Le cardinal philippin Luis Antonio Gokim Tagle est l'un des principaux favoris pour succéder au pape François à l'issue du prochain conclave. Le décès du pape François, survenu le 21 avril à l'âge de 88 ans, ouvre une période de deuil mais aussi de spéculation intense. Parmi les noms les plus cités à la succession du pape, celui du cardinal philippin Luis Antonio Gokim Tagle, 67 ans, revient avec insistance. Surnommé "le François asiatique", il pourrait devenir le premier pape originaire d'Asie. Né à Manille d'une mère chinoise et issu d'un milieu modeste, Luis Tagle est ordonné prêtre en 1982. Archevêque de Manille à partir de 2011, il est fait cardinal l'année suivante par Benoît XVI. En 2019, le pape François le nomme préfet de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples. En 2022, le cardinal de 67 ans devient pro-préfet du dicastère pour l'évangélisation, un poste stratégique dans l'administration du Vatican, d'après Ouest-France. Le candidat "le plus libéral" Surnommé "le François asiatique", le cardinal Tagle - qui parle couramment l'italien et l'anglais - est reconnu pour sa proximité idéologique avec le pape François : défense des pauvres, accueil des migrants, ouverture envers les personnes LGBTQ+ et les divorcés-remariés. Selon The Independent , il serait même le candidat "le plus libéral". Son style chaleureux et ses émotions assumées – il a fondu en larmes lors du sommet de 2019 sur les abus sexuels dans l'Eglise – renforcent son image d'homme accessible. Le cardinal est aussi réputé pour "sa capacité à combler les divisions, que ce soit entre progressistes et conservateurs ou entre les centres traditionnels de l'Eglise en Europe et ses communautés en croissance rapide en Asie et en Afrique", selon le journal philippin Daily Tribune. Son engagement dans Caritas Internationalis (organisation caritative du Vatican) entre 2015 et 2022 lui a permis de renforcer son image de défenseur des plus démunis. Mais il a été aussi vivement critiqué. En novembre 2022, le Vatican a placé Caritas Internationalis sous tutelle, dénonçant une mauvaise gestion et un climat de travail délétère. Si le prélat n'a pas été directement mis en cause, son leadership a été remis en question. Déjà pressenti comme pape en 2013 Cette affaire, couplée à l'opposition des conservateurs, pourrait freiner sa candidature, comme le détaille Tribune Chrétienne . Ces derniers voient en lui la continuité d'un pontificat jugé trop progressiste, notamment sur des sujets sensibles comme la synodalité ou l'ouverture à certaines évolutions doctrinales. Certains théologiens jugent son discours trop social, au détriment de la doctrine. Son manque d'alliances solides dans les puissants diocèses européens et latino-américains pourrait également le pénaliser. De plus, toujours selon le média catholique, l'Eglise pourrait aussi chercher un successeur plus équilibré, capable de réconcilier les différentes sensibilités internes. Il reste malgré ça, un sérieux prétendant en cas d'élection. Le cardinal Tagle aurait une probabilité implicite d'environ 36,4 % d'accéder à la plus haute fonction de l'Église, selon le bookmaker britannique William Hill, comme l'a repéré Le Parisien. Représentant le plus connu du catholicisme asiatique, il avait déjà été pressenti lors du conclave de 2013. Cette fois-ci, le contexte lui est peut-être plus favorable : 80 % des électeurs ont été nommés par François, et moins de la moitié sont européens, reflétant le basculement de l'Église vers le Sud. Aux Philippines, pays qui compte la troisième plus grande population catholique au monde après le Brésil et le Mexique, l'élection est suivie de près. Trois cardinaux philippins participeront au scrutin. Depuis mardi, les 135 cardinaux de moins de 80 ans sont réunis à Rome pour organiser les obsèques, prévues samedi, et préparer le conclave. Il faudra patienter jusqu'à début mai (du 5 au 10) pour découvrir si Luis Tagle deviendra le premier pape d'origine asiatique.