À défaut de pouvoir identifier des microfossilesmicrofossiles, voire des formes de vie microscopiques dans les sédimentssédiments et le sol martien, les géologuesgéologues terrestres continuent de transposer les connaissances acquises de notre Planète bleue à la Planète rouge pour tenter de rendre de plus en plus probable l'apparition de la vie il y a des milliards d'années sur Mars. Pour cela, ils avaient entrepris d'étudier de plus près les roches présentes dans le fameux cratère Gale et ce avec l'aide du rover Curiosity. Les sondes en orbite autour de Mars avaient en effet découvert des signatures d'un empilement de couches argileuses et de sulfates dans ce cratère d'impact qui s'est vraisemblablement formé vers la fin du Noachien ou le début de l'Hespérien, selon les définitions de ces ères géologiquesères géologiques martiennes (il en existe trois, la dernière étant l'Amazonien). On pense que de l'eau liquide pouvait exister à ce moment-là sur Mars et comme des argilesargiles de type phyllosilicatesphyllosilicates se forment sous une couche d'eau de surface, ou dans un sous-sol gorgé d'eau et pas forcément très acide - au contraire des sulfates qui témoignent d'alternance de présence passée d'eau acide et de longues périodes sèches -, il valait la peine d'envoyer le rover pour en apprendre plus et tenter de préciser les scénarios d'habitabilité de Mars. Une présentation du cratère Gale exploré par Curiosity. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Nasa, Jet Propulsion Laboratory (JPL) Des atmosphères primitives épaisses de gaz carbonique Une équipe internationale de planétologues étudiant précisément les dépôts du cratère Gale vient de faire savoir via un article dans Science qu'ils avaient livré des informations importantes pour tenter de résoudre une des énigmes martiennes en rapport avec son habitabilité. La découverte d'un minéralminéral, appelé sidéritesidérite, suggère en effet une solution concernant le mystère de la disparition de l'atmosphèreatmosphère initiale riche en dioxyde de carbonedioxyde de carbone de la Planète rouge. Mais de quoi s'agit-il ? On trouve sur Terre d'immenses gisementsgisements de sédiments carbonatés, notamment sous forme de calcairescalcaires qui se composent principalement de calcitecalcite ou carbonate de calciumcarbonate de calcium (CaCO 3 ), au moins 50 %, et de carbonate de magnésiummagnésium (MgCO 3 ). Si l'on chauffe ces sédiments, du gazgaz carbonique se forme et on obtient une quantité qui est comparable à celle contenue dans l'épaisse et torride atmosphère de Vénus. On a donc toutes les raisons de penser qu'au début de l'histoire primitive des grandes planètes rocheusesplanètes rocheuses du Système solaireSystème solaire leurs atmosphères devaient contenir des quantités massives de CO 2 et tel devait être le cas pour Mars. Dans le cas de la Terre, le gaz carbonique de son atmosphère aurait fini par réagir massivement avec les ionsions calcium injectés dans les océans par les pluies acides et les ruissellements emportant ces ions des minérauxminéraux des continents attaqués par l'acide carboniqueacide carbonique. Bien sûr, il ne faut pas oublier aussi que la Planète rouge est moins massive que la Terre et VénusVénus, cela veut dire que sa gravitégravité est nettement moins efficace pour prévenir l'évaporation de son atmosphère dans l'espace interplanétaire. Une partie du gaz carbonique primitif s'est sans doute échappéeéchappée dans l'espace. Mais toujours est-il que les calculs des cosmochimistes et planétologues indiquaient qu'il devrait y avoir sur Mars de très importants dépôts de sédiments carbonatés à sa surface... Dépôts dont on n'avait jusqu'à présent trouvé que de faibles traces dans les analyses spectrales des roches de surface, rendues possibles dans le proche infrarougeinfrarouge par les sondes en orbite autour de Mars. Les analyses spectroscopiques in situ, menées de la même manière au sol avec les rovers, semblaient montrer elles aussi un curieux manque de roches carbonatéesroches carbonatées. Des carbonates martiens invisibles dans l'infrarouge ? Mais, voilà que les chercheurs révèlent que les données issues de trois sites de forage à une profondeur de trois à quatre centimètres dans le sous-sol par CuriosityCuriosity dans les couches rocheuses riches en sulfates du mont Sharp, dans le cratère Gale, montrent incontestablement la présence de sidérite - un minéral carbonaté de ferfer. Un communiqué de la NasaNasa fait état de l'importance de cette découverte pour les principaux scientifiques auteurs de l'article publié dans Science. Ainsi, Benjamin Tutolo, professeur adjoint à l'université de Calgary, au Canada, déclare : « La découverte de sidérite abondante dans le cratère Gale représente une avancée à la fois surprenante et importante dans notre compréhension de l'évolution géologique et atmosphérique de Mars. » Son collègue Thomas Bristow, chercheur au Centre de recherche Ames de la Nasa et coauteur de l'article, ajoute : « Forer la surface martienne stratifiée, c'est comme feuilleter un livre d'histoire. Quelques centimètres de profondeur suffisent pour avoir une bonne idée des minéraux qui se sont formés à la surface ou à proximité il y a environ 3,5 milliards d'années. » Il se trouve que si la sidérite ne se signale pas dans l'infrarouge proche, d'importantes couches de sédiments carbonatés contenant ce minéral pourraient contribuer à expliquer où est passé le gaz carbonique perdu de l'histoire de la Planète rouge. Une partie au moins des quantités manquantes serait bien là et nous aurions une raison de plus de penser que l'atmosphère initiale de Mars contenait assez de gaz carbonique pour entretenir un effet de serreeffet de serre permettant l'existence d'océans d'eau liquide propices à l'apparition et au développement de la Vie. Le communiqué de la Nasa conclut finalement : « À l'avenir, des missions ou des analyses d'autres zones riches en sulfates sur Mars pourraient confirmer ces résultats et nous aider à mieux comprendre l'histoire ancienne de la planète et son évolution avec la perte de son atmosphère. ».