Coupe du roi : Cette fois, le jeu médiatique du Real Madrid a franchi les barrières de la décence
Le Real Madrid n’a jamais aussi bien honoré son surnom, la maison blanche. Voilà plusieurs mois que sa communication ridicule, tournée vers le rapport de force dès lors que souffle un vent de face, évoque des méthodes trumpistes appliquées au football. Mats Hummels ne s’y était pas trompé en comparant les Merengues au président des Etats-Unis quand ces derniers avaient décidé de boycotter la cérémonie du Ballon d’Or en apprenant que Vinicius était battu par Rodri. « Utiliser les mots "manque de respect" alors qu’on n’a pas gagné une élection, ça a des traits légèrement trumpiens », ironisait alors le défenseur allemand. Ce que l’on ignorait alors, c’est que la chute ne faisait que commencer. Prions pour le football que celle-ci ait pris fin avec la finale de la Coupe du roi, remportée par le FC Barcelone (3-2) dans des conditions rendues irrespirables par l’institution Florentino Pérez, de son préambule – un sujet à charge de la chaîne Real Madrid TV contre l’arbitre du match – à son épilogue – avec le jet de glaçon et la rage d’Antonio Rudiger. Entre les deux, l’homme au sifflet avait témoigné de son ras-le-bol en conférence de presse et fait appel à la compassion en évoquant les mots de son fils, rentré en larmes de l’école parce que ses copains avaient traité son père de voleur. Arbitrage favorable… au Real Plutôt que d’assumer son erreur ou a minima de s’enterrer dans un silence coupable, le Real s’est enfoncé dans la honte en boycottant la conférence de presse et l’entraînement officiel au stade La Cartuja de Séville, en faisant pression sur la fédération pour que celle-ci prenne « les mesures nécessaires pour défendre le prestige des institutions qu’ils représentent » et en menaçant de ne pas disputer la finale. Non seulement le Real s’est présenté sur la pelouse sévillane samedi soir, mais ses méthodes de caïds ont porté leurs fruits au vu de l’arbitrage délivré pendant la finale. L’exemple de Dani Olmo parle pour lui-même : le joueur du Barça aurait pu sortir amputé des deux jambes qu’Aurélien Tchouaméni n’aurait pas pris de carton rouge et, le corps arbitral ayant échoué à le protéger pendant une heure, Hansi Flick a dû se résoudre à le sortir pour ne pas le perdre. Une « monstruosité médiatique organisée par Florentino Pérez » Dans ce bazar, Jude Bellingham a quand même trouvé le moyen de pester contre l’arbitrage dans le tunnel à la mi-temps, et Antonio Rudiger de se laisser aller à une rage scandaleuse dont les conséquences auraient pu s’étendre au-delà du jet de glaçons en direction de l’arbitre s’il n’avait pas été retenu par un membre de son staff. Ses excuses ont le mérite d’exister mais ne changeront rien à l’appréciation de la situation, à savoir que le risque d’une sanction allant jusqu’à 12 matchs de suspension est tout ce qu’il y a de plus mérité. « Le pire dans cette finale a été la monstruosité médiatique orchestrée par Florentino Pérez pour faire pression sur les arbitres », a très justement conclu El Mundo Deportivo. Ce fléau doit cesser. Il est contagieux. Au mois de février, le club madrilène avait crié à la « manipulation » et la « corruption » après une défaite contre l’Espanyol. Une poignée de semaine plus tard, dans notre championnat, Pablo Longoria s’était laissé tenter par les mêmes méthodes, d’abord en se plaignant de la nomination de Jérémy Stinat au sifflet d’OM-Auxerre, puis en criant à la corruption droit dans l’œil des caméras de DAZN. La voie d’un populisme accusateur, reportant sur les arbitres la responsabilité d'échecs sportifs imputables à des dirigeants qui cherchent à s’en dédouaner, relève d’une bassesse politique dont le football n’a guère besoin. Aussi puissant, historique et essentiel soit-il, le Real Madrid ne peut pas rester impuni. Le monde a déjà bien assez à faire avec une seule maison blanche hors de contrôle.