Toujours plus de scanners, toujours plus d'ultrasons, toujours plus d'IRM: les médecins prescrivent toujours plus d'examens relevant de l'imagerie médicale, en particulier dans les cantons romands. Dans un rapport publié lundi, le Contrôle fédéral des finances appelle les assureurs à exercer davantage de contrôles, afin de freiner les coûts. Les dépenses liées à l'imagerie médicale ont progressé de 5% en moyenne ces dernières années, c'est plus que la hausse de la moyenne des coûts de l'ambulatoire durant la même période. Médecins, TARMED et assureurs pointés du doigt Le Contrôle fédéral des finances pointe plusieurs responsables: les médecins qui prescrivent les examens, le TARMED (le système tarifaire actuel) qui rend l'imagerie médicale particulièrement rémunératrice, mais aussi les assureurs qui contrôleraient insuffisamment les factures en raison de données lacunaires. Le rapport recommande donc davantage de transparence. Emmanuel Songra, superviseur du rapport, explique dans La Matinale que "les assureurs n'ont pas le diagnostic, mais ils pourraient voir quels généralistes envoient plus fréquemment des patients à des scanners". De son côté, Philippe Eggimann, vice-président de la FMH, la faîtière des médecins suisses, reconnaît la hausse du nombre d'examens, mais relativise son impact sur les coûts de la santé. Il fait référence à la France où les patients ont recours au scanner très tard qu'en Suisse dans la prise en charge de leur maladie, augmentant les coûts de la santé à cause des traitements plus coûteux. Pour lui, il est donc "utile d'améliorer la documentation du fonctionnement de notre système de santé". Disparités régionales Le rapport relève également de fortes disparités régionales, avec des cantons romands qui sont les champions des examens d'IRM et de scanners. Même si la plupart ont déjà pris des mesures pour plafonner l'achat d'appareils médicaux, le pilotage est jugé peu satisfaisant par le rapport. "Les instituts de radiologie ont eu tendance à se suréquiper avant le plafonnement", note Emmanuel Songra. "Ils peuvent aussi s'installer à la périphérie des cantons qui ne prévoient pas de clause du besoin. L'offre induit souvent la demande, ajoute-t-il: c'est dans les cantons où les primes sont les plus élevées que l'offre est la plus grande". TARDOC en 2026 Pour le Contrôle fédéral des finances, la bonne nouvelle c'est le remplacement du Tarmed par le TARDOC dès 2026. Avec ce nouveau système tarifaire, le coût de l'imagerie médicale doit sensiblement diminuer. >> Pour en savoir plus, lire : Jugé obsolète, le système tarifaire Tarmed sera remplacé dès 2026 Le rapport recommande toutefois à la Confédération de s'assurer que ce changement ne conduira pas à une explosion du nombre d'examens chez les spécialistes pour compenser un éventuel manque à gagner. Céline Fontannaz /juma