On a la preuve que les gladiateurs combattaient des lions

Vieille d’environ 1 800 ans, une hanche d’un gladiateur portant des traces de morsure de lion prouve l’existence des combats contre des grands fauves. Cette pratique était répandue bien au-delà de Rome. Des sanglants combats de gladiateurs nous avons des représentations sur de nombreux bas-reliefs en marbre. Parfois, on note la présence d’animaux féroces : des lions, des tigres et autres hyènes. Mais on n’avait pas de preuve directe, jusqu’à l’analyse récente d’un squelette découvert il y a une vingtaine d’années dans un jardin de la ville d’York, en Angleterre, qui fait l’objet d’une étude parue le 23 avril dans Plos One. L’enquête scientifique dirigée par l’anthropologue Tim Thompson, de l’Université nationale d’Irlande, à Maynooth, a en effet montré que la hanche d’un jeune homme, vraisemblablement un gladiateur mort il y a environ mille huit cents ans, portait des traces de morsure de lion. “Quand les os ont été déterrés [en 2004], les archéologues ne disposaient pas de la technologie pour identifier la nature de ces marques intrigantes”, raconte Scientific American. L’investigation a pris une nouvelle tournure en 2017 quand Tim Thompson a commencé à collaborer avec des zoos, “pour réaliser des scanners en trois dimensions des traces de morsures laissées sur les carcasses dévorées par tout un tas d’animaux, comme des lions ou des guépards, qui participaient aux spectacles des gladiateurs romains”, poursuit le magazine américain. La comparaison a permis de conclure que le jeune homme avait bien été blessé par un animal et que cet animal était un lion. Les chercheurs pensent que la morsure a précédé de peu le décès du gladiateur. Tim Thompson a confié au New York Times : Pour Kathryn Marklein, anthropologue à l’université de Louisville, aux États-Unis, qui n’a pas participé à cette étude, relayée par le quotidien américain : “La morsure du lion révèle bien plus que le triste sort d’un homme malchanceux. Elle témoigne du mode de vie et de la culture aux confins de l’Empire romain, en particulier de la manière dont la violence d’État s’exerçait [dans les provinces romaines].” Le spectacle des combats de gladiateurs “était une façon de diffuser la culture romaine”, d’après Anna Osterholtz, archéologue à l’université d’État du Mississippi, aux États-Unis, citée par Scientific American. Et surtout d’asseoir le pouvoir de Rome. “Parce qu’à l’occasion des jeux il y avait aussi des exécutions publiques, cela apprenait à la population les normes sociales.” Courrier international Eloge de la violence brute Avec quoi jouaient les enfants de la Rome antique ? Airbnb organise des combats de gladiateurs au Colisée, réduit au rang de “souvenir kitsch” Les tombaroli, “voleurs de passé” qui pillent les ruines de Pompéi Le général Moskalik tué dans l’explosion d’une voiture piégée près de Moscou Un tunnel privé à 10 millions d’euros