Donner plus de pouvoirs aux policiers pour démanteler les campements n’est pas une réelle solution pour lutter contre la crise de l’itinérance, plaide le Réseau solidarité itinérance du Québec (RSIQ), qui s’inscrit ainsi en faux avec une proposition de Pierre Poilievre. Selon le RSIQ, préconiser une approche répressive dans la lutte contre l’itinérance ne ferait « qu’aggraver la crise actuelle ». Plus tôt cette semaine, M. Poilievre a promis qu’un gouvernement du Parti conservateur à Ottawa modifierait le Code criminel afin de permettre aux policiers d’expulser les personnes « qui mettent le public en danger » et d’arrêter les personnes qui bloquent les espaces publics avec des tentes. Il donnerait aussi à la police les outils nécessaires pour porter des accusations criminelles contre les occupants de campements. De l’avis du RSIQ, « les campements ne sont pas la cause de la crise, mais le symptôme d’un filet social déchiré ». « Démonter les campements ne règle rien : on déplace la misère et on fragilise des personnes déjà vulnérables », a fait valoir le président du RSIQ, Gabriel Pallotta, dans un communiqué publié vendredi. « On ne réduit pas l’itinérance en criminalisant les moyens employés par les personnes pour survivre : on l’aggrave, on la rend plus coûteuse et plus invisible », a-t-il ajouté. Le RSIQ affirme qu’agir en amont serait une approche plus efficace pour lutter contre la crise de l’itinérance, notamment en garantissant le droit au logement en faisant des investissements importants dans le logement social et abordable. Il propose aussi d’améliorer l’accès à des services de soutien en matière de santé mentale et de traitement des dépendances. M. Poilievre a dit qu’il adopterait un modèle « logement d’abord » pour sortir les gens de la rue et les aider à trouver un logement. Il a également réitéré sa promesse de financer un traitement de la toxicomanie pour 50 000 personnes. « Ça ne signifie pas seulement un toit, mais aussi un soutien réel, notamment des traitements, des services en santé mentale et de la formation professionnelle pour que la police puisse mettre les personnes vivant dans les campements en contact avec des soins et le logement dont ils ont besoin », a indiqué le chef conservateur mercredi. La proposition de M. Poilievre avait aussi été critiquée par ses adversaires libéraux et néodémocrates, qui l’accusaient de vouloir punir les personnes en situation d’itinérance plutôt que de s’attaquer aux racines de la crise.