Guerre en Ukraine : attaque de missiles russes sur Kyiv dans la nuit, 9 morts et 63 blessés

Donald Trump s’est dit «pas content» ce jeudi des frappes russes et a exhorté Vladimir Poutine à cesser de telles opérations afin de parvenir à un accord de paix entre l’Ukraine et la Russie. «Pas nécessaire et très mauvais timing», a déclaré le président américain sur sa plateforme Truth Social avant d’ajouter : «Vladimir, ARRÊTE !», à l’adresse de son homologue russe. Dans la nuit de mercredi à jeudi, la Russie a tiré 70 missiles et 145 drones dans six régions de l’Ukraine. Kyiv a connu l’une des attaques les plus meurtrières sur la capitale depuis des semaines, a déclaré ce jeudi l’armée de l’air ukrainienne. Le maire de Kyiv, Vitali Klitschko, a annoncé que huit personnes avaient péri dans ces attaques, revoyant un précédent bilan des autorités qui avaient évoqué neuf morts. Le ministre de l’Intérieur, Igor Klymenko, a confirmé ce bilan, en indiquant qu’il risquait d’augmenter car des corps se trouvent encore «sous les décombres». Les forces aériennes ukrainiennes «ont détecté et suivi 215 cibles aériennes ennemies», a écrit la même source sur Telegram, disant que 112 de ces cibles avaient été détruites. De son côté, la Russie a confirmé ce jeudi avoir ciblé dans la nuit des infrastructures de l’industrie militaire ukrainienne, mais dément avoir visé des cibles civiles. «Des bâtiments résidentiels ont été endommagés : la recherche de personnes sous les décombres est en cours», ont écrit les secours ukrainiens sur Telegram. Plusieurs incendies désormais éteints, se sont par ailleurs déclarés à la suite des bombardements russes. A Kyiv, une journaliste de l’AFP a vu une dizaine d’habitants réfugiés dans un abri en sous-sol d’un immeuble résidentiel dès que l’alerte antiaérienne a retenti. La dernière attaque de missiles contre la capitale ukrainienne remontait à début avril. Dans la ville de Kharkiv, son maire Igor Terekhov a, lui aussi, annoncé des «frappes répétées de missiles» sur sa cité, ayant fait au moins deux blessés. Le président ukrainien a aussi sommé la Russie de «cesser immédiatement» ses frappes. «Cela fait 44 jours que l’Ukraine a accepté un cessez-le-feu total et l’arrêt des frappes… Et cela fait 44 jours que la Russie continue de tuer notre peuple», a-t-il écrit dans un message publié sur X ce jeudi. Volodymyr Zelensky a précisé qu’il allait écourter sa visite en cours en Afrique du Sud pour rentrer «immédiatement» en Ukraine après un entretien avec son homologue Cyril Ramaphosa. Ce dernier a annoncé à son tour dans un message diffusé sur X avoir parlé de la guerre à son homologue américain Donald Trump - qui accuse le gouvernement sud-africain d’un prétendu «génocide» contre les Blancs et lui reproche sa plainte visant Israël devant la Cour internationale de justice. Les deux hommes ont évoqué la «nécessité de favoriser de bonnes relations entre (leurs) deux pays» et doivent se rencontrer «bientôt». «Désir de tuer» La présidence ukrainienne a aussi rapidement accusé sur Telegram le président russe Vladimir Poutine d’avoir «uniquement le désir de tuer». Ces attaques de missiles et drones russes sur l’Ukraine surviennent après que Donald Trump s’en est pris violemment à Volodymyr Zelensky mercredi, en l’accusant de tenir des propos «incendiaires» sur la Crimée annexée, alors qu’un accord avec la Russie serait «très proche», selon lui. «Je pense avoir un accord avec la Russie», a lancé le président des Etats-Unis dans le Bureau ovale. Mais la discussion est «plus difficile» avec le chef de l’Etat ukrainien, a dit celui qui s’est rapproché du président russe. Le refus de Kiev d’accepter les termes américains pour mettre fin à la guerre déclenchée par la Russie en février 2022 «ne fera que prolonger les tueries», a averti le milliardaire républicain, qui n’a jamais reconnu la responsabilité russe dans le déclenchement du conflit. La Crimée, un territoire «perdu» ? Au cœur de ce regain de tension : la question de la péninsule de Crimée, annexée par la Russie en 2014. Le territoire est, selon Donald Trump, «perdu» pour l’Ukraine, a-t-il écrit dans un long message sur son réseau Truth Social, dont le ton menaçant rappelle sa très difficile entrevue avec le président ukrainien fin février, dans le Bureau ovale. «Il peut avoir la paix ou il peut se battre encore trois ans avant de perdre tout le pays», a déclaré le président américain à propos de son homologue ukrainien. Le républicain reproche à Volodymyr Zelensky d’avoir déclaré mardi, au sujet de la Crimée : «Il n’y a rien à discuter […] C’est notre territoire». Le Kremlin a réagi ce jeudi et assuré être «complètement» d’accord avec les propos du président américain. «Cela correspond complètement à notre compréhension [des choses] et à ce que nous disons depuis longtemps», a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien. Volodymyr Zelensky a déclaré depuis Pretoria en Afrique du Sud que Kyiv ne céderait pas sur la reconnaissance de la Crimée comme russe. «Nous faisons tout ce que nos partenaires ont proposé, sauf ce qui est contraire à notre législation et à la Constitution», qui stipule que la Crimée fait partie de l’Ukraine, a-t-il déclaré. Alors que des discussions viennent de s’achever à Londres entre responsables américains, ukrainiens et européens, le Royaume-Uni a redit qu’il appartenait «à l’Ukraine de décider de son avenir». Le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy a condamné les frappes meurtrières russes «cruelles» et a écrit sur X à propos de Vladimir Poutine que «Ce ne sont pas les actions d’un homme de paix». La présidence française a, elle, affirmé que l’«intégrité territoriale» de l’Ukraine était une «exigence très forte» des Européens.