Les Canadiens montrent leur opposition à Trump avec leurs comportements à l’épicerie

Cliquer pour envoyer un lien par e-mail à un ami(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Cliquer pour partager sur Bluesky(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Cliquer pour partager sur X(ouvre dans une nouvelle fenêtre) La guerre commerciale entre le Canada et les États-Unis a eu un impact rapide sur le secteur de l’alimentation: les épiceries ont apposé des étiquettes en forme de feuille d’érable sur leurs tablettes, ont modifié leur gamme de produits et ont mis de l’avant les produits locaux. Elle a également incité de nombreux Canadiens à modifier leurs habitudes d’achat et, dans certains cas, à renoncer à leurs produits préférés pour soutenir les entreprises nationales. Les données montrent que beaucoup de gens suivent la tendance. Selon NielsenIQ, environ un tiers des répondants à un sondage réalisé en mars boycottaient totalement les produits fabriqués aux États-Unis, peu importe leur disponibilité ou leur prix. Parallèlement, un sondage de Spring Financial a révélé que quatre Canadiens sur cinq fournissent un effort conscient pour acheter davantage de produits fabriqués au Canada. Voici comment les consommateurs réagissent à la guerre commerciale à l’épicerie. Le Canada d’abord Pour plusieurs, ce sont les commentaires de Donald Trump sur l’annexion du Canada qui ont motivé le changement. «La menace des droits de douane était une chose. Les discussions sur le 51e État ont été le principal moteur, puisqu’il s’agit d’une menace existentielle pour le Canada», a déclaré Tova Larsen, une résidente d’Ottawa. Elle est également préoccupée par la sécurité alimentaire, soulignant les coupes budgétaires à la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis, qui supervise la sécurité des aliments et d’autres produits. «Le Canada, qui était un cousin des États-Unis, est devenu un ennemi et une cible des États-Unis. Si j’avais dû choisir entre une pomme de l’État de Washington et une pomme de la Nouvelle-Zélande, j’aurais toujours choisi la pomme de l’État de Washington, car c’est plus proche, et donc meilleur pour l’environnement. Maintenant, je ne fais plus ça», a affirmé Alex Burton, un habitant de Vancouver. De son côté, la Torontoise Irene Carroll a été marquée par la lecture d’articles sur les répercussions économiques potentielles de l’achat de produits canadiens. «Avant, je regardais simplement ce qui était en solde, je ne prêtais pas vraiment attention à la provenance du produit. Mais dès l’arrivée des droits de douane, j’ai pris cela beaucoup plus au sérieux», a-t-elle indiqué, ajoutant qu’elle a ainsi découvert de nouveaux produits préférés. Bien que certains articles soient plus chers, le montréalais Jean-François Denault a trouvé, grâce à ses recherches en ligne, des alternatives intéressantes et abordables, en plus de dénicher quelques perles rares. Il a remarqué que son épicier local a remplacé certains produits fabriqués aux États-Unis par des solutions de rechange locales ou internationales, ce qui l’a aidé à faire le virage. Fini les voyages transfrontaliers Pour certains, acheter des produits canadiens signifie renoncer aux achats transfrontaliers. Stephen Liard a déménagé à Niagara Falls à sa retraite, en partie en raison de la proximité de la frontière. Il s’y rendait souvent en voiture pour obtenir un meilleur prix sur l’essence, faire livrer des colis aux États-Unis ou acheter des épices et d’autres produits qu’il ne trouvait pas au Canada. Il ne traverse cependant plus la frontière pour faire ses courses depuis les commentaires de Donald Trump sur le 51e État. «Y a-t-il des choses qui me manquent? Bien sûr. Mais on se retourne et on se dit: je vais simplement prendre position par principe.» Tracer la ligne De nombreux consommateurs affirment ne pas avoir d’objection à acheter des produits fabriqués au Canada par des entreprises américaines, car ils estiment qu’ils soutiennent les emplois canadiens et l’économie nationale. «Je ne veux pas faire perdre d’emplois à qui que ce soit. Une bonne partie est encore fabriquée au Canada», a soutenu Mme Carroll. «Si un Canadien est employé, je l’achète», a renchéri Donna Jenkins, qui a quitté les États-Unis il y a 27 ans pour venir s’établir au Canada. Maintenant que les consommateurs accordent plus d’attention aux étiquettes, certains trouvent la diversité des formulations déroutante. Les mentions «Produit du Canada» et «Fabriqué au Canada» doivent respecter des directives précises de l’Agence canadienne d’inspection des aliments, mais d’autres mentions, comme «Fièrement canadien» ou «Emballé au Canada», laissent certains consommateurs perplexes. M. Denault a constaté que les étiquettes sont «confuses» et qu’il «manque de normalisation». Élargir son budget Certains consommateurs ont déclaré que le boycottage des produits américains a entraîné une facture d’épicerie plus élevée, comme la nourriture que Mme Larsen achète pour son chat. «Mon chat aime son nouveau régime alimentaire, mais c’est facilement 25 à 30% plus cher de choisir l’option canadienne», a-t-elle avancé. M. Burton a lui aussi remarqué une différence à la caisse. «Chaque fois que je passe à la caisse, je paie plus cher, mais franchement, ça ne me pose aucun problème», a-t-il déclaré. M. Liard partage cet avis. «Ça me coûte peut-être quelques dollars de plus, mais je ne suis plus prêt à soutenir les entreprises américaines au détriment des entreprises canadiennes», a-t-il indiqué. Ensemble dans la même situation M. Burton croit que la politique commerciale de Donald Trump entraînera des répercussions à long terme. «Cela restera gravé dans la mémoire collective de toute une génération et influencera nos comportements», a-t-il prédit. Cette tendance a également créé un sentiment de solidarité et de camaraderie entre les consommateurs, pas seulement entre familles et amis. «De parfaits inconnus qui font la queue à la caisse du supermarché en parlent. Dans le rayon des fruits et légumes, les gens examinent attentivement les étiquettes, puis disent à un inconnu: « Oh, ça vient du Guatemala, achetez ça », ou bien « Ça vient des États-Unis, n’y touchez pas ». Les gens adoptent une approche coopérative et communautaire», a déclaré M. Liard.