Dans l’aire d’arrivée aussi, il a tout lâché. Quelques jurons, deux ou trois d’oiseaux, un cri de rage et des larmes, de grosses larmes. Professionnel depuis l’an dernier, Antoine Hue (20 ans) est un émotif, un coureur à fleur de peau, et ce qu’il a lui est tombé dessus dans la petite commune du Cambout (un peu plus de 400 âmes) est cruel. Seul en tête dans les quatre derniers kilomètres de ce deuxième acte avec un peloton lancé aux trousses, le jeune hommes originaire de Boisgervilly (35) s’est fait souffler ce qui aurait été le plus beau succès de sa carrière à dix petits mètres de la ligne. Peut-être moins encore… À lire sur le sujet Les classements complets de la deuxième étape du Tour de Bretagne « Je suis dégoûté… » Alors, les mots de réconfort de ses coéquipiers, les tapes dans le dos, ou la "positive attitude" de son père (Pascal), il n’en avait pas grand chose à faire sur le coup de l’immense déception. "Franchement, je suis dégoûté… Cela ne sert à rien d’être fort, cela ne sert à rien d’être en forme si c’est pour terminer 2e, 3e, ou 4e", lâchait celui qui avait connu la même mésaventure ou presque, l’an dernier, lors du sprint de Saint-Méen-le-Grand (5e étape) où il avait décroché le premier accessit à dix kilomètres de chez lui. La malédiction. "Cette fois, je me suis vu gagner. J’ai mis all-in (une expression empruntée au poker), j’ai essayé d’être le plus aéro et d’appuyer le plus fort possible sur les pédales. A 100 mètres de la ligne, j’ai regardé sous mon bras, j’ai vu que ça revenait. Il m’a manqué un peu de puissance… ", soupirait le Bretillien, inconsolable. "L’an prochain, quand on évoquera cette étape sur Instagram, il y aura le nom de Noah Hobbs (le vainqueur du jour), pas le mien… Je suis en forme mais des mecs en forme, il y en a plein ! Il faut gagner, pas le choix." Partie-remise ? "Il va en gagner une d’ici la fin du Tour de Bretagne", assurait, un peu à l’écart, son père avec la bienveillance d’un papa. "Je le comprends, il ne s’entraîne pas pour obtenir des places d"honneur. Mais ça va venir ; finalement, ce n’est que sa première année de vélo", ajoutait-il.