L’Inde du Sud : un millier de dialectes, un monde qui bouge et les vestiges du passé
Cette métropole cosmopolite a une tradition scientifique depuis le XVIIe siècle. C’est la première à avoir eu l’électricité. Le Consul de France, Marc Lamy, auparavant à Hong Kong, explique à quel point le pays s’est transformé en une décennie. Certes, le Premier ministre Narendra Modi a, en Europe, l’image d’un nationaliste pur et dur dont le parti (BJP) a creusé le clivage avec la minorité musulmane (encore 200 millions sur une population de 1,4 milliard ayant dépassé la Chine). Mais Modi a modernisé son pays - devenu la cinquième puissance économique mondiale -, élargi la classe moyenne et tiré son image vers le haut par une diplomatie active. Inculquant aux Indiens la fierté de leur réussite. De plus, les élites, qui voyagent beaucoup, aiment la France avec laquelle un partenariat stratégique a été noué. Notamment, dans le domaine de la Défense et du Spatial. Utile dans une période d’instabilité géopolitique où l’Europe doit s’affirmer à l’écart de l’affrontement entre les États-Unis et la Chine. L’objectif du Consul est de rendre la France attractive en triplant, d’ici 2030, le nombre d’étudiants (aujourd’hui 10 000 Indiens). L’ambassade de France étant à New Delhi, le consulat de Bangalore, quatrième dans le pays, a été inauguré, en 2008, lors de la visite officielle de Nicolas Sarkozy. Il faut appréhender l’Inde, d’une taille équivalente à l’Europe, avec sa diversité culturelle et son millier de dialectes. Ici, 80 % de la population parle l’hindi, 70 % l’anglais (la langue du colonisateur), le malayalam au Bengale, l’ourdou pour les musulmans, le panjabi au Pendjab ou encore le tamoul au Tamil Nadu. « On craint le chaos, mais globalement ça fonctionne. Les États ont une grande autonomie. C’est l’un des pays les plus inégalitaires du monde mais tout se superpose, les langues, les castes », souligne Marc Lamy. Une histoire mouvementée Premier producteur mondial de riz, deuxième producteur de thé, l’Inde n’est pas seulement en pointe dans la High-Tech mais aussi dans l’agroalimentaire qui occupe 50 % de la population. Avec d’énormes problèmes de pollution, notamment des nappes phréatiques, la priorité étant de sortir la population de la pauvreté. Quand on se dirige vers le sud, en prenant le train pour Madras (devenu Chennai, capitale du Tamilnadu), la domination du Nord et des Hindous du BJP s’estompe au profit des musulmans qui votent pour le parti du Congrès d’Indira Gandhi. C’est la révolte des Cipayes, en 1857, qui a posé les prémices de l’indépendance, conduite par le Mahatma Gandhi. Ils étaient près de 300 000 soldats encadrés par 50 000 officiers britanniques dont ils dénonçaient la maltraitance. En particulier parce que leur base était enduite de graisse animale et que, pour les musulmans, il n’était pas question d’y toucher. Cette révolte va s’étendre aux paysans et aux classes laborieuses soutenus par les Rajas pestant contre le poids des impôts. La répression des Anglais qui dépêchent alors un corps expéditionnaire du Royaume-Uni sera féroce, créant les germes de l’Indépendance, 90 ans plus tard. Colbert a créé la Compagnie des Indes en 1664, et un terrain avait été donné aux Français, en 1672, à Pondichéry où ils installèrent leur deuxième comptoir après Chandernagor. L’Amiral Dupleix en sera nommé gouverneur avant de prendre la direction des cinq comptoirs français qui s’étendront jusqu’à Madagascar. Dupleix fait des alliances avec les souverains locaux et mène la guerre aux Anglais pour les supplanter. Bien que les Britanniques aient saisi ses navires, le brillant représentant de Louis XV prend le contrôle de Madras avec ses Cipayes. Ses guerres ayant ruiné le commerce, le roi de France finit par le démettre de ses fonctions tandis que la Grande-Bretagne reprend Pondichéry, en 1761 avant de la rendre à la France par le Traité de Paris deux ans plus tard et jusqu’en 1956. Joyaux architecturaux… Aujourd’hui, Pondichéry est devenu le Saint-Tropez indien, un spot de charme que fréquente la jeunesse dorée. Sur la route avant d’y arriver, on peut admirer les joyaux de l’architecture dravidienne, classés au Patrimoine mondial de l’Unesco, édifiés en l’honneur du roi Mamalla, fondateur au VIIe siècle de la dynastie des Pallavas qui s’imposera face aux tribus Cholas. Des bas-reliefs gravés dans la roche s’étendent sur une paroi de 27 m de long à Mahabalipuram. C’est sans doute le vestige d’un port qui commerçait avec des pays arabes, le Cambodge, l’Indonésie et la Chine. On y voit le temple des rivages qu’Indira Gandhi fit protéger de la mer, le temple des cinq Rathas illustré par des chars de procession, emportant les cinq frères du Mahābhārata, le grand récit épique de l’Inde écrit en sanskrit comme le Ramayana. L’un des temples représente l’Himalaya avec le toit du monde sur lequel règne Shiva. Durant cette période médiévale, le pouvoir est clairement en Inde du Sud. L’équilibre changera avec l’invasion de Gengis Khan par l’Afghanistan, la création du sultanat de Delhi en 1206 puis de l’empire Moghol par Babur en 1504. Le long de la côte de Malabar, on peut naviguer entre les cocotiers qui ont donné leur nom à l’État du Kerala, le dernier État communiste de l’Union indienne. Ce sont les « backwaters » où évoluent des péniches le long des rizières et des rivages qui parsèment l’itinéraire. Les feuilles de cocotiers couvrent les toits des maisons. … et tableaux de Maharajas On arrive à Kochi (ou Cochin), ce grand port de pêche de la côte d’où partaient les épices au XIIIe siècle. C’est ici que Vasco de Gama arriva, en 1498, de Lisbonne au Portugal, après dix mois de traversée et une escale à Zanzibar. Il y reviendra en 1502, puis en 1524 où il sera atteint du paludisme. Enterré initialement à Saint-François, église catholique désormais protestante, son corps sera rapatrié par son fils à Lisbonne. Le périple s’achève à Mysore dont l’imposant palais ayant brûlé, fut reconstruit par un architecte anglais, en 1912. Ce palais, l’un des plus beaux d’Inde du sud, est illuminé pendant une heure, tous les dimanches soir. Dans la salle des audiences privées, les colonnes ont été offertes par l’Angleterre. Plusieurs tableaux dressent le portrait des maharajas qui s’y sont succédé. L’un d’entre eux est peint à dos d’éléphant, ses cornacs à terre lui ouvrant la voie, pieds nus pour que l’animal ne se blesse pas. Y aller Salaün Holidays, le premier tour-opérateur français pour l’organisation de circuits guidés et accompagnés partout dans le monde, propose en 2025, cinq magnifiques circuits en Inde, en 11, 14, 18 et même 21 jours, dont un circuit en Inde du Sud incluant une belle découverte de Chennai, Pondichéry, Kumbakonam, Madurai, les Backwaters, Cochin et Mysore. Prix à partir de 2 528 € (*). Départs possibles de Brest et de Nantes. Renseignements et réservations en agence de voyages Salaün Holidays ou sur www.salaun-holidays.com * Prix TTC par personne en chambre double, pour le circuit « Comptoirs des Indes, magie de l’Inde du Sud » en 14 jours/12 nuits, au départ de Paris le 13/01/2026, sous réserve de disponibilité à la réservation. Le groupe des lecteurs du Télégramme en Inde du Sud. (Photo David Cormier) À ne pas manquer Newsletters Culture et Loisirs Le vendredi à 8h Adresse e-mail Nos autres newsletters