressée dans une interview accordée à Claralaurent.fr en 2018. Hitchcock m’avait prise pour mon physique et mon côté effronté, mais j’avais pris trois kilos lorsque le tournage a débuté sur la Côte d’Azur, et dans mon maillot une pièce, je mourrais de honte..." Décidément coquette, Brigitte avait néanmoins noué une relation complice avec le cinéaste anglais. Mais sans doute pas encore assez au goût de ce dernier (elle aurait refusé ses avances), puisqu’après avoir envisagé de lui donner le premier rôle dans Mais qui a tué Harry?, il lui préférera la débutante Shirley MacLaine. Brigitte Auber a fêté ses 100 ans à Cannes. DR. Alain Delon, un premier amour avant qu’il devienne star Qu’importe, quelques scènes auront suffi à imprimer la pellicule et graver les mémoires du 7è art, en particulier ce duo en bateau, puis sur la plage du Carlton, avec Cary Grant. "Je détestais cette scène car je la trouvais trop vulgaire, mais Cary ne pensait qu’à rigoler. Dans l’eau, il m’enserrait avec ses jambes et paf, il me serrait et me coinçait en dessous!", confessait-elle encore à propos du chouchou d’Hollywood. C’est d’ailleurs à Los Angeles que seront retournées quelques scènes en studio, notamment du ponton du Carlton. Période durant laquelle se renforceront les liens d’amitié entre Brigitte Auber et Grace Kelly, avant que cette dernière rencontre Rainier de Monaco et devienne Princesse grâce à la présentation de La Main au collet au Festival de Cannes… à lire aussi Festival de Cannes, la sélection officielle complétée, Kristen Stewart présente son premier film Retour "sur les lieux du crime" La Croisette aura également laissé une trace indélébile dans le cœur de la Parisienne pur jus. La preuve en est qu’au crépuscule de sa vie, Brigitte Auber a choisi de revenir ici, dans un établissement de retraite où elle célébrera ses cent ans en toute discrétion ce 25 avril. Un retour "sur les lieux du crime" à plus d’un titre. Car en 1957, c’est également au bras de son jeune amant que Brigitte a fait naître la légende Alain Delon au Festival de Cannes. Quelques mois plus tôt, ils s’étaient rencontrés dans l’agitation nocturne de Saint-Germain-des-Prés. L’actrice avait alors pris sous son aile (et sous sa couette) le jeune écorché vif, récemment rentré d’Indochine. à voir aussi "Elle a démodé les jeunes premières un peu mièvres" "Il avait des yeux fantastiques, mais c’était une graine de voyou, et je l’ai foutu dans les pattes d’une copine qui m’a dit: avec la tête qu’il a, il doit faire du cinéma illico, pas la peine d’apprendre...", se rappelait-elle à propos du futur Guépard. Passant des bras de Brigitte à ceux de Michèle Cordoue, Delon sera enrôlé dans le film de son époux, le bien nommé "Comme la femme s’en mêle." Le début d’une incroyable destinée. Quant à Brigitte, elle aura aussi une belle carrière d’une vingtaine de films, même si elle préférait les planches aux plateaux de cinéma. "Rendez-vous de Juillet fut son grand succès, ce fut le film de toute une génération, à l’égal des Tricheurs, estime le critique et ami Henry-Jean Servat. Brigitte, c’était cette jeune fille un peu garçonne et effrontée, un peu délurée, qui a démodé les jeunes premières un peu mièvres de l’époque." Une femme libre qui décoiffait au volant de sa voiture sport décapotable. Et qui était encore présente pour l’hommage rendu à Grace Kelly sur la plage du Touquet il y a une dizaine d’années. "Le prince Albert avait été ravi de la rencontrer et d’échanger avec Brigitte car elle incarne une période de la vie de sa mère qu’il n’a pas connue. Il en a gardé beaucoup de considération pour Brigitte", témoigne encore Henry-Jean Servat. Mais c’est bien Cannes, et non Monaco, qui lui a remis la main au collet...