Le chef libéral Mark Carney a lancé un dernier appel aux électeurs, dans le sprint final de sa campagne. Pour faire face au président américain, Donald Trump, et à sa guerre commerciale, il invite tous les Canadiens à mettre de côté la partisanerie pour l’élire à la tête d’un « gouvernement fort ». « Je demande votre vote, peu importe le parti pour qui vous avez voté par le passé. Je demande votre vote pour qu’on puisse se tenir debout devant Donald Trump », a-t-il répété d’un bout à l’autre du pays, au cours des derniers jours, devant des foules enthousiastes brandissant des pancartes « Jamais le 51e État » et « Un Canada fort ». Dans un rassemblement à Saskatoon, dimanche après-midi, le chef libéral a à nouveau invité les électeurs à lui « accorder [leur] confiance » pour s’attaquer à la crise commerciale et diplomatique avec la Maison-Blanche. « Les Américains veulent nos ressources, ils veulent notre eau et ils veulent notre pays. Ça n’arrivera jamais », a-t-il martelé devant une centaine de partisans. « J’ai une faveur à vous demander. Ce pays m’a tout donné, et je suis prêt à donner en retour. Mais, pour cela, j’ai besoin de votre vote. » « C’est déjà fait ! » lui a fièrement lancé une militante dans la salle. Rassemblée dans un marché local, la foule attendait patiemment depuis plusieurs heures l’arrivée du chef, dont l’horaire a été bouleversé par l’attaque à la voiture-bélier survenue à Vancouver au cours de la nuit. La tragédie a assombri la dernière journée de campagne, entraînant l’annulation de deux grands rassemblements à Calgary, en Alberta, et à Richmond, en Colombie-Britannique. Mark Carney n’a toutefois pas renoncé à sa tournée éclair dans l’Ouest canadien, maintenant des arrêts stratégiques à Saskatoon, à Edmonton et à Vancouver, où des luttes serrées sont prévues dans plusieurs circonscriptions. Jusqu’à la toute fin, l’équipe libérale aura concentré ses efforts là où elle espère ravir des sièges aux conservateurs et aux néodémocrates. À moins de 48 heures du vote, la caravane libérale s’est également promenée dans la grande région de Toronto, un champ de bataille essentiel pour décrocher une majorité. Tout au long de sa campagne, Mark Carney a toutefois pris soin d’éviter les mots « gouvernement majoritaire », et a plutôt insisté sur l’importance d’un « gouvernement fort » pour tenir tête au président américain. Miser sur l’expérience Bien que la guerre commerciale ait été au centre des discours de Mark Carney, plusieurs de ses attaques ont aussi visé son adversaire, le chef conservateur, Pierre Poilievre. Le chef libéral l’a décrit à répétition comme un « politicien de carrière » qui « ne connaît rien » à la gestion de crise. La gestion de la guerre commerciale s’est imposée comme un thème central dans les rassemblements libéraux. Partout où le chef libéral s’est arrêté, les partisans ont exprimé leurs inquiétudes face aux tarifs douaniers et aux ambitions expansionnistes du président américain. Dimanche après-midi, à Saskatoon, on entendait encore des « Elbows Up ! » (littéralement « Coudes levés ») pendant le discours du chef. Samedi, la caravane libérale a également fait un détour dans la ville de Windsor, l’une des villes les plus vulnérables aux droits de douane américains. Le chef s’y était aussi arrêté au tout début de sa campagne. Là aussi, les citoyens disaient accorder une grande importance à l’expérience économique du chef libéral, qui a notamment été gouverneur de la Banque du Canada (2008-2013) et de la Banque d’Angleterre (2013-2020). « C’est incroyable ce qu’il a réussi à faire dans sa première semaine comme premier ministre. Il ne dit pas que des paroles en l’air, il est capable d’expliquer comment il va gérer la crise », a dit Leonardo Gil, qui assistait au rassemblement libéral samedi soir, à Windsor. Sa conjointe, Sarah, estimait elle aussi que Mark Carney est le plus qualifié de tous les chefs, dans le contexte « très inquiétant » pour les travailleurs de l’automobile de la région. « C’est un homme vraiment intelligent », affirmait aussi Dan Bardin, un partisan rencontré à Winnipeg, qui n’avait que du bon à dire sur son livre Value(s), publié en 2021. Les Canadiens se rendront aux urnes ce lundi pour élire le prochain gouvernement à Ottawa, alors que le président Trump continue de brandir la menace de nouveaux droits de douane… et de répéter son intention de faire du Canada le 51e État américain.