"Je t'accuse" : la chanteuse Suzane révèle avoir subi des violences sexuelles et sort un clip avec plusieurs victimes

Parmi elles : la comédienne Charlotte Arnould qui accuse Gérard Depardieu de viols ou encore Caroline Darian, la fille de Gisèle Pelicot, qui a porté plainte contre son père pour "viol et tentative de viol". "Le procès Pelicot a contribué à libérer ma parole" : la chanteuse Suzane a sorti, jeudi 24 avril, une chanson "exutoire" intitulée Je t'accuse, pour dénoncer les violences sexuelles et sexistes, qu'elle révèle pour la première fois avoir subies. "Tous les monstres ne sont pas que dans les salles de cinéma", lance Suzane dans ce titre coup de poing, prélude à un quatrième album attendu à l'automne. Au départ, "je crache cette chanson" devant un piano, "avec mes tripes", se remémore pour l'AFP la chanteuse pop de 34 ans, connue pour son engagement féministe. Pour le clip, elle a fait appel à l'actrice et réalisatrice Andréa Bescond, la réalisatrice du film Les Chatouilles, engagée contre les violences sexuelles et sexistes. Des victimes, connues ou anonymes, et des militants défilent sur un fond noir, la plupart en gros plan face caméra. Parmi elles : l'actrice Muriel Robin, la chanteuse Catherine Ringer, la comédienne Charlotte Arnould qui accuse Gérard Depardieu de viols, le militant des droits de l'enfant Lyes Louffok, l'artiste Miranda Starcevic qui a porté plainte pour viol (classée sans suite) contre le rappeur Lomepal ou encore Caroline Darian, la fille de Gisèle Pelicot, qui a porté plainte contre son père pour "viol et tentative de viol". Le collectif Notre Ohrage est aussi représenté, ainsi que La Fondation des Femmes à laquelle les droits d'auteur de la chanson sont reversés. "Je pointe du doigt la justice dans cette chanson" "Je fais partie des jeunes femmes qui ont dû se construire sur des agressions sexuelles, sur un viol si on veut être précis", survenu "dans un cadre professionnel", affirme-t-elle publiquement pour la première fois. "Je n'étais pas encore artiste. Je n'avais pas encore ma plume pour me bagarrer. Donc je me suis tue à ce moment-là", ajoute la chanteuse. Ce réflexe fait aussi écho à un épisode antérieur, quand elle avait voulu dénoncer, auprès d'une gendarmerie, le "viol subi par une collègue de travail", sans trouver l'écoute attendue, raconte-t-elle. Après des années d'évitement, "là, je crois que je suis arrivée au moment où je peux en parler", constate Suzane, émue mais fière de "lever la tête". L'artiste salue d'ailleurs la libération de la parole à la faveur de #Metoo, mais estime que cette lame de fond ne va pas assez loin. "Je pointe du doigt la justice dans cette chanson, parce que je parle à la société. Particulièrement à l'Etat : est-ce que la justice aujourd'hui, en France, peut faire son travail ? Est-ce qu'elle a assez de moyens ?", questionne-t-elle, regrettant, entre autres, des affaires souvent classées faute de preuves suffisantes. Alors que les plaintes ont explosé (+164% entre 2018 et 2022), le nombre de condamnations reste extrêmement faible et 94% des affaires de viol ont été classées sans suite en 2021, alertait une coalition d'organisations féministes en 2024.