Les partisans de Luigi Mangione devant le tribunal de Manhattan le 25 avril 2025. Getty Images via AFP Luigi Mangione, accusé d’avoir assassiné en décembre à New York le patron du plus gros assureur santé américain pour se venger des dérives de ce secteur, a de nouveau plaidé vendredi non coupable de meurtre, devant la justice fédérale où il risque la peine capitale. «Non coupable», a prononcé l’homme de 26 ans, vêtu d’une simple combinaison beige de détenu, quand la juge fédérale de Manhattan, Margaret Garnett, lui a rappelé ses quatre chefs d’inculpation, dont celui de meurtre avec arme à feu. Luigi Mangione comparaissait pour la première fois devant le tribunal fédéral depuis que la ministre de la Justice de Donald Trump, Pam Bondi, a publiquement demandé aux procureurs de requérir la peine de mort contre le meurtrier présumé du directeur d’UnitedHealtcare, Brian Thompson. «Le meurtre de Brian Thompson – un homme innocent et père de deux jeunes enfants – par Luigi Mangione était un assassinat prémédité et de sang-froid qui a choqué l’Amérique», avait-elle justifié le 1er avril, en dénonçant un «acte de violence politique». Traque La peine capitale est un enjeu supplémentaire pour une affaire qui déchaîne les passions aux Etats-Unis. Filmé par des caméras de surveillance, l’assassinat de sang-froid, avec un revolver à canon silencieux et en pleine rue à l’aube du 4 décembre, du patron de 50 ans, a semé la stupeur. Les images du tueur attendant sa cible avaient fait le tour du monde et la traque du suspect pendant cinq jours avait tenu le pays en haleine. Mais Luigi Mangione, fils sans histoires d’une famille aisée de Baltimore (Maryland, est), est devenu, malgré les faits qui lui sont reprochés, le symbole de la colère profonde que des Américains éprouvent à l’encontre des programmes d’assurance santé, accusés de privilégier leurs profits au détriment des soins et de refuser ou de faire traîner des remboursements. Au pied du tribunal, des manifestants sont encore venus le soutenir vendredi, tenant des pancartes où l’on pouvait lire «libérez Luigi», ou «pas de peine de mort pour Luigi». L’ex-informatrice de Wikileaks Chelsea Manning, qui avait fait fuiter des documents de l’armée sur les guerres en Irak et en Afghanistan, est venue sur place dénoncer «la précipitation sans précédent» dont fait l’objet l’affaire selon elle. Certains se sont symboliquement déguisés en «Luigi», le plombier vêtu de vert dans le jeu vidéo Super Mario. «C’est le système qu’il faut mettre en procès», ont crié ses soutiens. Unanimité «Il y a beaucoup de gens qui ne pensent pas qu’il est coupable, et beaucoup de gens croient que même s’il est coupable, c’était un mal nécessaire, parce qu’il a mis en lumière les injustices qui sont plus larges dans le secteur de l’assurance maladie», a déclaré à l’AFP l’une des activistes, Lindsay Floyd. Luigi Mangione avait déjà plaidé non coupable de meurtre «terroriste» devant la justice de l’Etat de New York, où il est aussi inculpé. Vendredi, son avocate, Karen Agnifilo, a réclamé que le procès fédéral ait la priorité. La défense compte demander à la juge d’interdire aux procureurs de requérir la peine de mort. Pour qu’elle soit appliquée, il faudra une décision unanime du jury citoyen qui jugera Luigi Mangione. A la différence de l’Etat de New York, l’Etat fédéral n’a pas aboli la peine de mort. Quelque 16 personnes ont été exécutées après condamnation fédérale en une cinquantaine d’années, la majorité au cours du premier mandat de Donald Trump.