Ces nouvelles réglementations, annoncées par la procureure générale Pam Bondi dans une note adressée au personnel et obtenue par l’Associated Press vendredi, abrogent une politique de l’administration Biden qui protégeait les journalistes contre la saisie secrète de leurs relevés téléphoniques lors d’enquêtes sur les fuites — une pratique décriée depuis longtemps par les organes de presse et les groupes de défense de la liberté de la presse. Ces nouvelles réglementations stipulent que les organes de presse doivent répondre aux assignations à comparaître «lorsque le niveau approprié du ministère de la Justice l’autorise» et permettent également aux procureurs d’utiliser des ordonnances judiciaires et des mandats de perquisition pour «contraindre les médias à produire des informations et des témoignages». La note précise que les membres de la presse ont «présumément le droit d’être informés à l’avance de telles activités d’enquête» et que les assignations à comparaître doivent être «strictement rédigées». Les mandats doivent également inclure des «protocoles visant à limiter la portée des intrusions dans des documents potentiellement protégés ou des activités de collecte d’informations», précise la note. «Le ministère de la Justice ne tolérera aucune divulgation non autorisée qui compromettrait la politique du président Trump, pénaliserait les agences gouvernementales et porterait préjudice au peuple américain», a écrit Mme Bondi. Cette réglementation intervient alors que l’administration Trump s’est plainte d’une série d’articles de presse qui ont dévoilé des informations sur des processus décisionnels internes, des évaluations de renseignements et les activités de hauts responsables, tels que le secrétaire à la Défense Pete Hegseth. Tulsi Gabbard, directrice du renseignement national, a déclaré mercredi qu’elle saisissait le ministère de la Justice de trois affaires concernant des divulgations aux médias. La politique que Mme Bondi abroge a été créée en 2021 par le procureur général de l’époque, Merrick Garland, à la suite de révélations selon lesquelles des responsables du ministère de la Justice avaient alerté des journalistes de trois médias — le Washington Post, CNN et le New York Times — que leurs relevés téléphoniques avaient été obtenus au cours de la dernière année de l’administration Trump. La nouvelle réglementation de M. Garland marque un renversement de situation surprenant concernant une pratique qui a perduré sous plusieurs administrations présidentielles. Le ministère de la Justice d’Obama, sous la direction du procureur général de l’époque, Eric Holder, a alerté l’Associated Press en 2013 qu’il avait secrètement obtenu deux mois d’enregistrements téléphoniques de journalistes et de rédacteurs en chef, ce que le directeur général de la coopérative d’information a qualifié d’«intrusion massive et sans précédent» dans les activités de collecte d’informations. Après le contrecoup, M. Holder a annoncé une révision des directives relatives aux enquêtes sur les fuites, exigeant notamment l’autorisation des plus hautes instances du ministère avant toute assignation à comparaître pour les dossiers des médias. Le ministère a toutefois conservé sa prérogative de saisir les dossiers des journalistes, et les récentes révélations aux médias montrent que cette pratique s’est poursuivie au sein du ministère de la Justice de Donald Trump dans le cadre de multiples enquêtes.