Des survivants de l’Holocauste ont exhorté, dimanche, l’humanité à ne pas oublier ce qui leur est arrivé, alors que l’Allemagne célèbre le 80e anniversaire de la libération du camp de concentration nazi de Bergen-Belsen. « Mon message pour l’avenir est que chacun d’entre nous doit être vigilant et actif dans le combat contre la haine », a déclaré Mala Tribich, 94 ans, née en Pologne et envoyée à Bergen-Belsen quand elle était une enfant. « Cela inclut l’antisémitisme et le racisme envers tout groupe de personnes. » Plus de 50 anciens prisonniers du camp ont rejoint des politiciens allemands et la vice-Première ministre britannique, Angela Rayner, pour une cérémonie dans l’État de Basse-Saxe (nord-ouest). Quand les armées occidentales sont arrivées à Bergen-Belsen, le 15 avril 1945, elles ont trouvé des prisonniers très malades et 10 000 cadavres non enterrés. Plus de 50 000 personnes sont mortes dans le camp de Bergen-Belsen, dont la jeune écrivaine Anne Frank , qui avait écrit un journal (publié par la suite sous le titre « Le journal d’Anne Frank ») devenu un symbole des souffrances infligées par les nazis pendant la Seconde guerre mondiale. À lire sur le sujet Déportation. Yves Léon se souvient de l'horreur Les victimes étaient des juifs, des Tsiganes, des prisonniers de guerre, des homosexuels et des opposants politiques. Mala Tribich a raconté comment, lorsqu’elle est arrivée au camp, « la scène qui nous attendait dépassait toute description ». « Il y avait beaucoup de gens qui ressemblaient à des squelettes, se déplaçant comme des zombies. Puis ils tombaient et restaient juste où ils étaient, avec d’autres personnes qui leur tombaient dessus », a-t-elle narré. Révisionnisme « dangereux » L’inquiétude monte en Allemagne concernant la préservation de la mémoire de l’Holocauste, alors que le parti d’extrême droite AfD, arrivé deuxième aux élections législatives, en février, ne cesse de gagner en popularité. Certains leaders de l’AfD ont critiqué la tradition mémorielle de l’Allemagne, soutenus par le milliardaire américain Elon Musk pendant la campagne électorale. Stephan Weil, ministre-président de Basse-Saxe, a affirmé dimanche que l’Allemagne ne devait « pas oublier ou répéter le chapitre le plus sombre de son histoire et les crimes qui y étaient associés ». À lire sur le sujet Isaac Herzog, président d’Israël sur les traces de son père à Bergen-Belsen « Nous devons vigoureusement nous opposer à toute tentative de relativiser ou réécrire l’histoire », a-t-il ajouté. Angela Rayner a souligné que « de plus en plus de gens dénaturent l’Holocauste », qualifiant ce révisionnisme historique de « non seulement ignorant, mais dangereux ». « C’est notre devoir collectif de nous opposer à eux frontalement et leur montrer que ce qui s’est passé ici et ailleurs ne doit jamais être oublié », a-t-elle estimé. L’Allemagne a organisé plusieurs cérémonies, cette année, pour marquer le 80e anniversaire de la libération des camps nazis et d’autres événements majeurs survenus à la fin de la Seconde guerre mondiale.