Meurtre dans une mosquée du Gard : " islamophobe " ou " antimusulman ", les politiques divisés sur les termes

Si les députés insoumis n’hésitent pas à parler « d’islamophobie », du côté du PS, Olivier Faure emploie lui le terme de « racisme » visant les musulmans. POLITIQUE - « La piste d’un acte antimusulman n’est pas du tout négligée, bien au contraire ». En déplacement dans le Gard plus de 48 heures après l’assassinat d’un jeune homme dans une mosquée près d’Alès, Bruno Retailleau a fait le point sur l’enquête. Le ministre de l’Intérieur, qui a redit « la totale solidarité du gouvernement » à la communauté musulmane française, a visiblement fait le choix, comme d’autres élus, de ne pas employer le terme « islamophobie » et de lui préférer celui « d’acte antimusulman ». Emmanuel Macron, peu de temps avant, avait évoqué « un acte de haine en raison de la religion ». Un choix sémantique qui suscite régulièrement débat. Interrogé sur le drame au micro du Grand Jury sur RTL, en fin de matinée, Manuel Valls, évoquant lui « un acte de haine à l’égard de l’islam », a précisé : « Je ne parle jamais d’islamophobie (...) ce terme a été inventé il y a plus de 30 ans par les mollahs iraniens pour clouer au pilori certaines critiques ». Relancé pour savoir si le Premier ministre François Bayrou, qui a lui parlé « d’ignominie islamophobe », n’aurait pas dû utiliser ce terme, le ministre des Outre-Mer s’est montré catégorique : « C’est un terme qu’il ne faut pas employer ». À gauche, Marine Tondelier (Écologistes) n’a pas hésité à parler de « banalisation de l’islamophobie », tout comme les députés insoumis, relayant au passage l’appel à un rassemblement « contre l’islamophobie » place de la République, à Paris, ce dimanche à 18h. Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS, a lui plutôt évoqué un « acte raciste » dans un contexte de « discours qui désignent l’étranger, l’immigré, le musulman comme l’ennemi » et qui « arment le bras des racistes et légitiment leur passage à l’acte ». Le visuel diffusé par le Parti socialiste pour appeler au rassemblement parisien mentionne d’ailleurs un « hommage à Aboubakar », le jeune homme assassiné, et ajoute : « non à la haine contre les musulmans non au racisme ». Dans une tribune publiée dans Le Monde en décembre 2022 à l’occasion de la Journée de la laïcité, Olivier Faure ainsi que Corinne Narassiguin et Jérôme Guedj avaient justifié du refus du PS d’utiliser le terme « islamophobie » dans un argumentaire ressemblant à celui de Manuel Valls : « Il a été promu par ceux qui utilisent la réalité du racisme et de la haine antimusulmans pour dénoncer toute critique de l’islam, pour qualifier les lois laïques de liberticides, et donc pour combattre la liberté de conscience, d’expression et même religieuse ». Des choix sémantiques critiqués ce dimanche par plusieurs élus LFI. Agacé, le député insoumis de Seine-Saint-Denis Aly Diouara a accusé « les responsables politiques notamment à gauche, qui refusent d’utiliser le terme “islamophobie” de faire partie du problème de ce racisme ». Lequel adressant par ailleurs une critique directe à François Ruffin, celui-ci ayant lui choisi d’évoquer un « acte antimusulman ». Dans un long papier factuel publié en 2018, l’AFP revenait en longueur sur l’origine du terme « islamophobie » et ses dérivés, réfutant son éventuelle invention par l’ayatollah iranien Rouhollah Khomeyni et les mollahs. Dans cette enquête, plusieurs historiens et sociologues datent en réalité l’apparition du terme à 1910, bien avant les mollahs donc. « Il n’existe pas de réel équivalent à “islamophobie” en persan et en arabe, ce genre de néologisme étant très rare dans les deux langues », expliquaient les sociologues Marwan Mohammed et Abdellali Hajjat. Même si, comme le soulignait l’historien Vincent Geisser, « après la révolution islamique de 1979, le régime iranien a joué (...) de cette thématique de l’islamophobie, comme un outil de propagande ». Du côté de l’enquête dans le Gard, le procureur de la République d’Alès, Abdelkrim Grini, a précisé pour sa part que « la piste d’un acte antimusulman est privilégiée » : « [c’est celle] sur laquelle on travaille en priorité et en premier (...) mais ce n’est pas la seule ». Et d’ajouter : « certains éléments pourraient laisser penser que ce mobile n’était peut-être pas le mobile premier (...) ou le seul mobile ». À voir également sur Le HuffPost : La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. 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