Intel fait grise mine après des prévisions en baisse
Se connecter Par Esteban Tesson Intel a publié jeudi des prévisions de chiffre d'affaires et de bénéfices inférieures aux attentes pour le deuxième trimestre, ternissant la première intervention publique de son nouveau directeur général, Lip-Bu Tan, dans un contexte de guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. Lors d'une conférence téléphonique avec les investisseurs, Lip-Bu Tan, PDG d’Intel, a esquissé les grandes lignes de son projet de redynamisation de la culture d'innovation d’Intel. Parmi les mesures annoncées : un retour obligatoire au bureau quatre jours par semaine, une réduction du nombre de réunions et la suppression de tâches administratives internes jugées non essentielles au profit du travail d’ingénierie. Ces annonces ont légèrement limité les pertes du titre en séance après la clôture, mais l’action restait en recul de 5%. Cette perspective morose risque de décevoir les investisseurs qui misaient sur Tan pour relancer une entreprise affaiblie par des années d’errements stratégiques et en difficulté face à l’essor de l’intelligence artificielle. David Zinsner, directeur financier du groupe, a indiqué que les craintes liées aux droits de douane avaient entraîné une accumulation de stocks de puces Intel par les clients, dopant artificiellement les ventes du premier trimestre. Un effet qui devrait s’inverser au second trimestre, a-t-il averti. “Les politiques commerciales très instables aux États-Unis comme ailleurs, ainsi que les risques réglementaires, augmentent les chances d’un ralentissement économique, voire d’une récession”, a déclaré Zinsner aux analystes. “Cela complique nos prévisions pour le trimestre et pour l’année.” Malgré ces tensions, Tan a précisé avoir récemment rencontré le PDG de Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC), C.C. Wei, ainsi que son prédécesseur Morris Chang. L’objectif, a-t-il dit, était d’identifier des pistes de collaboration mutuellement bénéfiques. Les discussions ont eu lieu en marge du Technology Day annuel de TSMC aux États-Unis, organisé mercredi à Santa Clara (Californie), auquel Tan a assisté aux côtés de Wei. Lors de la publication des résultats de TSMC, C.C. Wei a pourtant écarté toute idée de rapprochement, affirmant qu’aucune collaboration ni coentreprise n’était prévue avec Intel. Face à cette dissonance dans les discours, les discussions deviennent de plus en plus floues, rendant difficile de continuer à miser sur le narratif d’une alliance stratégique entre les deux groupes. Dans le cadre de son plan de rationalisation, Intel a annoncé une révision à la baisse de ses objectifs de dépenses d'exploitation : 17 milliards de dollars en 2025, contre 17,5 milliards précédemment, puis 16 milliards en 2026. La société revoit également à la baisse ses investissements bruts en capital à 18 milliards de dollars pour 2025, contre 20 milliards initialement prévus. Tan a indiqué que l’entreprise réexaminait son empreinte industrielle et sa capacité de production existante avant tout nouvel engagement financier. En février, Intel avait déjà repoussé à 2030 un projet d’usine de 28 milliards de dollars dans l’Ohio. Zinsner a précisé qu'Intel avait reçu 1,1 milliard de dollars de subventions du gouvernement américain dans le cadre du CHIPS Act, mais que les prévisions d'investissements pour 2025 restaient inchangées, entre 8 et 11 milliards de dollars, en raison de l’incertitude liée au calendrier d'exécution de l'accord. Concernant les éventuelles suppressions d’emplois, le directeur financier a déclaré que les impacts du plan de restructuration seraient clarifiés lors de la publication des résultats du deuxième trimestre. Dans une note interne rendue publique avant sa première conférence téléphonique en tant que PDG, Tan a annoncé des licenciements dès le deuxième trimestre. Il a souligné que ces décisions visaient à réduire la bureaucratie interne, et que le nombre et la taille des réunions seraient fortement revus à la baisse. “Il n’y a pas de solution miracle : ces changements cruciaux entraîneront une réduction de nos effectifs”, a écrit Tan. “Comme je l’ai dit dès mon arrivée, il nous faut prendre des décisions difficiles pour remettre Intel sur des bases solides.” Pour le deuxième trimestre, Intel anticipe un chiffre d'affaires compris entre 11,2 et 12,4 milliards de dollars, contre une prévision moyenne des analystes à 12,82 milliards selon LSEG. Si les États-Unis, sous la présidence de Donald Trump, ont pour l’heure épargné les semi-conducteurs des nouvelles taxes douanières, les lourdes représailles chinoises sur les puces fabriquées aux États-Unis pèsent sur les perspectives de ventes d’Intel en Chine, traditionnellement son plus gros marché. D’après une note de l’Association chinoise de l’industrie des semi-conducteurs, ces puces pourraient être soumises à des droits de douane de 85% ou plus. Chaque année, la Chine importe pour 10 milliards de dollars de puces américaines, dont environ 8 milliards de processeurs centraux (CPU) assemblés par Intel aux États-Unis, selon les analystes de Bernstein. Le chiffre d'affaires du premier trimestre est resté stable, à 12,67 milliards de dollars, un résultat supérieur aux attentes, qui tablaient sur 12,30 milliards. Pour le deuxième trimestre, Intel prévoit un bénéfice ajusté par action nul, contre une estimation moyenne de 6 cents. De nombreuses incertitudes continuent de peser sur Intel. Dans ce contexte, Aaron Rakers, analyste chez Wells Fargo, reste neutre sur le titre après la publication des résultats. Selon lui, “une poursuite de la réassurance dans l'exécution de la feuille de route d'Intel, combinée à une reprise de la demande en processeurs pour PC et serveurs, pourrait offrir un profil Risk/Reward intéressant.” Il nuance toutefois son propos en ajoutant : “Nous maintenons nos objectifs aux niveaux actuels pour plusieurs raisons : (1) il est encore trop tôt pour juger de manière fiable de l’exécution de la feuille de route technologique. Le management des unités de production se projette désormais au-delà de 2025 ; (2) des incertitudes demeurent sur la capacité d’Intel à atteindre durablement une marge brute supérieure à 50 % et un free cash-flow positif ; (3) la concurrence reste intense, que ce soit avec AMD ou d’autres acteurs proposant des architectures non basées sur x86.” Esteban Tesson 0 sélectionné Intel fait grise mine après des prévisions en baisse Le 25 avril 2025 à 11:09 Intel connaîtra un deuxième et un troisième trimestre difficiles, selon M. Bryson de Wedbush Intel ne pourra plus exporter librement ses puces d’IA vers la Chine Devises / Forex Matières Premières Cryptomonnaies Meilleur portailfinancier N°1 du ConseilBoursier + de 20 ansà vos côtés + 1 000 000membres Résiliationfacile & rapide Nos Expertsà votre écoute NOS EXPERTS À VOTRE ÉCOUTE Lundi - Vendredi 9h-12h / 14h-18h Sélectionnez votre édition Toutes les informations financières adaptées au niveau national NORTH AMERICA MIDDLE EAST EUROPE APAC